Centre d'études LIECOM2022-10-20T12:11:07+01:00André Medouniurn:md5:5820f2b87612de54d72192da07c25eacDotclearCours de Logique initiationurn:md5:d60cfd1a879543307bb5263d92c4f48e2022-10-20T13:33:00+01:002022-10-20T13:33:00+01:00André Médouni<p>La logique dans la théorie de la connaissance s’inscrit dans le parcours d’une histoire raisonnée de la science. Historiquement, elle se constitue à l’aube de la philosophie grecque et prend un caractère formel chez Aristote au IVème siècle av. J.C. Distinguée du raisonnement, au sens d’une logique de la pensée, elle est d’abord un outil par lequel on pose des jugements. Elle ne peut, d’emblée, se situer dans le champ de la science. Elle sera d’abord perçue comme le moyen de rendre compte de l’univers et de ses objets par la pensée. C’est l’idée même d’une « machine à penser » expose par R. Lulle au XIIIème siècle. Comprendre la pensée, c’est comprendre le raisonnement. Dès lors, la connaissance scientifique au XVIIème siècle relève, soit d’une logique à la manière de Descartes (1596-1650), soit d’une logique à la manière de Leibnitz (…..), la logique s’élabore comme science quant s’y instaurent des règles de calcul : fondement de la logique symbolique, encore appelée logistique. S’est instauré depuis un débat profond entre philosophes, mathématiciens et logiciens, mettant en cause toute la théorie de la connaissance.</p> <p>LA LOGIQUE</p>
<p>La logique dans la théorie de la connaissance s’inscrit dans le parcours d’une histoire raisonnée de la science. Historiquement, elle se constitue à l’aube de la philosophie grecque et prend un caractère formel chez Aristote au IVème siècle av. J.C. Distinguée du raisonnement, au sens d’une logique de la pensée, elle est d’abord un outil par lequel on pose des jugements. Elle ne peut, d’emblée, se situer dans le champ de la science. Elle sera d’abord perçue comme le moyen de rendre compte de l’univers et de ses objets par la pensée. C’est l’idée même d’une « machine à penser » expose par R. Lulle au XIIIème siècle. Comprendre la pensée, c’est comprendre le raisonnement. Dès lors, la connaissance scientifique au XVIIème siècle relève, soit d’une logique à la manière de Descartes (1596-1650), soit d’une logique à la manière de Leibnitz (…..), la logique s’élabore comme science quant s’y instaurent des règles de calcul : fondement de la logique symbolique, encore appelée logistique. S’est instauré depuis un débat profond entre philosophes, mathématiciens et logiciens, mettant en cause toute la théorie de la connaissance.</p>
<p>1 – LA LOGIQUE CLASSIQUE</p>
<p>Le terme logo, en grec, peut signifier à la fois, le discours, le langage, mais aussi la raison (proportion-mesure). Il peut aussi bien renvoyer aux formes du discours qu’aux constructions de la pensée. La logique chez les Grecs, en tant que discipline, se présente comme une des formes du jugement (ou proposition). Elle vise à établir des règles et à étudier les relations du discours. Celles-ci peuvent représenter soit un rapport entre des choses, soit un rapport entre deux rapports de choses. Il s’agit alors de l’énoncé d’une proportion qu’il ne faut pas entendre dans un sens numérique mais comme un rapport proprement logique : A/B = C/D se lit au sens des éléments d’Euclide : A est à B ce que C est à D. Raisonner consiste à établir des relations. On distinguera la nature des relations et l’objet des relations. Si l’on a deux propositions A et B, dire que A entraîne B nous amène autant à réfléchir sur la relation entre A et B, que sur la forme de cette relation indépendamment de A et de B. La logique s’intéresse non pas à la vérité de la pensée mais aux conditions de vérité (validité) du raisonnement. D’une manière générale, la logique est l’étude des lois qui régissent le raisonnement d’après une méthode qui tente de le décrire selon les règles déterminées.</p>
<p>A- La logique : un art du raisonnement :</p>
<p>La logique n’est pas d’emblée à situer dans le champ de la science. Elle a d’abord été pensée comme un art du raisonnement.
On distingue dans la logique classique, la logique des propositions et la logique des prédicats (de premier ordre et second ordre). Il y aurait en quelque sorte une logique « élémentaire » et une logique « supérieure ». « On pourrait dire que la logique des propositions est la théorie la plus générale que l’on puisse concevoir : celle d’un univers dont les éléments tenus provisoirement pour ultimes parce que non analysées, sont des faits indiqués par des propositions. La logique des prédicats serait alors la théorie plus complexe d’un univers caractérisé par l’existence d’objets (désignés par des termes), supports de propriétés et de relations (signifiées par des prédicats) (Ruyer). La logique des prédicats est une extension de la logique des propositions. Elle introduit de nouveaux éléments dans l’écriture des relations (symboles et quantificateurs) mais les règles en sont les mêmes. Par son essence, dès l’origine, la logique vise donc à rendre compte des conditions mêmes de l’existence des objets pour la pensée.</p>
<p>a)- Les origines :
Il s’agit ici de rappeler les éléments fondamentaux qui constituent les règles et les principes de la logique. Ces règles et ces principes seront autant de principes de raisonnement que des critères philosophiques de l’usage de la raison. C’est notamment l’usage qu’en fera Kant dans la « Critique de la raison pure » pour construire la déduction des catégories de l’entendement.
C’est dans cet esprit que la logique moderne, par rapport à la logique classique, qui étudiait le langage, établira non plus des rapports construits à l’image des règles d’une grammaire entre les objets mais des ensembles de relations entre des propositions.
A l’origine, la logique classique se divise en une logique des prédicats et la logique des propositions. La première est représentée par la tradition aristotélicienne et se déploie selon des règles et des lois dont la théorie a été donnée par Aristote (384-322), d’une part dans les « premiers analytiques » où il expose la théorie du syllogisme et, d’autre part, dans les « seconds analytiques » où il élabore la théorie de la démonstration. La seconde est représentée par la logique stoïcienne, fondée par Zénon de Citium (336-265) et Chrysippe (277-204), qui reprenant la théorie du syllogisme d’Aristote en dégagent une structure du raisonnement.</p>
<p>b- Les principes :
La logique énonce les principes de construction des règles du raisonnement (règles d’inférence ou de déduction) ; ils sont au nombre de trois :</p>
<p>1 – Principe d’identité :
« Ce qui est, est ». Ce premier principe est important car plus large qu’il n’y paraît dans l’histoire de la logique. On peut en étendre la réflexion à des expressions comme A = A. Une proposition du type A = A est toujours vraie quelque soit A : c’est une tautologie.</p>
<p>2 – Principe de non-contradiction : « deux propositions contradictoires (p et non p) ne peuvent être simultanément vraies »</p>
<p>3 – Principe du tiers exclu : « de deux propositions contradictoires, si l’une est vraie, l’autre est fausse ».</p>
<p>Sur ces principes fondamentaux, la logique se construit et fonde l’art du raisonnement dont l’une des constructions des plus élaborées se trouve dans la théorie du syllogisme d’Aristote. Quels sont les éléments de la logique d’Aristote ?</p>
<p>c – Le raisonnement chez Aristote :
Aristote distingue le raisonnement de la démonstration, en effet, dans les premiers analytiques il établit : « que si le syllogisme est une sorte de démonstration, tout syllogisme n’est pas une démonstration ». La démonstration, pour sa part, se fait à partir de principes universels selon une induction de cas particuliers. On ne peut dès lors confondre le raisonnement et la démonstration.</p>
<p>d – La théorie aristotélicienne du syllogisme :
Le syllogisme est un raisonnement qui porte sur des propositions constituées par des termes (sujets et prédicats), et par la copule « être » qui met ces termes en relations. Une proposition du type : « Les hommes sont mortels », qui est considérée comme un jugement, est composée d’un sujet (les hommes), d’un prédicat (mortels) et d’une copule (sont). Un syllogisme est composé de trois propositions (deux prémisses et une conclusion) ainsi construite : « tous les animaux sont mortels ». Il y a deux prémisses formant la majeure, la mineure et leur conclusion. La définition du syllogisme selon Aristote est donc la suivante : « un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données ».
Parmi tous les syllogismes, Aristote distingue les concluants (respectant les règles de la démonstration), de ceux qui ne le sont pas, les sophismes. Le sophistique, chez les Grecs (Vème s. avant J.C.) représenta un courant de pensée des sophistes dont Platon, par l’intermédiaire de Socrate, réfuta les thèses dans certains de ses dialogues (Protagoras et Gorgias). A l’art du raisonnement trompeur sophistique, où l’homme de Protagoras « est mesure de toute chose », Platon opposait l’idée d’une vérité universelle dont Aristote se fera l’écho dans sa théorie du syllogisme.</p>
<p>B – LA LOGIQUE SCOLASTIQUE
– La Logique médiévale : une nouvelle réflexion sur la logique
La logique scolastique au XIIIème siècle introduit une nouvelle construction appelée « la logique moderne ». On constate alors que toute proposition du type « les hommes sont mortels » contient une implication (homme implique homme mortel). L’analyse de ces relations internes au contenu des propositions s’appellent : la théorie des conséquences. Une « conséquence » : est une proposition composée d’un « antécédent » et d’un « conséquent » liés par une « implication ».
Les termes contenus dans les propositions supposent donc, selon
G. d’Ockham, une réflexion sur le sens des noms et des concepts : « un mot tient lieu conventionnellement de la chose qu’il signifie ». Les conséquences se fondent sur une connaissance intuitive, laissant entendre qu’une chose est inhérente à une autre. Dès lors, si l’on dit « Socrate est réellement blanc », la blancheur et Socrate sont des connaissances intuitives et la relation « Socrate est blanc » est inhérente à la blancheur de Socrate. Elle est par conséquent considérée comme universelle.
De la logique scolastique émerge l’idée d’un fondement logique de la connaissance universelle, c’est une didactique : elle sert à apprendre à apprendre. On établit avec la logique scolastique que les propositions sont complexes et possèdent un contenu, qui peut lui-même se définir en termes de proposition. C’est tout l’art du raisonnement qui est en cause pour définir une approche universelle du système de la connaissance au regard de celui de la raison.</p>
<p>2 – LA LOGIQUE MODERNE :</p>
<p>Le projet aristotélicien de l’étude formelle du raisonnement accomplit avec la logique moderne un pas décisif. Celle-ci se propose, d’une part d’établir un langage (symbolique) qui par son universalité doit rendre compte de la nature même de toutes propositions et, d’autre part, de s’édifier sur ce langage selon des règles qui doivent être elles-mêmes clairement définies (formalisme). C’est toute l’essence d’un système formel qui est contenu dans ce projet dont le premier moment est dans l’idée d’une « langue universelle des calculs ».</p>
<p>A – La logique ou l’art de penser :
Le nominalisme et la scolastique médiévale avaient amené à distinguer les propositions et le contenu des propositions dans la théorie des conséquences. Ce fut la première recherche sur un « art de penser » construit à partir d’une logique des relations dans les propositions. Cette construction de la logique ouvrait une nouvelle approche de la connaissance : toute connaissance devrait pouvoir s’écrire en un système logique de propositions, selon un projet que l’on trouve déjà en œuvre chez R. Lulle (1235-1315). Ce projet médiéval fut repris dans un premier temps par « la Logique de Port Royal » au XVIIème siècle, connue sous le nom de « logique d’Arnault et Nicole». Celle-ci constitue un traité de « l’art de penser » dans lequel, reprenant la théorie du syllogisme d’Aristote, on tente de décrire les raisonnements qui figurent dans les thèses et les propositions constituant les différentes sciences de l’époque. Cette logique, encore en prise avec une théorie de la connaissance et du langage, interroge la possibilité d’un contenu universel des propositions qui donnerait le sens profond et unifié de l’ensemble des connaissances, selon le rapport entre les mots et les choses.</p>
<p>Leibnitz : un projet de langue Universelle
C’est à Leibnitz que l’on doit le glissement du projet vers une symbolique de l’expression. Il reprend en effet, d’une part le projet d’une combinatoire universelle (logique des relations) mais aussi celui d’un langage des calculs. On doit pouvoir écrire des propositions uniquement avec des symboles, comme l’on peut décrire la vitesse d’un corps selon un rapport de type purement mathématique. En ce sens, Leibnitz (1646-1716) est le premier à introduire l’équivalence entre les écritures suivantes : A+B correspond à A ou B, AxB correspond à A et B, les premiers connecteurs logiques sont alors établis et l’on entre dans la logique symbolique de la logique moderne.</p>
<p>B – La Logique symbolique
La logique moderne consiste à établir des relations formelles entre des objets pensés et leur expression logique : elle utilise la logique pour réfléchir la logique ouvrant par là même le champ d’une recherche autonome, dès lors elle devra aliéner par ses propres méthodes des concepts de la philosophie ou des mathématiques : c’est tout le sens de la métalogique, laquelle suppose par extension le recours à une théorie (métathéorie) et à un langage (métalangage). La logique moderne, se divise, elle devient plurielle, se divise en logique des propositions, logique des classes et logique des relations. Celles-ci supposent, pour spécifier leurs objets, un langage symbolique et un formalisme. Le langage symbolique est établi dans sa forme par Euler (1707-1783), Bolzano (1781-1854) et G. Boole (1815-1864). Ce dernier introduit la notion de classes afin de fonder un rapport formel entre les objets et la pensée, une classe correspondant à une collection d’objets : c’est un calcul sur des signes algébriques qui symbolise les classes et les opérations sur des classes. La logique des classes fut reprise par C.S. Pierce (1839-1914) et E. Schröder (1841-1902)</p>
<p>- Le sens d’un projet :
Décrire un objet selon la logique, en terme symbolique, devait-il permettre d’expliquer formellement au sens de la raison, à la fois l’existence et la nature de l’objet ? Si c’était le cas, alors la logique permettrait de démontrer l’essence même des mathématiques, voire de tout raisonnement. C’est une adresse ouverte par les logiciens au champ des mathématiques et de la philosophie. La logique s’enrichira
d’un nouveau débat lorsqu’il s’agira de avec G. Frege (1848-1925) d’introduire sous sa forme syllogistique le calcul des propositions et de poser le rapport entre l’axiomatique (déduction formelle à partir d’axiomes considérés comme vrais) et la sémantique (étude de la signification des propositions). Il tentera d’établir le rapport entre l’arithmétique et la logique pour construire les fondements logiques de l’arithmétique. Ce problème trouvera sa solution chez K. Gödel (1906-1978) grâce à son arithmétisation de la syntaxe, mais par là même sera engendré une ligne de fracture entre deux courants, l’un dit axiomatique, l’autre dit intuitionniste.</p>
<p>3 – LOGIQUE ET MATHEMATIQUES</p>
<p>Avec les travaux de G. Frege (1848-1925), c’est le fondement logique de l’arithmétique et des mathématiques en général qui est questionné. C’est aussi le sens d’une rupture épistémologique lorsqu’il introduit sous sa forme logistique le calcul des propositions et pose la question du rapport entre l’axiomatique et la sémantique. De là naîtront un certain nombre de paradoxes et plusieurs courants de pensées.
A l’origine se trouve Bertrand Russell (1872-1970) :
«Principia Mathématica » (1910-1913) qui établit que les mathématiques doivent considérés comme une branche de la logique : le logisisme et le formalisme peuvent être ramenés à un nombre minimum d’axiomes et de termes. C’est à lui que l’on doit la théorie des types. Cette axiomatisation trouve son développement avec E. Zermelo (1871-1953) dont l’histoire a retenu l’axiome du choix dit le « le choix de Zermelo » (affirmant qu’étant donné un ensemble d’ensembles il existe un ensemble) ayant pour élément un représenté par Brouver et Heyting qui remettent en question le tiers exclus et proposent un système à plusieurs valeurs de vérités.</p>
<p>1 – LA NATURE DU CALCUL</p>
<p>- Principe du calcul propositionnel
Le calcul des propositions au sens moderne, sera l’art d’établir des relations entre des expressions indépendamment de leur contenu et selon un système d’axiomes qui permettra de décider de leur validité. Les notions établies précédemment de classe, de relation et de proposition deviennent des cas particuliers de la notion de prédicat. Que devient alors un calcul logique ? Dans ce débat, le calcul logique est ramené à un calcul algébrique voire arithmétique selon K. Gödel (1906-1978), sur les objets pensés ou sur les mathématiques (métamathématiques) : c’est tout l’enjeu du débat entre mathématiques et logique. Ainsi la notion de métalangage est introduite par Hilbert (1862-1943) pour parler d’un langage « qui parle des mathématiques sans en être ». La métalogique donne à la logique un instrument d’analyse d’elle-même et lui permet d’accéder à la rigueur mathématique. Les propositions sont construites indépendamment de leur contenu selon le calcul formel.</p>
<p>- Le sens des règles entre philosophie et mathématiques :
Les règles d’écriture des propositions correspondent à la formulation des expressions et règles d’inférences tout en permettant la transformation des expressions au cours d’une démonstration. On se forge un outil logique permettant d’écrire un raisonnement, d’expliquer ses transformations et de distinguer deux caractères essentiels dans la conduite de ce raisonnement, sa vérité et sa démontrabilité (validité). La vérité n’étant plus une garantie logique, seule la démonstration qui pourrait se démontrer elle-même par ses fondements serait la garantie formelle de l’unité d’une théorie ou d’une pensée, fût-elle d’ordre philosophique ou mathématique. Tel semble bien être le sens d’un système axiomatique.</p>
<p>- Qu’est ce qu’un système axiomatique ?
L’axiomatique consiste à établir un certain nombre de propositions pour fonder une théorie. Ces axiomes doivent être consistants « l’on ne peut y démontrer en même temps une chose et son contraire », complets « si et seulement si, quelle que soit la proposition, l’on est toujours en mesure de décider si elle est vraie ou fausse », indépendants « non déductibles les uns des autres ».</p>
<p>II – VALIDITE ET VERITE</p>
<p>- Validité : le théorème de Gödel
On peut, à partir des axiomes et des règles d’inférences construire des démonstrations dont la valeur de vérité est indépendante du calcul formel : la validité d’une proposition résidera en sa démontrabilité et son caractère de vérité sera ainsi nécessairement établi. L’essence même de la vérité glisse en quelque sorte dans l’explicite de la démontrabilité et n’est plus une affirmation extérieures ou implicite à la nature du raisonnement. Les travaux de K. Gödel en 1931 ont amené philosophes et mathématiciens à réfléchir ces notions notamment, lorsqu’il établit un nouveau résultat en exhibant une proposition vraie mais non démontrable. Tout un courant se développe alors pour réfléchir la dualité : validité et vérité.</p>
<p>- Science et vérité :
Partant du fait qu’il n’y a pas de progrès scientifique si l’on admet pas que toute théorie est provisoire, comment peut-on avoir recours à l’idée d’une vérité absolue de la théorie dès lors qu’elle est provisoire ? Il nous faut introduire l’idée, selon K. Popper, qu’il y aurait des degrés de proximité à la vérité sans connaître la vérité absolue. Selon lui, une théorie serait plus proche de la vérité qu’une autre, d’une part, elle montrerait tous les phénomènes inexpliqués par la précédente et d’autre part, elle rendrait compte de ceux-ci selon différents degrés de vérité. Cette vérité se nomme la vérisimilitude.</p>
<p>- Vérisimilitude :
Une théorie présente une vérisimilitude supérieure à une autre, quand elle rend compte de la totalité des phénomènes expliquée par l’autre théorie et que de surcroît explique les phénomènes que l’autre théorie ne parvient pas à faire.
D’une manière générale, le faux ne peut-être pensé comme le contraire du vrai. Il renvoie, dans la théorie de la logique, soit à l’essence même de la fonction de vérité distinguée de la validité, soit dans l’essence même du faux dans la science, c’est l’une des conditions de sa progression au sens d’une erreur rectifiée.
Réfutabilité et falsifiabilité ne peuvent être confondues chez K. Popper dans l’approche critique des théories. C’est toute la difficulté de l’interprétation du raisonnement moderne comme celui du probabilisme lié à la question du déterminisme dans la physique quantique.</p>
<p>DES AXIOMES AUX PARADOXES
- Différents systèmes :
On trouvera différents choix d’axiomes mettant en cause autant les principes fondamentaux de la logique, notamment celui du tiers exclu, que ceux de critères comme celui de la valeur de vérité par la mise en évidence de propositions ni vraies, ni fausses, Heying établit, en ce sens, une logique à partir des travaux mathématiques de Brouwer, lesquels supposent la recherche mathématique ouverte à de nouveaux concepts (intuitionnisme) et s’opposent à l’idéalisme platonicien pour lequel les mathématiques sont la reconstitution d’une connaissance déjà acquise (réminiscence), alors que les logiques dites modales vont introduire un nouveau type de calcul à partir de nouveaux opérateurs. On passera d’une logique bivalente (deux valeurs) à des logiques plurivalentes (n valeurs). Dans ces logiques, l’on peut avoir une proposition nécessairement vraie, une proposition nécessairement fausse et une proposition « ni vraie, ni fausse ». Lukasiewicz généralisera ce principe en introduisant n valeurs entre 0 et 1.</p>
<p>- Les limites du formalisme
La méthode axiomatique issue des travaux de Hilbert sur les fondements de la géométrie d’ Euclide donne un système d’axiomes complet à cette géométrie et permet de formuler le problème de la non contradiction des mathématiques : « l’axiomatique permet d’embrasser d’un seul coup toute une théorie ». Par cette application et ces résultats, « comprendre une théorie sera considérer ses principes puisqu’ils sont entièrement définis ». Ce que Hilbert établit pour la géométrie de Péano (1858-1932) le fait pour l’arithmétique. Ainsi un rapprochement pouvait être entrepris entre le formalisme logique et l’axiomatique mathématique : pourrait-on rendre compte de l’existence d’un objet par lui-même ? Dès lors, on devrait pouvoir écrire rigoureusement la consistance et la complétude d’un système formel. Il faillait, à partir de ces éléments, essayer de formaliser des problèmes multiples qui persistaient autant en mathématiques qu’en logique.</p>
<p>- Une mathématique contradictoire
C’est notamment le problème posé dans « la théorie des descriptions » et dans « la théorie des types » de B. Russell (1872-1970). Dans cette dernière, il est mis en évidence des paradoxes bien connus, tel « le paradoxe du bibliothécaire » : il existe dans une bibliothèque deux types de catalogues qui s’incluent eux-mêmes dans leur liste et ceux qui ne s’y incluent pas ; si l’on veut faire le catalogue de tous les catalogues, celui-ci doit-il se mentionner lui-même ?
En termes d’ensembles cela signifie : existe-t-il un ensemble de tous les ensembles ? Telle était bien la question au cœur de l’axiomatique. Reprise par Hilbert utilisant les résultats de Péano, elle amène au « théorème de Gödel », déjà évoqué sur la consistance des systèmes axiomatiques, que l’on pourrait traduire par la recherche de la limite interne de la formalisation d’un problème. Ce théorème établit que la non contradiction mathématique ne pourra jamais être établie.</p>
<p>- Pensée formelle et pensée logique
L’application des systèmes formels en informatique introduit de nouveaux rapports entre la logique et les mathématiques par des nouveaux rapports entre la logique et les mathématiques par l’intermédiaire de la notion de programme. Le programme est à la fois un langage et une théorie dont on doit rendre compte par la théorie de l’information.
En ce domaine, les recherches formelles ont été introduites par A.M Türing (1912-1954), lequel a donné les règles des notions d’algorithmes et de calculabilité, reprenant les résultats de K. Gödel. Toute information peut-être considérée comme une proposition et sa calculabilité se définit comme sa démontrabilité par la machine. A la suite de ces travaux, le débat moderne connaît d’autres applications et recherches avec les travaux de Gentzen (1906-1945), conciliant d’une part, le formalisme de l’Ecole de Hilbert et d’autre part, l’intuitionnisme de l’Ecole de Brouwer.
L’introduction des systèmes formels avait permis d’appréhender les démonstrations pour dépasser une causalité mécaniste à la manière de la mathématique universelle de Descartes et fonder une causalité logique vérifiable à l’aide de « machine à démontrer », c’est là tout le sens des applications de la logique à la programmation informatique. C’est dans cette même perspective que la « logique floue » (logique possédant un nombre infini, continu, de valeurs de vérité) fût élaborée. Ce résultat, parfois oublié, est remis à jour par les recherches sur l’intelligence artificielle où l’on tente de formaliser les calculs que l’on peut effectuer à l’aide d’une machine (ordinateur).</p>Cours L3 Histoire de l'art : Initiation à la psychanalyse (Cours Henaski)urn:md5:e533c1a926bc4bd6c27c1300279977362022-10-20T13:08:00+01:002022-10-20T12:11:07+01:00André Médouni<p>Lecture de Freud</p> <p>Problématique</p>Le temps logique ou l'assertion de certitude anticipéeurn:md5:75c24ce2bfba572280ee30589d3487762022-10-20T13:06:00+01:002022-10-20T12:08:36+01:00André Médouni<p>Séminaire de psychanalyse : le temps logique</p> <p>Lecture des écrits de J LACAN</p>Cours de physique TS : La contraction de Fitzgeraldurn:md5:dc22dc050bef5e80eb2692be6f044a902022-10-20T13:03:00+01:002022-10-20T12:06:15+01:00André Médouni<p>Cours de philosophie des sciences</p> <p>Cours terminale</p>Le goût peut-il être subjectif et avoir une norme ? Cours L1 Henaskiurn:md5:4f3c2bae0324a5e9ed839fcfa3c2eccc2022-10-20T13:02:00+01:002022-10-20T12:03:39+01:00André Médouni<p>On se querelle souvent autour de la question du goût pour parfois finalement conclure, mais tu n'as aucun goût. Comment peut-on distinguer la personne qui a du goût de celle qui n'en aurait pas.</p> <p>Le goût peut-il être subjectif et avoir une norme ?</p>
<p>On se querelle souvent autour de la question du goût pour parfois finalement conclure, mais tu n'as aucun goût. Comment peut-on distinguer la personne qui a du goût de celle qui n'en aurait pas. Cela signifierait que bien que le goût soit subjectif, le propre du sujet, il y aurait comme une norme du goût extérieur au sujet, mais si tel est le cas le goût peut-il être subjectif et avoir une norme ? Si le goût peut être le propre du sujet, quelle serait cette norme ? Ne correspondrait-elle pas aux règles de l'art ? Dans ce cas et dés l’apparition des beaux arts et de leurs classement, mais aussi de leur hiérarchie, on peut dire qu'une règle du goût est apparue au XVIIImé siècle. On distingue alors la règle du goût qui distingue le bon goût, du mauvais goût : le goût est normé parce qu’il y a des règles de l'art, comme si l'objet était la condition . Les règles de l'art s'établissent comme s'il y avait un accord entre le jugement et les qualités normées de l'objet. Pour autant, ne faudrait-il pas supposer que avant toutes normes, le goût est avant tout subjectif car on peut dire avec Hume que la pluralité des goûts est le propre du sujet : tous les goûts sont dans la nature.Dans ce cas, il ne pourrait y avoir de norme du goût. Le jugement de goût serait en quelque sorte totalement libre et inconditionnelle. Mais entre le jugement de goût réglé par l'esthétisme, les règles de l'art qui sont un accord des facultés selon Kant , la liberté du goût par nature que l'on peut postuler ne devrait-on pas finalement envisager que le goût est normé non pas par les règles de l'art mais par la culture, c''est à dire que le jugement de goût est conditionné et normé par une forme extérieur à l'art, c'est la critique de Bourdieu mais aussi de l’école de Francfort. On parle d'un « d'un beau plat », « d'une belle voiture », « d'un beau tableau » comme s'il n'y avait plus de règle du goût, plus de goût.</p>
<p>Revenons sur le fondement du goût qui est en quelque sorte une disposition première par nature. L’esthétique renvoie à cette première idée, aesthesis c'est la sensation. Le goût est surjectif parce qu’il renvoie d'une part à la sensation et d'autre part à ce que nous pensons quand nous émettons transmettons un jugement. La difficulté tient déjà à la nature de ce jugement, je peux dire j'aime cet éclair au café comme j’aime ce tableau, dans le fait d'aimer une œuvre, on se fait d'abord et avant tout plaisir. Mais il y a un rapport entre l'objet et le sujet, car le goût n'est pas indépendant d'une régle bien que relevant de l'agréable ou du plaisir en première instance. On peut en effet supposer qu'il y a une sorte d'harmonie préétablie comme pour Platon, entre le monde le monde des idées, le monde intelligible et le monde sensible. S'il se défiait de l'art bien que trouvant une utilité des artistes dans la cité, c'est au motif que l'art ne pouvait être qu'une imitation de la nature et la mimesis est impossible. Ceci pour établir que le beau, n'est pas le bon. En effet lorsque l'art prend tous son sens au XVIIIme siecle, il faut rappeler que Kant dans la critique du jugement distingue l'agréable du beau, le bon du beau. Il dessine une table des jugements, « le beau est ce plaît sans concept comme objet d'une satisfaction universelle » alors que le goût est du coté de l'agréable et du plaisir. C'est en ce sens que l’apparition, l'acte de naissance, des beaux arts, leurs classement entre mineurs et majeurs ,la naissance du terme esthétique fondent les règles du goût. Le jugement de goût est normé par les règles de l'art dés que le beau est comme détaché du goût. Molière parlera du mauvais goût « du petit goût » de ses contemporains. Nous jugeons parce qu’il y a des règles de l'art qui marque l'accord entre le sujet et l'objet.Il y aurait une sorte de prérequis dans le jugement de goût, une norme. C'est l'idée qu'il y aurait une éducation du goût et cela suppose des régles.
Or, c'est un paradoxe contemporain où l'on voit des performances artistiques qui ne supposent pas une théorie comme décrite pas Paul Klee dans théorie de l'art moderne ou Kandinsky dans du spirituel dans l'art. Mais des performances qui font appel à une mise en scène de soi, au cinéma, en littérature, en peinture...une sorte d'écriture de soi moderne. Comme si la sensation était devenu la règle au motif que la nature fait bien les choses notre nature : notre nature devient la mesure ou la démesure de toute chose
Mais si tel était le cas pourquoi ne sommes nous jamais d'accord du point de vue du gôut ? Pourquoi semblons d'accord pour ne pas être d'accord dans cette « folle liberté du gout ». Comme si pour reprendre Kant il y avait un désaccord des facultés voire un privation de liberté par ces règles imposées presque contre nature : nous serions contrariés dans notre disposition naturelle. Il n'y aurait pas de règles, pas de normes et tous les goûts serait dans la nature au motif selon Hume que le beau ne peut être une qualité de l’objet et que chacun perçoit les choses comme il les ressent. C'est une forme de liberté. Une sorte d'expression libre du sujet, le triomphe de la nature sur la norme. Mais ne serait-ce pas une illusion que de supposer qu'il n'y a jamais de règles, de normes. En revenant à cette nature naturante pour rependre Spinoza, ne parvenons nous pas à une forme de dénaturation. Une sorte de confusion entre la nature et l'instinct là ou Kant avait permis de construire un nouveau rapport entre le sujet et l'objet. Ainsi le goût peut-être déréglé non pas au sens de l'esthétique de la laideur qui a un sens dans l’histoire de l'art mais dans une forme d'expression de l'instinct qui devient cette expression de soi. Une sorte d'autobiographie permanente dans la mise en scène de soi.
Un art réglé sur soi, dans une introspection infinie. On pourrait dire qu'alors le goût est sans fin car détruit par le relativisme et l'absence de règle. Or, la question des fins est à prendre au sérieux car elle suppose que nous soyons à même d'aller au delà du simple jugement de goût par le jugement critique.</p>
<p>Se poser la question de la finalité est se demander ce qu'il en est des conditions de production des objets de l'art, de la culture. Bourdieu émet une critique virulente sur l'art de classe qui serait une condition politique et non esthétique du jugement sur l'art. Le goût serait alors une sorte de norme promut par une conscience de classe bourgeoise . C'est la critique que l'on retrouve dans l’École de Francfort avec Adorno et Horkhenheimer dans la dialectique de la raison . Il montre que la marchandisation de la culture et la production industrielle de ses biens entraînent une aliénation du goût et un conditionnement culturelle enlevant l’expression raisonnée du jugement. Adorno disait « Montrer à chacun qu'il y a plus malheureux qu'eux » pour montrer l'aliénation par la culture. Le goût n'est pas normé selon des règles mais selon des contions biomécaniques. Quand Banski crée un dsipsotif pour détruitre une de ses œuvres, ce n'est pas l'eouvre qui prend la valeur c'est l'acte qui fait monter l’enchère comme pour dire que cela ne veut rien dire. Une sorte d'impasse contemporaine.</p>
<p>Aussi, si le goût est subjectif, il n'est jamais détaché d'une norme qui elle même renvoie à une règle.
Il n'y a de paradoxe qu'en apparence, car le goût ne peut être détaché d'une forme d'esthétisme qui devrait lui permettre d’échapper à une forme d'aliénation. La règle n’aliène pas le sujet nécessairement à une contrainte mais peut promouvoir une forme de liberté ne serait ce que parce que l'on peut la refuser, parce que l’œil s'éduque dans la recherche d'une fin qui est une forme de l’éthique.</p>Cours Histoire de l'art : Impressionnisme (Henaski)urn:md5:ba0cb306edaffa60e84cebe97746b1662022-10-20T13:00:00+01:002022-10-20T12:02:39+01:00André Médouni<p>L’impressionnisme s'inscrit dans le cadre des idées d'ordre et de progrès issues du positivisme d’Auguste Comte . Dans un contexte politique mouvementé à partir de 1839, on devra au député et scientifique Arago d'une part, la possibilité du développement de l’invention de la photographie qui ne sera pas promue au départ par les peintres mais par les hommes de sciences et d'autre part, la possibilité du mouvement de se développer.</p> <p>L’impressionnisme s'inscrit dans le cadre des idées d'ordre et de progrès issues du positivisme d’Auguste Comte . Dans un contexte politique mouvementé à partir de 1839, on devra au député et scientifique Arago d'une part, la possibilité du développement de l’invention de la photographie qui ne sera pas promue au départ par les peintres mais par les hommes de sciences et d'autre part, la possibilité du mouvement de se développer. Dans un contexte d'évolution technique et de bouleversement des idées, l'impressionnisme est donc né d'une part de ce progrès technique dans les outils des peintres, d'autre, part dans une nouvelle approche, un nouveau regard sur la nature. Le premier fait marquant de l’impressionnisme : les peintres quittèrent leurs ateliers pour aller travailler dans la nature. Une révolution allait s’opérer dans le monde des arts. Mais revenons un instant sur la naissance du mouvement dont on trouve un témoignage dans, Baudelaire critique d'art. L'histoire commence par le refus du Salon de Paris d'exposé le déjeuner sur l'herbe de Manet, le tableau représentant une femme dans un paysage bucolique est refusé au motif de son amoralité, mais pas seulement. En réaction, des artistes forment le groupe des impressionnistes, Monet, Cézanne, Sisley, Pissaro...et se proposent alors d’organiser en 1839 un salon, « le salon des refusés » qui se tiendra chez Nadar. Un peintre qui est devenu photographe. Les critiques ne manqueront pas, le journaliste Leroy inventera le terme impressionnistes pour dénoncer la techniques par impression des peintres comme une décadence. Une nouvelle manière de représenter la nature est née, mais c'est d'abord et avant tout un nouveau regard sur la nature et le paysage qui va faire entrer cette représentation dans une forme de modernité. Nous errons dans un premier temps comment les œuvres paysagères s’inscrivent dans ce contexte, puis nous verrons en quoi la photographie introduit un moyen nouveau au service le la représentation qui rend des paysages à ce jour inédit et enfin nous verrons comment cette représentation du paysage a construit un rapport inédit et cette modernité.</p>
<p>Si les peintres ont pu quitter l'atelier c'est qu'ils en eurent les moyens techniques. En effet , il faut noter que l'invention du tube souple de peinture en étain en 1850, le chevalet portatif et le développement du réseau ferroviaire furent les principales raisons techniques de l'expression de ce mouvement.Il faut noter que si le paysage est issue d'une longue tradition que l'on pourrait dire classique dans la peinture européenne et notamment hollandaise des XVII éme et XVIII ème siècle. Les paysages représentent souvent des scènes qui empruntent leurs références historiques à la mythologie grecque, romaine ou à la bible, on y trouve une expression de la nature très académique avec un dessin ou une peinture emprunt d'un grand classicisme. Ainsi, on pourrait prendre un tableau de Renoir ou Monet pour marquer l'entrée dans cette nouvelle approche du paysage et de la nature.
D'une manière générale, la présence du peintre dans la nature crée d'emblée une mobilisation des sens qui amènent dans les tableaux une forme de sensualisme. On voit les blés couchés par le vent, les embruns de bord de mer, la chaleur plombante sur une scène de pic nique, une plaine sous le givre, une forme de sensualisme dans la représentation des paysages apparaît et se dégage des œuvres. «Impression soleil levant » est emblématique à ce titre. Exposé au Musée Marmottan, c'est une toile de 48x63, représentant le port du havre, un lieu important pour l'artiste, car il y est né. On suppose que cette vue aurait pu être peinte de la chambre de son hôtel . Choisir le lieu dans une sorte d’exercice intimiste montre comment les impressionnistes en contact avec la nature peuvent mettre en scène ce qu'ils ressentent et voient .Au premier plan, il y a cette barque et dans le fond , la zone en cours d’industrialisation du havre. Tout se joue entre le port, la mer, et le ciel azur qui surplombe. On comprend l'enjeu de la représentation dans le le jeu des couleurs et ces impressions. Le tableau se résout non plus dans une technique picturale, mais dans un effet. L’impressionnisme amène à reconstituer le tableau comprenant que l’œil résout les contrastes. Cette idée utilisée par les peintres leur donne une grande liberté d’exécution, car ils approchent la nature par touches comme libérés du trait . De plus, il connaissent différemment la question des couleurs ce que l'on trouvait autrefois par couches successives, se compose ici dans les juxtapositions de couleurs : Manet dira de Monet « c'est le Michel Ange du reflet des eaux ». Ils préparent différemment leurs toiles et connaissent les progrès des recherches sur la couleur : rouge/vert, rouge/blanc, jaune /violet sont les bases des couleurs complémentaires de ce jeu, excluant noir et brun qui « plomberaient les paysages ». C'est la « Seine à Bougival » de Sisley où l'on voit que le paysage inaugure une autre forme du point de vue qui en fait un autre traitement de la perspective. La composition change comme si on vivait le déplacement du peintre dans la nature. Scène familiale et bucolique en bord de Seine , la mère proche de l’enfant, douceur de vivre comme un arrêt sur image qui révolutionne le point de vue. Une nature vivante.On suppose que les impressionnistes pour certains se sont inspirés du principe des estampes japonaises où le point de fuite est en avant comme chez Utagawa Hiroshige. C'est en cela que la photographie apportera au peintre, un moyen de figer les scènes ce qui leur permet de fixer leur impressions grâce aux premiers appareils transportables. Pour nombres d'entre eux, on possède la photographie et le tableau. Par exemple « après le bain » de Degas, photo datée de 1895 et tableau de 1896 Ainsi, toute la modernité du paysage s'inscrit dans les scènes de la vie courante, on pourrait supposer que la photographie doit beaucoup aux paysages impressionnistes, car les peintres ont révolutionné la couleur, le point de vue, mais aussi une sorte de mise ne scène la vie. Ils racontent, ils se racontent. « Gelée blanche, ancienne route d'Ennery , Pontoise 1873 » de Camille Pissaro montrent des paysans travaillant au champs, on ressent le poids des fagaux sur leur dos, la campagne est immaculée. C'est là toute la particularité et la modernité de ces paysages où tout se jouent dans les conditions d'un monde en mutation.</p>
<p>C'est une sorte de plongée dans la vie que les impressionnistes ont apporté en augurant d'un nouveau monde, d'une nouvelle liberté dans la représentation de la nature et des paysages. Cette sensation de liberté dans les œuvres empruntent d'un souffle. La modernité c'est peut-être ce regard neuf qui a fait comme un accord entre l'homme et la nature ouvrant la porte aux représentations les plus modernes. On pourrait dire pour plagier Montaigne, les impressionnistes sont la matière de leurs tableaux tant ils ont inauguré une conception organique du paysage, une poésie de la contemplation.</p>Les Menines de Velasquez Cours L2 Henaskiurn:md5:f8e48107d86e0985874eeb618b6dfebd2022-10-20T12:55:00+01:002022-10-20T11:57:36+01:00André Médouni<p>L'histoire de l'art est portée par des œuvres qui ont été construites autour d'une histoire, mais aussi
pour la période qui nous concerne par l'utilisation de la perspective et son évolution depuis Alberti. Aussi, pour établir ce rapport entre l'histoire et la perspective, nous avons choisi de présenter le tableau « las meninas » de Velaquez. Ce tableau maintes fois commenté a fasciné toutes les générations de peintre.Comme le dit l’historien Daniel Arasse : « le temps n'épuise pas les Menines il les enrichit » On n'y voit rien.</p> <p>L'histoire de l'art est portée par des œuvres qui ont été construites autour d'une histoire, mais aussi
pour la période qui nous concerne par l'utilisation de la perspective et son évolution depuis Alberti. Aussi, pour établir ce rapport entre l'histoire et la perspective, nous avons choisi de présenter le tableau « las meninas » de Velaquez. Ce tableau maintes fois commenté a fasciné toutes les générations de peintre.Comme le dit l’historien Daniel Arasse : « le temps n'épuise pas les Menines il les enrichit » On n'y voit rien. C'est une œuvre que l'on a redécouverte par la radiographie, il existe en effet deux œuvres, une de 1656 et une de 1657. C'est la seconde que nous présentons, car le peintre n’était pas dans la première toile. C'est une toile exposée au Musée du Prado. C'est une huile sur toile 276 x318, de l'époque baroque qui représente une scène de la famille royale de Philippe V d'Espagne. Le tableau « las Meninas » les servantes, est encore appelé la famille. Il montre une scène de la cour qui se déroule dans l’atelier du peintre Velázquez et chose importante pour l'époque et pour l'histoire le peintre figure sur la toile. Ce qui est très rare pour l'époque un portrait et un autoportrait. De plus entre l'utilisation de la perspective et l’usage des miroirs par les peintres, le tableau se joue dans un jeu de regard que l'on a appelé la « double vue ». Une sorte de représentation dans la représentation. Il est à noter que dans le contexte historique Velázquez possède un statut particulier à la cour alors que ses contemporains ne sont pas considérés comme des artistes mais plus comme des ouvriers, des artisans. Ainsi nous verrons en rapprochant ce tableau de celui des époux Arnolfini comment se joue la représentation entre l’histoire et la perspective par le truchement des miroirs. Nous verrons dans un premier temps l’histoire de cette « fabula » pour ensuite la comparerons à l’œuvre de Jean van Eck les époux Arnolfini et enfin comprendre les enjeux de la perspectives dans les jeux de regards et de miroirs.</p>
<p>L’œuvre est exemplaire du point de vue historique. Le tableau représente la famille royale, une sorte de scène intimiste rare dans l'histoire, car on suppose que la famille royale est descendue voir le peintre dans son atelier. Il est à noter que Velasquez est devenu peintre du roi en 1626. Il est curateur de la collection royale ce qui lui permit de côtoyer et d’acquérir nombre d’œuvres de ses contemporains. De plus il devient « Aposentador Mayor de Palacio », une reconnaissance qui l'anoblit mais qui lui vaudra aussi des inimitiés . Ces éléments pour dire qu'il est au cœur du pouvoir
, au cœur de la famille royale et c'est tout l'enjeu des regards dans ce tableau. Si l'on revient un instant au tableau reprenons la scène : au premier plan la jeune infante entourée de ses Menines, ses servantes, Le roi et la reine sont représentés dans le miroir au dessus en arrière plan. Nous spectateurs sommes face à la jeune fille naine, Maria Balboa, en retrait Dona Marcella De Ullola, la gouvernante, le garde du corps don José Nieto Velasquez dont on a supposé qu'il pouvait être cousin de Velasquez et Maria Aggustina Sarmeiento de Sotamayor , chambellan. Le pouvoir est incarné dans le reflet dans le miroir au dessus de la scène. Cela est d'autant plus important qu' il existe une forme de naturalisme dans ce tableau dans la peinture de l'infante ou du chien, mais aussi il s'inscrit dans le contexte d'une crise familiale et politique, car il est question de succession, or Philippe épouse Marie Anne d'Autriche en secondes noces, mais à la mort de leur fils Baltassar la question d'un héritier au trône se pose et cela explique que cette œuvre est différente de la première et Marie Thérèse est enfant unique en 1651. Le pouvoir est incarné comme l’écrit Louis Marin dans les emblèmes du pouvoir. Le miroir concave établit par le reflet le rapport entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. La sainte famille est en écho à l'idée de monarchie de droit divin. Un pouvoir bienveillant et protecteur. Il y a une hiérarchie dans les regards et les jeux de regards racontent une histoire selon le principe du dispositif d 'Alberti, les lignes de regards se composent . C'est en ce sens que nous avons souhaité rapprocher ce tableau de l’histoire mais aussi de la représentation des époux Arnolfini de Jean van Eck. Une peinture sur bois de 80x62 exposé à la National Galery de Londres. Il peint un riche banquier Florentin, conseiller de Philippe le Bon, avec son épouse Giovana Cenami. A l’arrière plan un miroir qui est en quelque sorte comme un point de fuite du tableau. Même idée de la représentation du pouvoir. Il est a noté que le miroir est entouré de médaillon représentant la passion du christ. Dans ces deux tableaux, le miroir en arrière plan crée une sorte de point de fuite optique contre le point de fuite géométrique et c'est là tout l'enjeu de ces tableaux.</p>
<p>En effet, entre l'histoire et la perspective a lieu tout une interprétation qui fut l'enjeu du débat entre Michel Foucault et Daniel Arasse . Le premier suppose qu'il faut privilégié le tableau dans le tableau, la représentation dans la représentation car Foucault après les mots et les choses privilégie le dispositif optique du panoptique pour décrire le regard circulaire et l’importance du point de vue. Alors que Daniel Arasse lui répond que seul l’histoire permet de comprendre le tableau et qu'il commet un anachronisme . Il n'en reste pas moins que les Menines reste un tableau fascinant pas sa nature , une scène intimiste au cœur du pouvoir en présence de l'artiste. Dans cette mise en scène on va au delà de la perspective. Née de la renaissance italienne avec la perspective géométrique, il est le fruit cette renaissance italienne mise au point par Alberti, Brunelleschi et Léonard de Vinci, elle constitue le point d'ancrage de la construction du regard par le point de fuite, la ligne d’horizon. Mais elle s'enrichit de l'optique, le discours de la méthode de Descartes commencera par un traité d'optique. C'est comme si on s'affranchissait d'une forme de la construction géométrique pour écrire les enjeux de l’histoire dans le regard, ce que montre les historiens de l'art et notamment Daniel Arasse dans son livre sur les Menines. L'invention de la perspective avait permis de construire une géométrie de l’œuvre, mais elle a évolué et c'est peut être ce qui interroge le plus dans les Menines de Velasquez : on parle d'une œuvre « dynastique ».L’historien Ambrogio Galbati résumait le rapport complexe de la perspective dans les Menines en montrant que l'on peut supposer qu'il existe un centre invisible contre la perspective et que la présence du peintre a déplacé le problème dans le jeu des regards entre le portrait et l’autoportrait.</p>
<p>On peut supposer que les tentatives diverses et multiple pour copier, reproduire, les Menines, les 48 tentatives de tableaux de Picasso pour comprendre cette œuvre montre qu'elle possède toute la complexité et la modernité d'une représentation qui est allée au delà des enjeux géométriques.
Enfin, on peut noter que le portrait du pouvoir dans cette scène intimiste est d'une grande modernité car de nos jours par un président, pas une monarchie ne saurait se passer d'un portrait de famille voire de exposition de scènes intimistes familiales.</p>Philosophie du droit : Réflexion sur le discernementurn:md5:be5c35b58a4839f06ce75dc6743219d42022-10-20T12:40:00+01:002022-10-20T11:44:23+01:00André Médouni<p>A la lumière des récentes affaires qui ont défrayées la chronique fût-ce par le biais de la médiatisation des victimes mais aussi, et de plus en plus, des éléments juridiques des dossiers, livrés en pâture au grand public, force est de constater que la chose judiciaire semble souvent en passe d’être requalifiée voire redéfinie dans une sorte d’exercice immédiat d’interprétation sur le sens que l’on peut donner non pas aux faits, mais à l’acte. Comme si le fait juridique, ramené à l’aune de la conscience collective, conduisait chacun à refaire le trajet d’un acte porté par une intention souveraine et une volonté libre. L’opinion publique, paradoxalement, tranche le débat bien plus vite que l’expert ou le législateur et ce, souvent d’un point de vue moral. Elle rompt ainsi ce qui fait souvent l’essence même de la chose juridique voire de la chose jugée soit la distinction originelle profonde entre l’égalité et moralité.</p> <p>INTRODUCTION</p>
<p>A la lumière des récentes affaires qui ont défrayées la chronique fût-ce par le biais de la médiatisation des victimes mais aussi, et de plus en plus, des éléments juridiques des dossiers, livrés en pâture au grand public, force est de constater que la chose judiciaire semble souvent en passe d’être requalifiée voire redéfinie dans une sorte d’exercice immédiat d’interprétation sur le sens que l’on peut donner non pas aux faits, mais à l’acte. Comme si le fait juridique, ramené à l’aune de la conscience collective, conduisait chacun à refaire le trajet d’un acte porté par une intention souveraine et une volonté libre. L’opinion publique, paradoxalement, tranche le débat bien plus vite que l’expert ou le législateur et ce, souvent d’un point de vue moral. Elle rompt ainsi ce qui fait souvent l’essence même de la chose juridique voire de la chose jugée soit la distinction originelle profonde entre l’égalité et moralité. Or, en la matière et en l’occurrence, pour reprendre le titre de la thèse de Monsieur Husson , c’est bien sur l’inertie de cette trajectoire des transformations de la responsabilité qu’aujourd’hui nous sommes ramenés à discuter les enjeux modernes de ce que peut- être le sens à donner à l’acte dés lors que l’on considère que l’esprit contemporain soude le droit civil au droit pénal par le truchement des réquisits premier des sociétés modernes entrées dans une logique du risque et de la garantie, lesquelles sont dans l’essence du principe de précaution mais plus encore vise à promouvoir l’extension de ces garanties en demandant aux législateur d’encadrer le fait de manière qu’on puisse y déterminer l’exercice d’une volonté souveraine comme si la science du droit au travers de son objet devait être en charge de légiférer sur un sujet politique voire un sujet psychologique dont on peine aujourd’hui à cerner les contours tant le psychologisme a envahi autant les cours que les prétoires. Or, l’un des paradoxes et l’une des difficultés majeures aujourd’hui est certainement de voir que pour résoudre le dilemme entre « le mal commis et le mal subi », entre la dialectique du crime et du châtiment et celle de la faute et de la réparation, on doive s’interroger sur le sens premier de l’acte, c'est-à-dire qu’en dernière instance, c’est l’intention qui est interrogée comme critère d’évaluation de l’acte. Comme mise en perspective de l’action, l’intention serait alors la clef même de la commission non du point de vue de la chose jugée ou à juger, mais bien de ce qui promeut l’acte dans le corps des délits, et c’est bien ici que la question se démarque dés lors que nous sommes d’une part renvoyé à la typologie des crimes et délits qui en son sein contient la qualité et donc la qualification des actes pour dire que, et surtout rappeler que depuis le XVIIIème siècle, l’objet de la science juridique est bien le produit de la théorie de l’enquête , c'est-à-dire le produit de la raison. D’autre part, et cet élément est non des moindre, le sujet juridique tel qu’il se pose aujourd’hui, se voit ramener dans une sorte de renversement historique à être comptable de ses propres actions devant la justice encore autrement dit et c’est bien, la révolution copernicienne après l’heure du droit que d’interroger aujourd’hui la personne juridique sur les fondements de son acte, c'est-à-dire de demander à un sujet responsable s’il était porteur d’une intention ou pas, ce qui revient à chercher au cœur du droit les limites de l’agir pour reprendre Paul Ricoeur : « une herméneutique de l’action » . C’est là une grande difficulté à laquelle la justice et surtout le législateur se trouvent confronté aujourd’hui, dans la mesure où la question est inédite à plusieurs titres. En effet, si en matière de droit, l’objet s’objective dans la qualification des faits, c’est qu’il prend corps dans l’idée que s’il y a commission d’un acte délictueux, un coupable et une victime, la chose à juger existe. Or, un paradoxe et non des moindres, aujourd’hui semble signifier que l’acte ne contient pas la totalité de l’action et cela apparaît lorsque l’on réfléchit sur l’intention laquelle a repoussé les limites de la qualification des faits au-delà de la question de la responsabilité laquelle reste du côté de la chose juridique : par principe on est responsable de ses actes même si l’on prouve que l’auteur n’est pas responsable, notamment dans le cas de non imputabilité prévue par l’art. 122-1 du Code pénal. C’est là la rigueur que l’on peut trouver en matière de droit depuis que l’on peut objectivement imputer les conditions de l’acte à un auteur supposé libre et responsable ce qui supposait historiquement l’émergence de l’autonomie d’un sujet juridique. Pour autant, on comprend que l’imputabilité ne suffit à définir dans sa totalité l’acte mais qu’elle permet de savoir à qui l’on s’adresse ce qui n’est pas rien ! Car pour ce qui nous intéressera plus particulièrement dans notre propos, c’est du point de vue de l’imputabilité qui doit rester « la possibilité de considérer une personne, du point de vue matériel et du point de vue moral, comme l’auteur d’une infraction. » C’est à dire de pouvoir répondre pénalement des conséquences de son comportement, laquelle ouvre la détermination de la responsabilité. Or, apparaît ici une grande difficulté que nous aurons à évoquer car force est de constater que si nous restons dans le champ de l’imputabilité, l’infraction commise donc imputable, ne supprime pas le fait que cette imputabilité renvoie à la commission de l’acte en tant que tel : c'est-à-dire dans sa définition pénale stricto sensu comme le propre de la personne juridique, ce qui renvoie à cette sphère de la qualification mais plus encore l’imputabilité en distinguant par voie de conséquences l’agent de l’acte et repousse la recherches des fondements de cet acte dans la distinction entre le discernement et l’intention. En ce sens, le discernement comme l’intention occupe aujourd’hui une place importante en droit pénal et au travers des évolutions et réformes du Code pénal montre que ce sont les enjeux même de la morale de la responsabilité qui sont de nouveau interrogés en dernière instance.
Aussi, a-t-il semblé judicieux de cerner autour des fondements du droit pénal comment la question de l’intention distinguée, semble occuper progressivement une place de plus en plus importante dans la détermination des fondements de l’acte dans la mesure où l’évolution du droit d’une manière générale mais aussi et plus particulièrement du droit pénal semble en dernière instance devoir trancher sur l’élément moral des délits et souvent en l’occurrence et parfois en l’espèce, devoir spécifier dans l’évolution des objets juridiques entre la faute caractérisée et la faute délibérée ce qui pourrait constituer le corps de l’intention. Aussi, pour clarifier notre propos avons-nous fait le choix didactique du rapport entre la pratique et la théorie dans le souci de rester au cœur du débat juridique.</p>Philosophie de l'art : L'adoration des Magesurn:md5:1f73b8f127c0c62b43cf1f5d22781aaa2022-10-20T12:38:00+01:002022-10-20T11:40:01+01:00André Médouni<p>L’adoration des mages est une œuvre de jeunesse inachevée d e Leonard de VINCI (1452-1519). Une huile sur bois de 246 par 243 que l’on situe entre 1481 et 1482. Exposée à Florence, la restauration dans un laboratoire Florentin depuis 2011, est aujourd’hui achevée soit six ans de restauration qui confirmeront l’importance du dessin dans l’œuvre. De l’avis du restaurateur Marco Ciatti : « Des détails qui avaient été commentés grâce aux infrarouges commencent à être visibles à l'œil nu", précisant mieux la technique du maitre et la nature de l’œuvre.</p> <p>L’adoration des mages est une œuvre de jeunesse inachevée d e Leonard de VINCI (1452-1519). Une huile sur bois de 246 par 243 que l’on situe entre 1481 et 1482. Exposée à Florence, la restauration dans un laboratoire Florentin depuis 2011, est aujourd’hui achevée soit six ans de restauration qui confirmeront l’importance du dessin dans l’œuvre. De l’avis du restaurateur Marco Ciatti : « Des détails qui avaient été commentés grâce aux infrarouges commencent à être visibles à l'œil nu", précisant mieux la technique du maitre et la nature de l’œuvre. Cette œuvre du XVème siécle s’inscrit dans la tradition de l’art sacré, le thème du tableau est l’Épiphanie. Il a été effectué suite à une commande des Augustins de San Donato à Scopeto , bien que le sujet soit classique, son traitement ne l’a pas été et l’œuvre ne répondant pas aux attentes des commanditaires resta inachevée. Dans la perspective de cette étude, nous verrons comment du point de vue de la construction de l’œuvre nous sommes à une période charnière de l’évolution de la perspective de la renaissance où la construction dessine un autre point de vue par rapport au tableau. Aussi, pour étudier cette œuvre à la fois représentative de l’art sacré et de l’époque, nous verrons dans un premier temps comment elle est à la fois exemplaire et paradoxale de la perspective de la renaissance pour construire un espace de la représentation biblique. En ce sens, nous essaierons de comprendre comment Leonard de Vinci reprenons la tradition ira au-delà pour fournir une œuvre originale, construire une nouvelle représentation de l’Épiphanie. Dans un deuxième temps, nous essaierons d’étayer notre propos en comparant cette œuvre à celle de Jérôme Bosch intitulée l’adoration des mages, daté de 1495 et exposé au musée du Prado à Madrid. Elle a ceci de commun avec celle de Leonard de Vinci qu’on y trouve les enjeux d’une restauration qui a confirmé l’importance du dessin à l’origine de l’œuvre, mais aussi les enjeux du sens de l’œuvre et de son interprétation qui s’affranchit des constructions originelles du dessin et de sa perspective. Ne s’agirait-il pas de considérer alors l’œuvre comme une histoire, un récit : que raconteraient alors ces œuvres ? Enfin nous verrons l’importance du point de vue qui oriente le regard au-delà peut-être de la géométrie de l’œuvre pour interroger entre sacré et profane une histoire entre surface et profondeur. Pour nous demander finalement : que nous apprennent ces œuvres ? Comment les percevons-nous comme spectateur ?
Revenons à l’histoire de l’œuvre pour montrer comment à l’origine sa construction comme le montre l’historien Daniel Arasse est déjà en soi une œuvre particulière proposée par Leonard de Vinci. L’adoration des mages est une œuvre de jeunesse inachevée d e Leonard de VINCI (1452-1519). Une huile sur bois de 246 par 243 que l’on situe entre 1481 et 1482. Cette œuvre appartient à la renaissance et les thèmes bibliques sont largement répandus, car lorsque le terme de renaissance apparaît dans le domaine des arts, c’est en réponse au modèle byzantin et médiéval pour retrouver les traditions grecques et latines. Il y aurait du point de vue l’œuvre différents éléments à prendre en considération : la technique de la représentation de l’espace qui s’inscrit dans l’histoire de la perspective, la technique picturale qui fait le propre du peintre dans l’œuvre et ce que nous a appris l’analyse contemporaine de l’œuvre durant les six années de restauration de 2011 à 2017 et enfin les enjeux de la représentation biblique de l’eucharistie. Aussi, à l’origine en 1420 s’établira d’une part, la perspective linéaire pour construire l’espace et d’autre part, une technique picturale qui sera propres à Leonard de Vinci le sfumato. Pour autant ces deux éléments ne sont pas suffisants pour expliquer semble –t-il une œuvre qui propose une autre disposition, un autre rapport entre la surface et la profondeur du tableau. Revenons à l’origine de l’œuvre selon Monsieur Arasse, au fondement de l’adoration des mages il y a deux dessins. Le premier dessin daté, montre selon l’historien, le premier paysage de la peinture occidentale et un point de vue depuis une colline. Après, le tableau de l’annonciation en 1475, il peint l’adoration des mages dont un dessin préparatoire est aux Offices. On pourrait dire qu’entre l’annonciation et le tableau de la scène avec une vierge légèrement excentrée, il n’y a pas de rupture dans l’œuvre, mais un lien permanent entre le dessin, la représentation et la mise en scène finale dans le tableau.</p>
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<p>Tableau : L’adoration des mages Musée de Florence
C’est toute la géométrie en rapport avec la construction de l’œuvre où l’on retrouve les règles de l’harmonie et de la proportion comme celles qui régleront les arts depuis les pythagoriciens ou chez les platoniciens où l’on retrouve une harmonie entre le monde sensible et le monde intelligible, entre la nature et l’âme de l’œuvre.
S’agissant de la compostions du tableau et du thème précisions que c’est un retable : un panneau de bois peint, la restauration a montré qu’il était constitué de dix planches de bois de peuplier qui ont travaillé avec le temps et différentes couleurs furent utilisées. S’agissant de la composition : on peut distinguer au premier plan la scène de l’Épiphanie avec Maire en place centrale, les rois mages prosternés autour d’elle et de l’enfant. En arrière-plan un paysage avec des personnages et des chevaux plus tourmentés. L’Épiphanie thème récurent de l’art sacré de la renaissance du grec épiphanéia signifie : « apparition » ; de épiphainéin : « paraître ou briller sur » encore appelé jour des des Rois ». Elle célèbre la présentation de Jésus aux rois mages, venus d’Orient. Cette scène est largement représentée dans l’art du siècle. Elle est intéressante à plusieurs titres, car le récit biblique met en scène la prosternation des mages et l’offrande faite au messie : «Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe » Bible de Jérusalem (Mt 2-1-12) .
Du point de vue de l’espace : c’est toute la valeur de récit du tableau où l’on voit les rois mages prosternés remettre les offrandes. Cette forme est d’autant plus allégorique que l’histoire des rois mages a été fixée par la tradition, mais leur voyage depuis la Perse a connu plusieurs interprétations. Il n’en reste pas moins que la tradition biblique est fixée à la renaissance et symboliquement Marie « Trône » au premier plan, elle capte el regard et l’attention en pleine lumière alors qu’entre la dévotion des rois mages et la foule en arrière-plan des éléments plus sombres apparaissent sur les visages, les regards sont détournés de l’enfant et de Marie comme si la foule commentait la scène ... doute, incrédulité, étonnement difficile de dire ce que signifie ces converserions entre tous. Par ailleurs, il semble qu’à l’arrière-plan les choses soient différentes, on retrouve les éléments des dessins avec ces escaliers et cette ligne d’horizon symbolique, mais pour autant on dirait que Marie fait converger le tableau vers l’avant du point de vue du regard et de l’espace alors que l’arrière-plan du tableau, le fond se disposent vers le point de fuite comme une fuite comme si le motif religieux concentrait l’attention indépendamment de la géométrie. Ce qui semble rendu par la couleur et la lumière, on est captés par l’avant-scène. Aussi, « détachant fortement le groupe de la Vierge et des adorateurs, auquel ruines et cavalcades font écho, à l'arrière-plan. Le caractère dramatique de la scène s'affirmera dans le dernier stade de son élaboration, mais il est clair que l'essentiel des intentions du peintre est déjà présent dans les attitudes et les gestes des personnages, dont la diversité assure la qualité du récit »(1 ).</p>
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<p>1( https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/l-adoration-des-mages)</p>
<p>Du point de vue de la couleur. En effet si l’on revient un instant sur les éléments picturaux de la technique de Leonard de VINCI on ne peut ne pas évoquer la technique du sfumato qui consistait en réaction aux techniques précédentes qui soulignait les contours à travailler de manière moins discernée les personnages, pour autant, au risque d’une mésinterprétation il semble qu’ayant à faire à une œuvre inachevée peut être est ce l’avant plan du tableau qui diffère techniquement de l’arrière-plan resté au stade d’épure, et ce au seul critère de l’inachèvement de l’œuvre ? Il n’en reste pas moins que la question des couleurs est posée et selon les historiens ne disposant pas d’une grande palette à l’époque, on a penché souvent pour une œuvre monochrome. La restauration du tableau a révélé : « On pensait le tableau brun et monochrome il s’est révélé tout en couleur et en nuance ». À partir de ces éléments, pourquoi rapprocher cette œuvre de celle de Jérôme Bosch traitant du même thème religieux ? Peut-être parce qu’elles inaugurent ou augurent d’une forme de rupture dans le sens de ces œuvres sacrées. Elles interrogent, la représentation, mais aussi l’interprétation pour saisir le spectateur. Il y a un point de fuite géométrique, mais il ouvre d’autres perspectives. Ces œuvres interrogent, car elles viennent rompre une unité de la représentation. Quand tous les personnages ne sont plus attentifs à la scène, à Marie et l’enfant aux rois mages. Que se passe-t-il ? Le regard se porte ailleurs naturellement. On échappe à la plénitude biblique des œuvres consacrées où l’esthétique est aussi le triomphe du sacré, le seul message porté est biblique. Alors que notre regard est pris par l’observation des détails dans ces œuvres. C’est sur cette comparaison entre le premier plan et l’arrière-plan qu’est venue notre interrogation. Les scènes bibliques ont souvent pour ne pas dire toujours une unité dans la composition, dans la couleur, dans l’expression, la composition, les thèmes… Il n’y fait aucun doute quant à la sacralisation de la scène par la foule. Dans ce tableau, un triptyque, tout au contraire, on observe une avant scène lumineuse la vierge l’enfant, les rois mages puis derrière une foule agitées, interrogative, le regard détourné de la scène principale et en arrière plans des chevaux, des personnages comme une autre scène. Nous sommes dans des espaces différents construits sur une perspective dont les dessins affirment la réalité et la restauration les a confirmés dans le tableau, mais l’enjeu semble se dessiner autrement. Est-ce la raison comme ‘indique certains historiens du refus de la commande, cette manière de traiter l’Epiphanie, ce doute ou ne serait que cette interrogation qui se dégage ? Comparons à l’œuvre de Jérôme Bosch. L'Adoration des mages est un tableau datant de 1495 conservé au Musée du Prado de Madrid. La scène reprend en avant-plan Marie présentant l’enfant Jésus aux rois mages, on y voit Saint-Pierre et Saint Agnès qui représente les époux Peter Scheyve et sa femme Agnès de Gramme. Ce tableau a également été restauré. Rappelons que Jérôme Bosch né en 1450 à Bois le Buc est contemporain de Leonard de Vinci. Il interroge dans cette œuvre qui semble annonciatrice de celle du chariot de foin (panneau central d’un triptyque Le Chariot de foin. Vers 1515, huile sur panneau 147 x 225 x 6 cm. Museo Nacional del Prado, Madrid), panneau de gauche le paradis, panneau de droit l’enfer, toute une représentation de la société et des crises qu’elle traverse.. La Hollande connaît un déclin de l’église et une transformation de la société où le monde rural se métamorphose à l’aube d’une transformation industrielle qui développe des appétits de richesses. En ce sens, il est reconnu comme le premier artiste à introduire une approche satirique dans son œuvre : "La majorité des experts considèrent le maître comme un moraliste religieux et satirique. Inlassablement, Bosch met en garde contre les pêchés et la folie de l'homme", assure l'expert néerlandais Éric de Bruyn (2). Aussi à comparer les deux œuvres, il semble que le doute affiché par la foule observante dans l’œuvre de Leonard de Vinci, la scène de l’arrière-plan bien au-delà de Marie et l’enfant se retrouve d’une autre manière dans cette opposition premier plan second plan. La distinction des espaces dans le tableau de Bosch montre en arrière-plan autant de saynètes sombres où l’on voit, des armées s’affronter, un meurtre, une mise en scène de la luxure….Un peu comme si l’on retrouvait les péchés capitaux.</p>
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<p>2-Dans le catalogue. https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/madrid-devoile-les-mysteres-du-peintre-jerome-bosch-mort-il-y-a-500-ans_3391239.html.</p>
<p>Aussi, pour revenir à notre interrogation première, il semble effectivement qu’ au risque d’une erreur d’interprétation que le jeu entre l’avant plan et la l’arrière-plan se joue différemment. De plus un élément nouveau nous a été apporté après notre choix par Daniel Arasse qui écrit que cette œuvre offre « un spectacle de village » (3)et ce qui avait retenu notre attention : les enjeux des différentes scènes dans le tableau. En effet, si l’on revient à l’histoire de Monsieur Arasse, il indique que « l’élaboration de l’adoration repose sur un principe contradictoire » (4). L’œuvre augure pour certains commentateurs d’une forme de maniérisme, il n’en reste pas moins que les deux artistes, travaille en profondeur sur la construction géométrique, mais propose un nouveau regard quant à l’unité de l’œuvre qui dessinent un nouveau point de vue sur l’art sacré dans lequel tout se jouerait entre le jeu des espaces, les trames qui pourraient multiplier les points de vue. Il faudrait y regarder à deux fois comme si les choses n’allaient plus de soi. Alors ne serions-nous pas au-delà de la perspective quand nous supposions que la perspective ouvrait d’autres perspectives ? Chacun s’accorde à reconnaître que la perspective géométrique est le fruit de la renaissance italienne mise au point par Alberti, Brunelleschi et Leonard de Vinci, elle découvre le point de fuite, la ligne d’horizon. La perceptive est le produit d’une longue histoire qui où la question de l’optique devint autant scientifique que philosophie ou artistique. Rappelons le discours de la méthode de Descartes au XVII siècle a pour introduction, la dioptrique qui est un traité sur l’optique comme si l’histoire cherchait la vérité de la représentation dans la vision ou dans la géométrie de l’espace. Le Parthénon suppose déjà une perspective physiologique et les colonnes en sont corrigées pour rectifier l’illusion d’optique. Pour autant la renaissance bien au-delà des dispositifs construit un nouvel espace de la représentation, dans l’œuvre que nous étudions, on retrouve à partir des dessins la construction des tableaux et l’importance des tracés qui fonctionnent comme des tracés régulateurs dans la construction de l’œuvre. Deux perspectives se côtoient dans l’œuvre pour la construire en surface et en profondeur. La perspective dont le point de fuite se situe au-dessus de la tète de Marie oriente notre regard, une autre forme de perspective dite atmosphérique, inventée par Leonard de Vinci travaille l’œuvre en espace de couleur rejoignant le sfumato. L’une soutient l’autre dans la construction du regard. Pour autant et revenir à ce qui retenait notre attention dans les deux œuvres, ils semblent que tout se joue dans l’œuvre par un libre jeu dans un espace que crée les personnages comme s’il se jouait une autre scène dans la profondeur du tableau. Il semble que ce soit le regard qui compte, notre regard sur le tableau pour lire une scène. Cela veut-il dire qu’au-delà de la construction géométrique nous sommes dans une histoire. L’adoration est d’abord et avant out un récit biblique. S’agit-il par ailleurs de cette idée du « double regard » (5) qui vise selon Monsieur Arasse à regarder de prés de loin pour fonder ce qu’il appelle le détail iconique du détail pictural. Est-ce que nous ressentions quand nous avons le sentiment que nous sommes captés par la scène du point de vue allégorique, c’est une scène d’adoration puis ensuite une beauté se dégage : c’est un tableau. (6).En ce sens que nous apprennent ces œuvres qui retiennent autant notre attention au premier regard et qui dans une plénitude picturale en cesse d’interroger notre regard. Ce que nous avons noté d’emblée et qui a fondé notre comparaison d’ouvre proche, c’est comme une recherche de la vérité dans la mesure où l’on va vers une interprétation de la scène.</p>
<p>3-P -on n’y voit rien Daniel Arasse Édition essai folio
4-P279 -Leonard de Vinci Daniel Arasse Edition Hazan
5-P286- histoire de la peinture Daniel Arasse essais Folio
6-p 287- histoire de la peinture Daniel Arasse essais Folio</p>
<p>C'est-à-dire que l’on pourrait supposer que l’affranchissement de la seule construction géométrique prouvé par le passage du dessin préparatoire au tableau montre quelque de profond qui est l’intention du peintre dans une œuvre et à ce titre la restauration nous apprend beaucoup. Dans le livre de madeleine Hour sur la restauration (7), on découvre que souvent l’esquisse du tableau et son achèvement marquent la réalisation d’une intention. Et si la vision n’était pas dans le regard alors on serait nécessairement au-delà de l’optique géométrique pour préciser les enjeux de l’histoire. La dioptrique de Descartes est la préface du discours de la méthode ce qui augurait du fait que la représentation des objets supposait déjà une analyse des phénomènes contre la tromperie des sens selon Descartes. Au risque de l’erreur, nous pensons que ces œuvres porte une attention dans la représentation de la scène qui dans la liberté géométrique s’affirme comme l’entrée dans un récit et porte l’expression forte de l’intention de l’artiste, et ce non qu’il n’y en eut pas avant, mais une forme de réalisme dans le tableau les regards, la mise en scène, les dispositions marquent le jeu de l’avant-scène dans un récit. Peut-être s’agit-il d’un premier moment où l’art entrant dans ce récit libère le regard de la vision pour essayer de constituer ce qui se joue dans la représentation ? Il y aurait là une manière de dire les choses dans la peinture comme si le spectateur était aussi le sujet de la représentation. Ces œuvres s’adressent à l’autre au-delà de la construction, ils s’en dégagent une profonde humanité, attention à l’autre.</p>
<p>7- Titre : LES SECRETS DES CHEFS-D'ŒUVRE Éditeur : MUSEE NATIONAUX Date d'édition : 1964</p>
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<p>Daniel Arasse on n’y voit rien essais folio
Daniel Arasse histoire de la peinture essais folio
Daniel Arasse léonard de VINCI Hazam
Titre : LES SECRETS DES CHEFS-D'ŒUVRE Éditeur : MUSEE NATIONAUX Date d'édition : 1964
Erwin Panofsky l’œuvre d’art et ses significations Essais sur les « arts visuels »
https://c2rmf.fr › 20191025_colloque_leonard_de_vinci_c2rmf_prog_fr
25 oct. 2019 - L'exposition « Léonard de Vinci » et l'achèvement du projet IPERION-CH ... Pathologies des textes littéraires et techniques de restauration. .....PDF
Article https://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1953_num_1_1_4522 Le problème religieux de la Renaissance
Jean Décarreaux Bulletin de l'Association Guillaume Budé Année 1953 1 pp. 84-88
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3403694m/f24.image.r=la%20perspective%20%C3%A0%20la%20renaissance%20leonard%20de%20vinci
Alberti : de la statue et de la peinture Léon Batista Alberti traduit du latin par Claudius Popelin Edition Gallica fichier PDF https://gallica.bnf.fr › ark:
De la statue et</p>Philosophie de l'art : Le goût est-il libre ?urn:md5:78f2200dd6b7f332a3f548ddb6c53a082022-10-20T12:36:00+01:002022-10-20T11:37:10+01:00André Médouni<p>Souvent, on entend dire "les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas" ou parfois aussi "tous les goûts sont dans la nature". Et souvent ces réponses sont données comme pour éviter la question du goût et non pas du jugement de goût tel que Kant le distingue dans la Critique du jugement, mais sur la nature même du goût. En effet, on peut toujours se demander, certes, à partir d'un jugement de goût, si le goût lui-même est libre, ce qui revient à se demander de quel goût nous parlons et de quelle forme de liberté nous parlons.</p> <p>Le goût est-il libre ?</p>
<p>Souvent, on entend dire "les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas" ou parfois aussi "tous les goûts sont dans la nature". Et souvent ces réponses sont données comme pour éviter la question du goût et non pas du jugement de goût tel que Kant le distingue dans la Critique du jugement, mais sur la nature même du goût. En effet, on peut toujours se demander, certes, à partir d'un jugement de goût, si le goût lui-même est libre, ce qui revient à se demander de quel goût nous parlons et de quelle forme de liberté nous parlons. Si l’on considère que tous les gouts sont dans la nature alors il faudrait considérer qu’avoir du gout suffit à être libre, car tout pourrait s’exprimer, donc le gout conditionne la liberté. Si la liberté, c'est la liberté de choisir, alors le goût ne procède que d'un jugement et il est libre. En même temps, à supposer que tous les goûts soient dans la nature, alors la liberté c'est la liberté de choisir, et nous sommes renvoyés au jugement de goût. D'où vient ce sentiment de dégoût que l'on a parfois ? D'où vient cette fascination pour la laideur que l'on a parfois ? Il semble qu'il n'y ait aucune liberté dans ce qui apparait comme une forme de la nature humaine. Le pluralisme des goûts est la garantie de la liberté, mais on ne peut pas nier qu'indépendamment de la théorie du jugement très rationnelle, certes il existe une disposition naturelle à aimer ou ne pas aimer les choses en dehors du jugement, mais si l’on considère le jugement et que l’on sort des simples sensations liés au plaisir ou au déplaisir alors ma liberté détermine un choix raisonné peut être conditionné de différentes façons par la société, la culture, ma connaissance.. Dans ce cas, il y aurait une condition.</p>
<p>Examinons dans un premier temps cette liberté naturelle de dire les choses liées à cette expression tout aussi naturelle du goût qui reposerait sur le plaisir de mes sens .On a la liberté de dire les choses et le gout est construit, forgé par nature on nait avec du goût. La pluralité des goûts serait le gage de la liberté. Peut-être s'agit-il de considérer que ce goût qui est libre selon sa nature et le goût qui n'est pas libre selon la liberté que l'on a, alors le goût est inconditionnel, il ne procède pas d'influence : l'éducation, le contexte social, culture. Il exclut la liberté de choisir et repose sur une sorte d’appétit naturel. J’ai du goût ne procéderait pas d’un jugement esthétique, mais d’une disposition naturelle des sens comme si c’était lié à une forme d’instinct.
A supposer que le goût est libre, cela voudrait dire que quand je dis qu'une chose soit bonne, est agréable, force est de constater que je suis libre de choisir entre ce qui est bon, ce qui est mauvais, ce qui me plaît, ce qui ne me plaît pas. Le jugement de goût est émis comme si il n'y avait pas de condition au goût. Je sais par nature ce qui est bon ou mauvais et tout ceci est subjectif et donc vrai. Il y a ceci de particulier que quand il est émis, il ne dépend que de moi. Dans ce premier temps, où je suis libre de dire ce que je veux, être libre c'est pouvoir dire tout et son contraire. Comme si le goût était inconditionnel et la liberté inconditionnelle. C'est une forme de liberté qui ne connaît pas la contrainte. On notera quand même que dans cette apparence de liberté du goût dans le jugement, le goût est lié au plaisir et au déplaisir. Dans "j'aime" ou "je n'aime pas", dans "c'est bon" ou " c'est mauvais", on ne peut constater que le plaisir des sens, qui ne tient pas compte, comme nous l'avons dit, de l'avis des autres. C'est paradoxalement ce qui entretient la confusion entre ce qui est beau et ce qui est bon du point de vue du sens commun. Comme si l'évaluation esthétique en art pouvait se transférer à tous les objets du quotidien et c'est même revendiqué : on dit qu'une voiture est belle, que quand ça me plait je peux dire "c'est beau" ou alors que quand c'est beau je peux me dire "ça me plait". Comme s'il y avait un rapport aveugle entre le goût et la liberté. En ce sens rejoignant Hume qui ne suppose pas l’universalité de la beauté, mais ramène l’expérience esthétique à chaque individu en propre.
« La beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente. Une personne peut même percevoir de la difformité là ou une autre perçoit de la beauté. Et tout individu devrait être d’accord avec son propre sentiment ». Il y a là l’expression d’une liberté liée à la détermination du goût par nature, une expérience des sens qui peut inclure une dsipsotion pour la laideur ce qui relativise totalement le critère esthétique.( D HUME « de la norme du gout »). On pourrait d’emblée exclure ce propos par nature, mais force est de constater que l’homme à une fascination dans l’expression voire la quête artistique ou non de ses propres peurs qu’il peut mettre en scène ou contempler instinctivement. Cette composante par nature se retrouve dans toutes les formes d’art aujourd’hui où l’on cultive dans des performances les conditions limites de l’expression utilisant des productions du corps humain pour réaliser des œuvres qui font scandale. On pourrait même ajouter les émissions télévisuelles où des gens jugent des prestations artistiques de jeunes talents tout en n’en possédant moins qu’eux. Ils jugent par nature, c'est-à-dire à l’instinct et par défaut de jugement esthétique.
Donc ce qui garantit cette liberté, c'est le fait qu'il n'y a pas d'obstacle et de détermination donc pas de questions à poser par nature qui fait que le goût s'exprime. Il est libre de tout contexte, de toute éducation, de toute formation et il peut s'appliquer à tout et à tous les objets, au-delà des objets artistiques. On peut même confondre ce qui est beau et ce qui est bien dans le sens commun : "un téléphone est beau". Mais ne confondons-nous pas les gouts et le gout ? N’est-ce pas considérer que dans cet échec du jugement esthétique c’est une forme d’aliénation est promue ?
Mais paradoxalement, n'est-ce pas une illusion de croire que tout se vaut et que par nature, le goût est inconditionnel ?</p>
<p>Tout semblerait aussi nous prouver le contraire, dès lors que j'accepte de discuter "des goûts et des couleurs". On pourrait supposer que le goût n'est pas d'emblée totalement libre, parce que déjà, si l'on distingue ce qui est objectif de ce qui est subjectif, il faut nuancer comme le ferait Kant dans la Critique du jugement ce qui est beau de ce qui est bon. Dans ce cas, le goût ne nous renvoie pas à notre propre nature, mais à une faculté qui est la sensibilité laquelle est liée ensuite à la réflexion qui me rendra libre de porter un jugement. Mais le goût, contrairement à ce que nous disions avant, n'existe pas comme tel par nature, il va dépendre de la connaissance, d'un savoir, d'une éducation. On peut même mettre à part le plaisir des sens, le goût comme tel peut procéder d'une forme d'objectivité parce qu’il aura été formé par une éducation, l'éducation de mes sens.</p>
<p>Dans ce cas là, comme l'établit Kant, l'imagination et la réflexion sont dans un rapport d'égalité libre. Suis-je conditionné dans mes appréciations par mon corps, mes sens ou la culture qui ferait que ma liberté est conditionnée alors le goût de toutes les façons procède d’une éducation et il est libre, car affirme dans le jugement la liberté de choisir. On pourrait dire que l’on quitte une forme de subjectivité pour affirmer l’objectivité des critères du gout. C’est une idée qui est née au XVIIIe siècle lorsque la distinction s’opère entre le beau et le « petit gout ». Comme si on combattait l’aliénation du gout aux bas instincts. On parle de gout gâté selon Molière. On comprend dès lors que l’art doit distinguer les belles œuvres du mauvais gout. Le gout étant aliéné a une forme de pauvreté du jugement, voire lié à un sentiment de classe. Ce serait un peu l’idée contenu dans le roman naturaliste où Zola montre que le déterminisme génétique conditionne l’individu et ses travers. Supposer que le gout existe par nature et est libre semble nous lier à un état de nature qui ferait plus que le gout lié à nos sens et de l’ordre de la nature et de l’instinct. Par gout on peut aller à l’essentiel. En revanche avoir le gout des choses semble différent, car cela s’apprend. gustativement, olfactivement, sensuellement, on pourrait dire que les sens s’éduquent. Il faut éduquer le gout des petits qui souvent n’aiment pas les légumes. C’est comme si cela était une première étape, mais dans ce cas elle nous renverrait à une éducation une connaissance qui devrait nous amener à distinguer dans les jugements ce qui est bon ou mauvais, ce me plait, ce qui me déplait. A la liberté de mes gouts naturels liés à une forme d’instinct, une sorte de liberté conditionnelle, on pourrait substituer une liberté conquise d’une part à partir d’un apprentissage, le gout se forme par un apprentissage et devient le produit de la réflexion et de l’imagination pour reprendre Kant. D’ autre part le gout est le produit d’éléments extérieurs comme le contexte social ou culturel pour reprendre Passeron et Bourdieu. En ce sens, on peut supposer que le gout n’est pas de l’ordre d’une liberté naturelle, mais conquise laquelle donne les critères du gout esthétique. Dès lors, lorsque le champ de l’esthétique se constitue cela semble aller de pair avec la distinction comme nous l’avons évoqué entre le bon gout et le mauvais gout, mais surtout le classement même des beaux arts ou une hiérarchie apparait entre art mineur et arts majeurs. Distinction qui n’a pas disparu que l’on retrouve dans l’art populaire et l’art élitiste. La chanson est considérée comme un art populaire, il a fallu attendre longtemps pour voir reconnu la qualité des textes et d’interprétation de Brel, Aznavour et bien d’autres.
La question alors posée dans les arts est, qu’une œuvre ? Quel rapport avec le gout ? L’art pose un problème et doit poser un problème, c’est son rôle majeur au sens philosophique. L’artiste porte alors une liberté qui sonne parfois comme une provocation, car il interroge ce que nous sommes dans son œuvre. Les distinctions sont alors prononcées artistiquement, le génie est là et des œuvres sont dites belles et passe l’épreuve du temps. Elles sont au-delà de la liberté du gout elles semblent figées. Mais pour les comprendre est-ce,n a eu besoin d’explications. Kandinsky avec le groupe Blau Reiter écrit du spirituel dans l’art, Paul Klee et le Bauhaus écrit théorie de l’art moderne, les surréalistes rédigent un manifeste…Marcel Duchamp quand il propose à l’exposition un bidet inversé pose un problème. Les passions se déchainent, on crie au scandale ou au génie, c’est la liberté de juger qui semble triompher du bon gout ou du mauvais gout. L’art est technique et conceptuel, procède de la recherche et l’on fait école. Le gout s’éduque dans l’intention de l’artiste qui nous éloigne des sens pour proposer une réflexion.
Paradoxalement, on voit aujourd’hui un art qui revient à l’échelle de l’artiste à des formes moins techniques, aujourd’hui on retrouve à l’intérieur même des œuvres une forme d’instinct naturel mise en scène. On appelle aujourd’hui de performance qui souvent choc le public. Comme si l’art prenait les valeurs à rebours de l’instinct. L’artiste Abramovic propose des ouvrés qui mettent en cause le corps et ses productions. S’agit-il de créer ou de choquer dans ses performances ? N’aliène-t-on pas le gout quand on retourne à une forme d’instinct ? S’agit-il d’y voir une forme inaugurale et paradoxale de libération où le mauvais gout pourrait amener à une esthétique de la laideur. L’esthétique de la laideur théorisée par Rosenkranz (esthétique du laid, 1853) qui montrait que l’art permettait de montrer par exemple dans le christ en croix la laideur de ses bourreaux. Jérôme Bosch embellit les visages distordus. C’est là le propre de l’art et du génie. En même temps, on devait entrer dans ce que Rosenkranz appelle « une poétique du crime » tant les auteurs et artistes banalisent l’horreur du côté d’une fascination pour la monstruosité. On ne parle plus d’esthétique, mais de « mauvais gout » et de mépris de classe sociale. En ce sens l’esthétique du laid va libérer une approche du beau et réaffirmer le sublime comme défini par des philosophes comme Burke qui propose une sorte d’harmonie. C’est l’idée que nous avons vu reprise par Nietzche qui installe cette conception de l’art pour en faire pleinement le produit d’une activité humaine et a une fonction métaphysique, il révélerait la volonté de puissance : une puissance non à entendre comme un pouvoir, mais comme la réalisation de l’homme dans toute sa détermination, « je tiens l'art pour la tâche suprême et l'activité proprement métaphysique de cette vie. » Naissance de la tragédie. Dans l’opposition qu’il établit entre Apollon et Dyonisius, Apollon dieu de la forme et de la matière, Dionysos qui représenterait le cours de la vie et ses tribulations. Entre l’un et l’autre s’exprimerait dans un va-et-vient toutes cette conception de l’art lié à la vie qui devient une œuvre. Peut-être est-ce là la clef du paradoxe que l’on vit aujourd’hui où certains parlent d’un désœuvrement artistique, d’une perte de sens. Et si nous étions dans une autre forme de tragédie où l’art reste pris dans le contexte culturel de l’époque ? Devrions-nous postuler l’aliénation du gout dans une économie de la production de masse ? C’est la question de la finalité qui sous-tend tout le propos. Cr Rosenkranz comme Kant comme Burke, les auteurs interrogent la question des fins. Elle était une évidence dans l’art religieux du point de vue eschatologique, et on la retrouve chez Kant lorsqu’il pose la question du telos. Il y a toujours la question d’une fin dans l’œuvre qui renvoi à une fin de l’action. Distinction que nous avons vue depuis Aristote entre la praxis et la poeisis. L’acte est conforme à une fin. Ce qui préside à cette fin c’est la vertu. Nous serions libres, car le geste est libre, non guidé par un but. Alors le gout serait-il aliéné aux conditions de l’histoire et de l’aliénation de l’homme ? Privé de liberté dans la culture de masse, le gout est aliéné par l’ignorance perçue comme le manque de fins.
On aurait d’une part notre éloignement des beautés de la nature premier modèle d’harmonie et d’autre part la culture de masse urbaine dont le corollaire est la réduction de l’objet à un conditionnement du gout. C’est un peu comme si on transformait la nature de l’homme et de l’œuvre. Tout a le même gout et donc tout le monde juge avec le même critère de gout qui ne repose pas sur une sensation une mise à l’épreuve des sens, mais à une annulation du plaisir esthétique contre le plaisir organique, c’est bon parce que c’est sucré, salé.. . Un légume un fruit se vendent parce qu’ils sont beaux. C’est une lutte pour l’extension du mauvais gout. A quelles fins ?
La culture de masse (le cinéma, la radio, la presse, la télévision) rejoint le marché et donc une culture de classe ce qui ne garantit nullement le jugement de gout sauf à affirmer l’esthétisme d’un mauvais gout de classe au seul motif du pouvoir de l’argent. Ce que démontre l’école de Francfort et ensuite Bourdieu, mais aussi Passeron, c’est à Horkenheimer et Adorno, mais aussi à des auteurs, comme Chomsky qui dénoncent l’industrialisation de la culture de masse et le pouvoir de nuisance des médias. Un vide abyssal selon les auteurs qui doit installer une servitude volontaire où l’œuvre entre dans cette industrie. Adorno et Horkenheimer l’expriment ainsi : « comprendre pourquoi l’humanité, au lieu de s’engager dans des conditions vraiment humaines, dans une nouvelle forme de barbarie » ( de la Critique de la raison dialectique). On pourrait ainsi expliquer pourquoi comme l’on disait la flatterie des bas instincts est la règle, l’enfance de l’art nouveau. « Montrer à chacun qu’il y a plus malheureux qu’eux » pour asseoir la servitude volontaire. Nietzsche parle d’inversion des valeurs. Platon dans Gorgias montrait le pouvoir du Sophiste au détriment du savant. Il est étonnant de constater au risque de la remarque que l’on ne voit jamais de décor avec des livres dans les publicités. C’est toujours la question des fins contre l’immédiat, dans Fahrenheit 451 les livres disparaissent, l’ignorance triomphe. Selon Adorno chacun devient le souverain de sa propre aliénation ignorante. Le mauvais gout aliéné doit assurer le processus de la consommation. On peut chanter sans voix, sans composer, sans connaître la musique, on peut écrire sans mots…les machines relaient l’ignorance et deviennent intelligentes…elles composent, filment, dessinent…l’industrie ouvre un Nouveau Monde de l’art, il lui faut un nouvel homme, un nouvel ordre. Pour autant rien ne dit que l’art, les œuvres suivront ce chemin, car si l’on considère Basquiat, mort jeune, une carrière fulgurante, ce qui s’est imposé, c’est l’homme et l’œuvre, irréductible, inassignable, intemporelle d’emblée bien avant que la finance s’en empare. Alors on ne peut que considérer qu’à la marge où se joue l’art, les artistes resteront toujours l’expression absolue de la liberté du gout. Le bon gout commence par un silence. Bansky fait un pied de nez en détruisant par une machinerie sa propre œuvre aux enchères et la destruction fait monter l’enchère, il a tout compris, de la barbarie à l’œuvre. Il vend ensuite 60 dollars des dessins dans la rue et authentifie les œuvres. Ce qu’il sauve entre ces deux expériences, c’est le gout. La rue possède ce que la salle des ventes n’a pas. L’universalité de l’art. Le graph à l’origine est l’art de l’expression, immédiat, sensible, tous les événements traduis sur les murs raconte la vie politique.</p>
<p>Alors au risque de poursuivre indéfiniment le paradoxe, on peut supposer que la question de la liberté du gout nous a amenés à supposer que si tous les gouts sont dans la nature, le gout n’est pas nécessairement dans ma nature quand on me prive de liberté sauf à résister. De même que l’industrie culturelle met le gout sous tutelle, il n’y est plus question de liberté, mais d’une forme d’aliénation au service des sociétés de contrôle pour reprendre Michel Foucault, pour autant rien ne dit que cela à quelque chose à voir avec l’art au sens où l’art du point de vue de la finalité restera un « antidestin » selon Malraux, que la culture restera le propre de l’artiste, que l’on ne décide pas du génie, que le temps reste juge…elle permet de lutter contre l’instrumentalisation du monde. Contre l’instrumentalisation du jugement où comme nous l’avions évoqué, l’époque signe l’éclipse du savant au profit des sophistes. Aussi, peut-être résister, c’est garder un peu de temps « free time » écrit Adorno dans cet article où l’homme peut retourner au libre de jeux de ses gouts en dehors de sa propre autoconsommation.</p>PHILOSOPHIE DES SCIENCES : PROBLEME GENERALE DE LA THEORIE DE LA MATIERE . LES ENJEUX D’ UNE ALGEBRE DE L’UNIFICATIONurn:md5:17caa7b6737458e52e1de21a51d311942022-10-20T12:26:00+01:002022-10-20T11:28:02+01:00André Médouni<p>INTRODUCTION La théorie de la matière reste aujourd’hui la pierre angulaire de l’édifice de physique théorique moderne et constitue à notre sens le cœur du problème de la théorie de l’unification des quatre forces fondamentales laquelle permettrait de mettre en accord les données de l’expérience physique avec celles des résultats mathématiques à même de produire plus par les anticipations mathématiques qu’ils proposent lesquels nous forcent à admettre des hypothèses fortes quant à l’existence postulée et non vérifiés de particules. Pourquoi poser la question de la matière pour arriver à fonder les prolégomènes logiques d’une théorie de l’unification. A ce titre la matière, à la lumière de la considération ci-dessus, peut-être aussi bien le présupposé pour définir un solide dans l’éther voire l’éther lui même que celui qui préside à l’écriture des masses des particules.</p> <p>PHILOSOPHIE DES SCIENCES : PROBLEME GENERALE DE LA THEORIE DE LA MATIERE . LES ENJEUX D’ UNE ALGEBRE DE L’UNIFICATION</p>
<p>INTRODUCTION La théorie de la matière reste aujourd’hui la pierre angulaire de l’édifice de physique théorique moderne et constitue à notre sens le cœur du problème de la théorie de l’unification des quatre forces fondamentales laquelle permettrait de mettre en accord les données de l’expérience physique avec celles des résultats mathématiques à même de produire plus par les anticipations mathématiques qu’ils proposent lesquels nous forcent à admettre des hypothèses fortes quant à l’existence postulée et non vérifiés de particules. Pourquoi poser la question de la matière pour arriver à fonder les prolégomènes logiques d’une théorie de l’unification. A ce titre la matière, à la lumière de la considération ci-dessus, peut-être aussi bien le présupposé pour définir un solide dans l’éther voire l’éther lui même que celui qui préside à l’écriture des masses des particules. Or, force est de constater que la matière comme telle reste à définir dans une théorie formelle où d’un concept vide de sens nous en ferons l’élément même de la possibilité physique de l’unification des quatre forces et pour ce faire nous demanderons au lecteur avant notre démonstration, d’admettre qu’il n’existe pas comme tel de matière ou d’objets physiques qui ne satisfassent sans introduire une contradiction, une description purement mathématique de ces mêmes objets. Tel est bien la difficulté de l’unification laquelle ne tient pas aux objets en tant que tels lesquels n’ont d’ailleurs d’existence qu’au regard de la théorie qui les promeut. Dire que la physique grâce à une algèbre peut définir le champ de la réalité des objets, c’est demander à la physique d’assumer pleinement une construction théorique formelle et critique débarrasser des interprétations empiriques. Il va sans dire que cet exposé</p>
<p>Le problème que nous allons tenter d’exposer vise à démontrer que l’écriture d’une algèbre de l’unification suppose un formalisme : une écriture mathématique qui puisse assumer pleinement les conditions matérielles de l’existence d’objets physiques capables de prendre corps dans des phénomènes qui ramenés dans le champ de la science physique, exige de cette dernière qu’elle soit également dotée d’un formalisme qui puisse rendre compte des conditions d’interprétation même des phénomènes comme un acte de pure raisonnement qui peut être de type mathématique. Autrement dit, contrairement aux catégories classiques d’analyse, nous avons à poser comme préambule, comme terme propédeutique, un idéalisme originel de la matière pour la ramener à une forme d’expression relevant d’une algèbre capable de décrire la totalité des phénomènes liés tant à l’existence de ces particules qu’aux conditions de leurs mises en évidence. Le problème posé n’est certes pas simple car il suppose que nous mettions sur le même plan l’ensemble des théories physiques pour les ramener à une seule expression algébrique et pour ce faire nous allons devoir donner les conditions même de l’engendrement de ces théories ce qui revient à formaliser autant les phénomènes que les opérateurs à l’œuvre dans ces phénomènes car force est de constater que le fond du problème tient à un problème majeur d’interprétation. En effet, il nous faut admettre aujourd’hui qu’un modèle, nous appelons modèle la théorie mathématique qui préside à la mise en équation d’un phénomène, qu’un modèle donc fait se rencontrer la logique interne de l’expérience et les conditions de sa formalisation mathématiques. Or, dans l’histoire de la physique toute les étapes de sa constitution ont montré que le recours aux constructions mathématiques jusqu’à la théorie de la relativité générale ne supposait pas l’interprétation voire l’influence du modèle utilisé sur le phénomène physique, les mathématiques pouvait aliéner la physique dans un formalisme qui devait dessiner les contours d’une interprétation fonder pour notre propos et pour l’essentiel sur le calcul des masses. Or, le problème est devenu rapidement plus complexe à cette époque car dans le même temps que se constituait une physique de la matière indexée sur l’invariant de la lumière l’observateur devenait partie prenante du phénomène. Le phénomène à son tour devenait un objet mathématique : un tenseur. Ce simple exemple montre comment l’algèbre de la physique postule le formalisme même de l’observateur et de l’observation lesquels deviendront pour nous les objets mathématiques d’une même théorie. La matière en ce sens ne peut renvoyer à la physique des corps constitués observables, à des représentations solides par la pensée, mais doit être posée comme le produit de cette algèbre. C’est à notre sens le dernier renversement à opérer ce qui revient à donner les conditions formelles de cette algèbre en montrant qu’elle doit assumer d’être le produit d’une réflexion de type purement logique sur l’interprétation mathématique de la physique. Nous appellerons en ce sens logique l’ensemble des propositions qui doivent permettre de décrire la nature des objets physique mais aussi la nature des objets mathématiques. Dire qu’un solide est un ensemble de point matériel est une proposition physique, dire que la masse peut être ramené au centre de gravité c’est une proposition mathématique. Remarquons que l’un existe en apparence, le solide fait de points matériels est un objet physique, l’autre n’existe pas comme objet physique mais comme objet mathématique lequel n’a pas plus de réalité sauf à dire qu’une proposition peut correspondre à une information. Nous appellerons donc information : un objet mathématique possédant une équivalence propositionnelle physique pour un objet donné. Nous aurons donc à définir le vocabulaire que nous utilisons pour fonder le formalisme de ces théories afin de les inscrire dans ce projet d’algèbre. L’unification est à ce prix unifier la théorie de l’interprétation en physique pour constituer le champ autonome des objets mathématiques capables de décrire la matière des phénomènes. Le réquisit du langage propositionnel selon la logique même de l’interprétation doit permettre d’élaborer un formalisme capable de définir ce que Kant appelait une logique transcendantale laquelle doit permettre de redonner un sens mathématique aux différentes catégories mise en œuvre pour élaborer le modèle de cette algèbre capable de porter l’unification des quatre forces. Pourquoi postuler l’unification à partir d’une théorie de la matière ? Notre présupposé n’est pas pour autant matérialiste et loin s’en faut car de cette idée première nous souhaitons établir les fondements d’un objet physique capable d’être unifié dans son essence par l’algèbre. Ce qui signifie que les catégories mathématiques pour penser la matière doivent être conforme aux modes d’existence physique de toutes les formes de la matière. Dés lors, c’est en cheminant aux travers des théories mathématiques modernes de l’écriture de la physique que nous donnerons un sens et donc une interprétation de ces différents objets tel que proposé dans les différentes théories pour acheminer l’idée qu’une phénoménologie, c’est à dire un exposé formel des conditions de l’écriture mathématique de la physique doit permettre de rendre compte de l’essence même de la matière. Le renversement est d’importance car nous avons à concilier le formalisme logique qui structure un objet physique dans son essence mathématique. C’est en ce sens que seule une algèbre des relations peut porter le champ des objets physiques. Cette algèbre est en fait déjà contenue comme synthèse pure a priori dans les conditions de l’observation, autrement dit nous aurons à nous interroger sur l’idéalité même de la matière comme la logique intuitionniste avait postulé la pure essence des nombres. Si la notion d’observateur et d’observation s’est éclairé dans le passage de la relativité restreinte à la relativité générale ce qu’avait entrevu Poincaré, la tâche s’est obscurci et donc compliquée dés lors que les objets observateur et observation sont entrés dans des formalismes de nature différentes. Ce qui signifie que pour l’aspect le plus spectaculaire des objets produits par le calcul comme des particules ont cherché à la fois un phénomène capable de les porter, des expériences de mises en évidence de particules mais plus encore un observateur capable d’en rendre compte. Rejoignant alors le plan de la pure interprétation que seule une phénoménologie peut clairement interprétée. En effet, que dire de la matière selon l’interprétation, classique, relativiste, quantique jusqu’à la théorie des cordes. Comme suggéré, les renversements opérés dans l’interprétation phénoménologique de ces théories n’ont ils pas conduit finalement à renverser les conditions de l’observateur et de l’observation, ce qui voulait dire rompre l’idée d’un sujet observant or, jamais à ce jour il n’a été formellement posé que le lien logique entre une mesure et sa théorie et l’objet mesuré ne peut être qu’algébrique. Mais plus encore, dans ce renversement s’est opéré une opération formelle passée inaperçue qui devait conduire au dilemme moderne, les objets physiques devait devenir une représentation mathématique qui n’allait plus répondre à l’univers fût-il de la matière du point de vue microscopique ou macroscopique en clair on ne pouvait s’en sortir que par le fractionnement des interprétations au gré des modèles proposées selon des analogies de circonstances entre l’expérience et le modèle mathématique le plus adéquat à rendre compte de l’observation ce qui devait créer des points de discontinuités dans l’interprétation même des phénomènes On comprendra aisément que des théories de nature formellement différentes ne saurait être compatible entre elles sauf à postuler l’unité même des mathématique or, l’on s’aperçoit aujourd’hui que les mathématiques progressent dans ctte mise à l’épreuve par l&a physique de la matière. On comprendra aussi aisément, au moins par principe, que les concepts même utilisés doivent posséder leur propre logique de construction ce qui a pour but de rendre compatible les théorie les unes avec les autres car on peut supposer légitimement qu’elles sont compatibles à un formalisme mathématique près ce qui signifie que l’axiomatisation est nécessaire non pour les modalités des calculs mais pour déduire les objets de l’algèbre permettant cette unification des quatre forces comme synthèse pure a posteriori de cette phénoménologie. Pourquoi insister sur l’axiomatisation et son formalisme ? A notre sens, c’est l’une des conditions première de cette phénoménologie que doit garantir les objets transcendantaux de la physique ce qui signifie que nous devons tenir en même temps la nature des objets physique et la nature du raisonnement mathématique supposé dans les axiomes qui contiennent la théorie. Les axiomes sont les conditions formelles de la production d’un objet mathématique. Rien ne dit aujourd’hui que ce qui préside un raisonnement physique soit de même nature que ce qui préside un raisonnement mathématique tel est bien le cœur du dilemme inscrit dans les oppositions actuelles lequel peut-être levé par cette algèbre de l’unification.</p>
<p>La phénoménologie guidera le passage d’une théorie à l’autre pour articuler les postulats qui régissent les objets physiques au regard de l’axiomatique qui régit les modèles mathématiques à l’œuvre. C’est donc une théorie phénoménologique de la représentation qui doit donner les conditions de cette algèbre. Pour ce faire nous la fonderont sur les postulats de l’unification. La logique transcendantale ci dessus évoqué reprendra terme pour terme les catégories d’interprétation utilisées pour fonder les concepts physique. La logique en œuvre devra garantir que la théorie. Nous appellerons théorie le corps des propositions qui la compose. Une proposition est de l’ordre du raisonnement et elle se présentera sous forme d’une assertion l’ensemble des assertions constitue un objet. Ces éléments fondamentaux doivent permettre l’écriture d’une grammaire des particules laquelle sera fondée sur les règles d’écriture logique dont nous donnerons les principes et les résultats. De quelle nature est cette logique. C’est une métalogique laquelle revient à la logique des propositions. Elle a un fondement historique selon lequel la théorie de la matière fut interprété non comme l’expression mêmes des catégories de pensée de la physique mais comme une réalité qui devrait s’installer dans l’espace et dans le temps. Or, la pierre d’achoppement sera l’éloignement progressif du sol dur de la référence quant à la définition même des objets ce qui était admissible car lié à l’essence même du langage ne l’était plus pour le métalangage requis pour la physique et devait l’être encore moins pour les mathématiques telles qu’utilisées qu’elle devait être dans la physique. Il faut donc admettre ce retournement historique de situation : l’unification des quatre forces suppose que l’on détermine à nouveau la classe des objets de la physique pour établir leur correspondance avec celle des objets mathématiques. On comprendra que le dilemme est dans cette nature de l’objet son essence formelle de type métalogique car l’expression d’un tenseur suppose évidemment l’acte de pure pensée qui lie un phénomène à son expression mathématique, la réalité physique toute illusoire, ne vient qu’après même si rétrospectivement on peut affirmer une réalité de l’expérience, elle n’a de réalité que celle qu’on lui confère par, jusqu’à une époque récente un observateur dans le cadre d’un référentiel l’un et l’autre se trouvant malmenés par l’évolution rapide de la théorie moderne. Force est de constater que l’exigence d’une refondation théorique pour l’unification passe par cette mise à plat critique, des paralogismes, illusions et antinomies mais aussi parfois de l’usage abusif de principe qui devraient être ramené à de simples catégories d’interprétation.</p>
<p>C’est pour ce faire que nous exposerons dans un premier temps les fondements de cette nouvelle interprétation du point de vue logique pour ensuite démontrer dans un second temps le problème posé par ces interactions et enfin nous établirons le rôle fondamental que peut jouer cette algèbre nouvelle et en donner ses fondements.</p>Leçon 1 . La crise de l'humanité européenneurn:md5:97b681bb6890e29ac0aa78f3b799dc902022-09-29T14:39:00+01:002022-09-29T13:41:02+01:00André Médouni<p>De façon générale et générique, l’histoire de notre rationalité nous amène à croire depuis Descartes plaçant un sujet pensant au cœur de la philosophie, que le système du monde ramené à l’homme doué de raison permet d’affirmer une politique et une culture depuis ce discours inaugural des arts, des sciences et des techniques de la raison encyclopédique. Déterminant depuis lors des territoires, des régions du savoir isolées parla raison sur l’adéquation des mots et des choses, de la systématique au structuralisme, allait s'épanouir, contre le mouvement critique de la pensée, la logique des pouvoirs</p> <p>Leçon 1 (Extrait entretien culture et politique) Ecole de Boulogne
mercredi 1 juillet 2022</p>
<p>De façon générale et générique, l’histoire de notre rationalité nous amène à croire depuis Descartes plaçant un sujet pensant au cœur de la philosophie, que le système du monde ramené à l’homme doué de raison permet d’affirmer une politique et une culture depuis ce discours inaugural des arts, des sciences et des techniques de la raison encyclopédique. Déterminant depuis lors des territoires, des régions du savoir isolées parla raison sur l’adéquation des mots et des choses, de la systématique au structuralisme, allait s'épanouir, contre le mouvement critique de la pensée, la logique des pouvoirs. En effet, à l’origine, c’était aussi une pensée à l'état naissant, une pensée de l’organisation du corps social et du corps politique, en dehors des mécanismes de production sur l’appareil critique de la philosophie politique, légitimant l’essence des constructions politiques en les portant à l’actif du corps social et de sa représentation, et ce, jusqu’à la première révolution industrielle, d’où émerge l’opposition entre la société comme représentation de la culture et le social comme représentant de la politique.</p>
<p>De façon générale et générique, l’histoire de notre rationalité nous amène à croire depuis Descartes plaçant un sujet pensant au cœur de la philosophie, que le système du monde ramené à l’homme doué de raison permet d’affirmer une politique et une culture depuis ce discours inaugural des arts, des sciences et des techniques de la raison encyclopédique. Déterminant depuis lors des territoires, des régions du savoir isolées parla raison sur l’adéquation des mots et des choses, de la systématique au structuralisme, allait s'épanouir, contre le mouvement critique de la pensée, la logique des pouvoirs. En effet, à l’origine, c’était aussi une pensée à l'état naissant, une pensée de l’organisation du corps social et du corps politique, en dehors des mécanismes de production sur l’appareil critique de la philosophie politique, légitimant l’essence des constructions politiques en les portant à l’actif du corps social et de sa représentation, et ce, jusqu’à la première révolution industrielle, d’où émerge l’opposition entre la société comme représentation de la culture et le social comme représentant de la politique.</p>
<p>La politique entre alors, après la technique, dans une industrie du discours pour pro¬duire une nouvelle humanité de l’homme sur l’ambiguïté du bon sens et des opinions. “le pouvoir de ne rien dire” ; “l’âge des foules", avant la maîtrise idéologique des pseudosciences idéologiques comme la sociologie et la psychologie moderne, coupées de la rigueur thématique et de l’exercice formel de la philosophie ; “ l’âge des foules ” , métaphore de l’inhumain, allait cristalliser par le truchement d’un représentant factuel et fictif, l'opinion publique, dans le principe même de la guerre économique. La guerre devenant alors la maîtrise culturelle de l’humanité faisant de l’homme l’unité de mesure de la production. L’économie de guerre, ce moyen de contrôler et réguler l’idée de l’humanité en faisant jouer finalement le peuple contre le prolétariat. Mais là n’est pas l’essentiel de notre prop Ce qu’il en reste, c’est que la politique et l’économie, au sens de la culture, se jouent entre la mort de Dieu et la mort de l'homme, car l’énigme des sociétés ne s'est pas résolue pour autant dans la culture afin de mettre en place les procédures pour libérer la conscience. Ces morts étaient des morts logiques, figures de la philosophie, dont nombre de commentaires politiques et philosophiques n’ont pas évité l’hypostase, l’interprétation affective, alors qu’elles nous donnaient à commenter des représentations à méditer dans le champ éthico-politique de nos pratiques. Dès lors, pour occuper cette place, le recours aux arguments structurels voulait combler la perte symbolique et mettre en place procédures et stratégies de récupération, en détournant la question des fondements de la liberté et de l’éthique, dont le droit est un avatar, dans la confusion moderne de la légalité et de la moralité, sur la crise des représentations ; les systèmes de systèmes capables de s’auto-engendrer ou de s’autodéterminer. A ce titre, l’argument structurel, dépourvu d’appareil critique générique, est infondable et comprend, De même faudrait-il rappeler que par nature nous ne sommes pas des dialecticiens, non pas au sens du discours, mais du système, ce qui devrait donner les limites du dis¬cours politique, qui viserait à construire des réponses sur des analogies et des transposi¬tions abusives en termes de comparaison que ne supportent ni l’économie, ni la politique. L’économie ne produit que des contraintes mécaniques fortes dans l’analyse des systèmes comparés dont l’appareil critique est, par essence, faible sur les concepts, car elle n’en produit pas : là n’est pas son rôle, sinon à accepter de se constituer sur l’idée tant contro¬versée de système. Or, sur cette question la confusion règne, car on a largement confon¬du la systémique avec le système : là se trouve l’imposture culturelle des temps modernes, qui devait organiser méthodiquement le plan d’occupation du discours dont la figure la plus achevée est le mépris du travail. Quant à la politique, elle n’aurait nullement à entrer dans la logique des contenus, car elle a pour vocation, par l’entreprise de la communication, de les appauvrir, mais à en assurer la lisibilité, qui doit être ce qui est donné à penser pour tous, comme la garantie du projet politique en forme, au sens de la cohérence du contenu, lequel est la première représentation d’une lecture politique de l’intérêt général. La suspicion qui marque aujour¬d’hui l’idée d'intérêt général est à prendre comme la fausse revendication sophistique qui consiste à faire croire, comme Platon l’a si bien montrée, que l’opinion fausse a tou¬jours une prétention scientifique, voire politique, on n’affirme rien de mathématique quand on dit 2 + 2 = 4, il s’agit d’en supposer la démonstration pour passer du jugement à la scien¬ce.</p>
<p>De même, pour avoir confondu raisonnable et rationnel, la politique s’est mise en lieu et place de la culture pour se confondre dans le bel exercice de la mise en regard de la politique ou des politiques culturelles, ce que les mathématiciens appellent "la quadra¬ture du cercle”, et les logiciens "formule autoréférente”. C’est la confusion de l’espace social et de l’espace politique jusqu’à les achever dans l’unanimité abstraite de l’artifice et de l’illusion des communautés visionnaires, de la métrique des opinions par les sondages, contre l’espace publique réel de la citoyenneté. Cette unanimité abstraite n’est pas l’ex¬pression de la volonté libre d’un peuple. Si la technique a conduit les systèmes dans la logique de leur propre abandon, jusqu’à leur donner la possibilité d’agir dans celle de la production économique, sociale et poli¬tique, c’est dans la déconstruction progressive des réseaux d’échanges et de circulations, à l’intérieur des systèmes, qu’il faut chercher l’isolement de l’individu dans le procès de l’information à l’état naissant, avec dans le même temps l’entrée de la culture en droit. Une information univoque, confisquant la parole au profit de la communication, dénonçant l’homme au profit du spectateur, instaurant un système contre tous les systèmes, dans une logique des fonctions et du contrôle qui devait neutraliser l'espace des relations, la différence des sexes, jusqu’à achever l’aliénation de la culture dans l’économie de marché et l’industrie des savoirs, comme consommation des relations, reléguant la poli¬tique à la fonction vide. Dès lors, il faut retourner à la question des fondements pour interroger l’esprit de la culture à l’épreuve de la politique. La mesure de la contrainte donne la taille des enjeux selon l’économie de ces fonctions.</p>
<p>Et si la culture, au sens premier, n’était pas un discours, mais ce qui est assumé dans les représentations même de la démocratie, dans le procès de son engendrement contre la logique des pouvoirs et les fantômes idéologiques. La citoyenneté ne peut supposer, comme le laisse entendre certains politiques et certains intellectuels, que joue la seule performance du contrat verbal comme discours, contre le contrat social, par essence dans le lien social : la démocratie dans la culture est là, son absence commence non pas quand on confisque la parole - là est la question de la modernité —, mais quand on laisse entendre qu’il n'y a de possibilité de comprendre autrement qu’avec les mots du discours, et ce, à ceux-là mêmes qui ne parlent pas...
Par : André MEDOUNI</p>Philosophie du droit (Master) : L'intention et le problème de la responsabilitéurn:md5:3d5274a5dc37c4772b7c09247e255ddc2022-09-29T09:11:00+01:002022-10-20T11:25:37+01:00André Médouni<p>A la suite du travail de Madame LEONI : L’idée maîtresse de ce travail était de montrer comment l’émergence de l’intention comme telle s’inscrit dans une évolution de l’objet même du droit pénal. Et, nous retiendrons dans cet esprit le principe général du droit positif qui est de distinguer en l’occurrence, une partie constituée par le droit pénal prolongée en droit pénal spécial, nous allons reprendre le problème intentionnalité au regard de celui de la perte de discernement.</p> <p>L’IMPUTABILITE COMME CONDITION DE L’INTENTION</p>
<p>A la lumière des récentes affaires qui ont défrayées la chronique fût-ce par le biais de la médiatisation des victimes mais aussi, et de plus en plus, des éléments juridiques des dossiers, livrés en pâture au grand public, force est de constater que la chose judiciaire semble souvent en passe d’être requalifiée voire redéfinie dans une sorte d’exercice immédiat d’interprétation sur le sens que l’on peut donner non pas aux faits, mais à l’acte. Comme si le fait juridique ramené à l’aune de la conscience collective se ramenait pour chacun à refaire le trajet d’un acte porté par une intention souveraine et une volonté libre. L’opinion publique, paradoxalement, tranche le débat bien plus vite que l’expert ou le législateur et ce, souvent d’un point de vue moral rompant ce qui fait souvent l’essence même de la chose juridique voire de la chose jugée la distinction originelle profonde entre légalité et moralité. Or, en la matière et en l’occurrence, pour reprendre le titre de la thèse de Monsieur Husson, c’est bien sur l’inertie de cette trajectoire des transformations de la responsabilité qu’aujourd’hui nous sommes ramenés à discuter les enjeux modernes de ce que peut- être le sens à donner à l’acte dés lors que l’on considère que l’esprit contemporain soude le droit civil au droit pénal par le truchement des réquisits premier des sociétés modernes entrées dans une logique du risque et de la garantie, lesquelles sont dans l’essence du principe de précaution mais plus encore vise à promouvoir l’extension de ces garanties en demandant aux législateur d’encadrer le fait de manière qu’on puisse y déterminer l’exercice d’une volonté souveraine comme si la science du droit au travers de son objet devait être en charge de légiférer sur un sujet politique voire un sujet psychologique dont on peine aujourd’hui à cerner les contours tant le psychologisme a envahi autant les cours que les prétoires. Or, l’un des paradoxes et l’une des difficultés majeures aujourd’hui est certainement de voir que pour résoudre le dilemme entre « le mal commis et le mal subi », entre la dialectique du crime et du châtiment et celle de la faute et de la réparation, on doive s’interroger sur le sens premier de l’acte, c'est-à-dire qu’en dernière instance, c’est l’intention qui est interrogée comme critère d’évaluation de l’acte. Comme mise en perspective de l’action, l’intention serait alors la clef même de la commission non du point de vue de la chose jugée ou à juger, mais bien de ce qui promeut l’acte dans le corps des délits, et c’est bien ici que la question se démarque dés lors que nous sommes d’une part renvoyé à la typologie des crimes et délits qui en son sein contient la qualité et donc la qualification des actes pour dire que et surtout rappeler que depuis le XVIIIème siècle, l’objet de la science juridique est bien le produit de la théorie de l’enquête , c'est-à-dire le produit de la raison. D’autre part, et cet élément est non des moindre, le sujet juridique tel qu’il se pose aujourd’hui se voit ramener dans une sorte de renversement historique à être comptable de ses propres actions devant la justice encore autrement dit et c’est bien, la révolution copernicienne après l’heure du droit que d’interroger aujourd’hui la personne juridique sur les fondements de son acte, c'est-à-dire de demander à un sujet responsable s’il était porteur d’une intention ou pas, ce qui revient à chercher au cœur du droit les limites de l’agir pour reprendre Paul Ricoeur : « une herméneutique de l’action ». C’est là une grande difficulté à laquelle la justice et surtout le législateur se trouvent confronté aujourd’hui, dans la mesure où la question est inédite à plusieurs titres. En effet, si en matière de droit, l’objet s’objective dans la qualification des faits, c’est qu’il prend corps dans l’idée que s’il y a commission d’un acte délictueux, un coupable et une victime, la chose à juger existe. Or, un paradoxe et non des moindres, aujourd’hui semble signifier que l’acte ne contient pas la totalité de l’action et cela apparaît lorsque l’on réfléchit sur l’intention laquelle a repoussé les limites de la qualification des faits au-delà de la question de la responsabilité laquelle reste du côté de la chose juridique : par principe on est responsable de ses actes même si l’on prouve que l’auteur n’est pas responsable, notamment dans le cas de non imputabilité prévue par l’art. 122-1 du Code pénal, c’est là la rigueur que l’on peut trouver en matière de droit depuis que l’on peut objectivement imputer les conditions de l’acte à un auteur supposé libre et responsable ce qui supposait historiquement l’émergence de l’autonomie d’un sujet juridique. Pour autant, on comprend que l’imputabilité ne suffit à définir dans sa totalité l’acte mais qu’elle permet de savoir à qui l’on s’adresse ce qui n’est pas rien ! Car pour ce qui nous intéressera plus particulièrement dans notre propos, c’est du point de vue de l’imputabilité qui doit rester « la possibilité de répondre pénalement des conséquences de son comportement » laquelle ouvre la détermination de la responsabilité. Or, apparaît ici une grande difficulté que nous aurons à évoquer car force est de constater que si nous restons dans le champ de l’imputabilité, l’infraction commise donc imputable, ne supprime pas le fait que cette imputabilité renvoie à la commission de l’acte en tant que tel : c'est-à-dire dans sa définition pénale stricto sensu comme le propre de la personne juridique ce qui renvoie à cette sphère de la qualification mais plus encore l’imputabilité en distinguant par voie de conséquences l’agent de l’acte et repousse la recherches des fondements de cet acte dans la distinction entre le discernement et l’intention. En ce sens, le discernement comme l’intention occupe aujourd’hui une place importante en droit pénal et au travers des évolutions et réformes du code pénal montre que ce sont les enjeux même de la morale de la responsabilité qui sont de nouveau interrogés en dernière instance.
Aussi, a-t-il semblé judicieux de cerner autour des fondements du droit pénal comment la question de l’intention distinguée, semble occuper progressivement une place de plus en plus importante dans la détermination des fondements de l’acte dans la mesure où l’évolution du droit d’une manière générale mais aussi et plus particulièrement du droit pénal semble en dernière instance devoir trancher sur l’élément moral des délits et souvent en l’occurrence et parfois en l’espèce, devoir spécifier dans l’évolution des objets juridiques entre la faute caractérisée et la faute délibérée ce qui pourrait constituer le corps de l’intention. Aussi, pour clarifier notre propos avons-nous fait le choix didactique du rapport entre la pratique et la théorie dans le souci de rester au cœur du débat juridique.</p>Esthétiqueurn:md5:842c9c9c56119993ca5076c2650a37e72022-09-29T09:06:00+01:002022-09-29T08:07:41+01:00André Médouni<p>Synthèse L2 Impressionnisme</p> <p>Le XIX eme siècle est le siècle des grandes idées tant du point de vue politique que de celui
du progrès des sciences et des techniques. Dominé par les idées d’ordre et de progrès dont le
représentant est le philosophe Auguste Comte et son cours de philosophie positive,
l’impressionisme va s’inscrire dans le contexte de ces transformations sociale, technique et
politique qui vise à remettre en question les formes du passé pour promouvoir une nouvelle
vision du monde et un nouveau rapport à l’ordre établi. L’impressionisme se situe comme un
point de rupture avec un certain ordre académique de 1874 à 1886 : une volonté
d’émancipation née du scandale provoqué par le Déjeuner sur l’herbe de Manet, représentant
une femme nu dans un paysage bucolique. Le tableau est refusé au Salon de Paris ce qui
entraîne une réaction vives des peintres qui décident de créer leur propre salon : le salon des
refusés. Avec ce tableau commence l’histoire d’un mouvement dont le premier salon des
refusés se tiendra chez Nadar, un photographe venu de la peinture, où Monet présentera
« impression soleil couchant » tableau qui est en quelque sorte l’acte fondateur, d’une
nouvelle technique, d’un nouvel esprit, d’une nouvelle ouverture et ce n’est pas le fruit du
hasard si l’exposition se tient chez Nadar, car parallèlement la photographie est née,
largement promu depuis 1839 par le scientifique et député Arago qui en permis le
développement. L’œuvre des impressionnistes est marquée par le fait que les peintres quittent
l’atelier et leurs activités sont dévolues à rendre compte de la nature, des scènes champêtres,
mais aussi des scènes de la vie courante. Le paysage est au cœur de ces œuvres. Certes le
paysage existe dans l’art européen depuis le XVIème siècle, mais il va trouver une autre
interprétation avec les impressionnistes. Aussi, nous verrons dans un premier temps comment
les impressionnistes purent proposer une autre vision du monde et de la nature tant du point
de vue technique qu’esthétique, ensuite nous verrons comment les impressionismes utilisèrent
un autre progrès technique la photographie pour mieux peindre les paysages. Enfin, nous
verrons en quoi l’impressionisme a ouvert la voie à une autre forme de rapport au paysage et à
la nature.
Si l’on devait trouver un acte constitutif de l’impressionnisme il faudrait prendre un tableau
de Monet ou de Renoir qui furent les premières à utiliser cette nouvelle technique, refusés au
salon de Paris en 1867 et 1872, ils fondent avec Degas, Renoir, Pissaro, Sisley, Cézanne,... la
« société anonymes des artistes peintres et des sculpteurs en 1874 » : le journal le Gaulois titre
en 1874 : « vingt et un peintres ont conçu l’idée de former une société ». Aussi, revenonsnous sur le tableau emblématique « Impression soleil levant » , huile sur toile de 43x63,
Musée Marmottant représentant le port du Havre. Monet s’est installé à l’extérieur de l’atelier,
dans ce paysage de son enfance. C’est un tableau de paysage représentant pour une part le
soleil et le port , surplombé par un ciel azur. Les teintes sont claires, techniquement Il procède
par petites touches et s’évertuera à reproduire maintes et maintes fois le même paysage pour
trouver cette impression. Il en peindra jusqu’en 1890. Le but est de fixer un paysage, un
moment comme un instantané, comme une photographie. Tous, les impressionnistes
procéderont de la sorte pour les paysages, un regard extérieur, proche de la nature, une
utilisation différente des couleurs, une attention à la vie, mais comment cela a-t-il été
possible ?</p>
<pre>Il faut avant tout noter le progrès technique .Deux éléments importants techniques vont jouer</pre>
<p>à l’époque et permettent aux artistes de quitter l’atelier, la révolution en 1850 du tube souple
en etain de peinture, le chevalet portable et de plus le chemin de fer va permettre au peintre de
se déplacer. Il faut également noter le progrès scientifique et théorique sur la nature de la
lumière.
Certes si le paysage est une tradition picturale, qui se traduisait pas une mise en scène de
thème hellénistique ou biblique, mais aussi au XVIème siècle dans la peinture hollandaise ou
au XVIIIème où l’on trouve des tableaux restituant la nature, mais aussi la lumière car la
connaissance de la lumière progresse en science. Ainsi, les impressionnistes vont utiliser la
connaissance sur la lumière et tentent d’obtenir un rendu qui va animer ce qui parait comme
une impression. Ils vont travailler la surface et les couleurs. Ce qui permet de rendre une
lumière variable. C’est le travail de Monet quand il tente de saisir les reflets dans l’eau dans
différentes œuvres comme le « le Rocher de Belle Ile » 1886 huile sur toile( inv 907.19.191)
en utilisant de manière différente le principe de résolution des couleurs ce qui fera dire de lui
à Manet « c’est le Michel ange du reflet des eaux ». Rouge/vert, Jaune violet, bleu orange,
sont la base des couleurs complémentaires qui se fondent sur les lois physiques pour que les
touches soient pures et non produit de contraste. : Un vert : une touche de jaune déposée sur
une touche de bleu ». L’impression est un effet qui compose le tableau, l’observateur est
partie prenante de la composition. Cette découverte permet d’exclure, le noir et le brun. «
Certains comme Monet préparait leur support à base de colle de peaux et de plâtre…alors que
d’autre comme Sisley ne préparait pas leur support » Technique de peinture. Les paysages
prennent corps dans ces supports.</p>
<pre>C’est aussi ce que l’on trouve par exemple dans le tableau de Georges Seurat Seine à la</pre>
<p>grande Jatte vers 1887, huile sur toile 1887 Musée Royaux des beaux arts de Belgique. Au
premeir plan la rive et un arbre, un plan d’eau avec un baigneur et un petit voilier et en fond
l’autre rive avec une maison. Les teintes sont claires, la composition est douces et l’on perçoit
comme des reflets dans l’eau. On voit que l’impression qui fut un terme péjoratif de Louis
Leroy, un critique de l’époque, est la clef de ces œuvres qui semblent animer le paysage, là est
la nouveauté. C’est peut être encore plus flagrant dans le tableau d’Alfred Sisley, la seine à
Bougival (1876 huile sur toile), toile de vert, bleu, jaunes, tout en finesse avec toujours un
équilibre des tons où l’on saisit la lumière à partir des ombres des arbres. Une douceur de
vivre, un enfant assis prés d’une femme sûrement sa maman.
Il faut noter que cette impression dans chaque toile de profondeur est indépendante de toute
géométrie, les impressionnistes se sont inspirés des estampes japonaises de Utagawa
Hiroshige. C’est tout le paysage qui se compose dans le regard du spectateur qui devient le
point de résolution du tableau. Ils décrivent ainsi des paysages riches mais dépouillées, on
doit sentir le vent, herbe se coucher, le soleil ou la rosée. C’est « gelée blanche, ancienne
route d’Ennery , Pontoise 1873 » de Camille Pissaro. Des paysans travaillant dans un champ,
ils portent des fagaux, paysage blanc, la campagne est couverte de givre.
Pour arriver à une telle précisons du détail des paysages, des scènes, il faut noter que lorsque
le premier salon des refusés est organisé par Nadar photographe, ce n’est pas un hasard. Nadar
fut peintre et fut l’un des premiers artistes à entrevoir l’importance de la photographie. Son
expansion ne fut pas le fait des artistes à l ‘origine , mais d’Arago en 1839 et des milieux
scientifiques qui y virent une opportunité industrielle et commerciale ; ainsi la découverte de
Niepce et Daguerre avec le daguerréotype puis le progrès de la diminution du temps de pause
de trente minutes à quelques minutes, mais aussi l’appareil portable photographique permit
aux impressionnistes de changer leur méthode non de travail, mais d’avoir un support fidèle :
une photographie. On dispose de photographie ayant servesi à des peintres impressionnistes
pour effecteur leur tableau.
La plupart des impressionnistes possédaient des appareils photos selon Catherine Giulli
photographe, « Monet en avait quatre et Degas a pu manipuler l’un des premiers appareils
Kodak. On le voit avec un tableau comme celui de Caillebote 1877 « les périssoires » Un
couple où chacun est dans une barque sur un plan d’eau ombragé. On voit la photo qui servit
de base à ce travail. La photographie a changé le regard sur la nature et le cadrage. On
comprend que tout tient à la lumière et les plaques des appareils s’impressionnent sur un
support. Il ne s’agit pas d’un paysage mais pour étayer la thèse du cadrage on peut prendre
l’exemple du tableau de Degas « Après le bain » peint en 1896 et la photographie même
motif, même cadrage intitulée le bain datent de 1895.
Ainsi le regard des peintres à changer, le paysage impressionniste est sortie de l’illusion de la
copie de la nature pour travailler la matière même de la toile. La couleur est devenue par ce
pointillisme qui n’en est pas encore un, une sorte de reconstituions de la nature par l’œil du
spectateur, on n’est plus dans une copie mais dans un mouvement du tableau. Ce qui ressort
de ces œuvres, de ces paysages, c’est une sensation. Ce n’est plus une nature qui accueille une
scène biblique, antique ou grecque selon les canons classiques, mais la nouveauté si l’on peut
dire trivialement tient à une sorte de retour à la nature, mais un naturalisme bienveillant loin
des tableaux réalistes de l’époque en littérature . Peut-être était ce déjà une réponse à
l’industrie naissante et au début de l’urbanisme et des usines ? Une réponse à la révolution</p>Psychanalyse et esthétique L3urn:md5:e5cb5e57399405c58e15a8429003c2ff2022-09-29T09:01:00+01:002022-09-29T08:02:06+01:00André Médouni<p>L’œuvre que nous allons étudier est la peinture du mythe de Judith et Holopherne, œuvre d’Artemisia Gentileschi (1593-1652) nommée Judith décapitant Holopherne.</p> <p>Sciences humaines appliquées à l’art</p>
<p>L’œuvre que nous allons étudier est la peinture du mythe de Judith et Holopherne, œuvre d’Artemisia Gentileschi (1593-1652) nommée Judith décapitant Holopherne.</p>
<pre>A cette période et même plus tardivement, beaucoup de tableaux furent faits autour de ce mythe et constituent autant d’interprétations picturales du texte parmi les plus connues comme celles du Caravage, de Giulia Lama, Lucas Cranach, Giorgione, Véronèse ou encore Bernardo Cavallino.</pre>
<p>Sa composition si elle est peu éloignée de celle du Caravage, nous montre en même temps la particularité de la mise ne scène picturale, mais aussi son iconographie qui rend chaque œuvre unique et ouvre la spécificité de son interprétation. Aussi, dans une perspective de psychanalyse de l’œuvre d’art nous tenterons d’approcher l’œuvre dans une interprétation qui serait pour reprendre Paul Ricœur une approche herméneutique c’est à dire qui vise à construire une interprétation de l’œuvre au travers des éléments psychanalytiques d’une théorie de l’art .S’il y a une possibilité de lecture psychanalytique de l’œuvre ouvrant différentes interprétations, elle fut introduite par Freud dans différents ouvrages spécifiques à l’interprétation de l’œuvre d’art. En effet, Freud propose de comprendre l’œuvre au travers de l’économie psychique, c'est-à-dire d’une dynamique des trois instances, moi, ça, surmoi qui est une reprise de trilogie conscient préconscient, inconscient qu’il fonda pares la théorie des pulsions de 1920. Aussi, ce contexte de l’interprétation de l’œuvre d’art s’inscrit dans des textes comme Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen, mais aussi dans différents textes notamment sur la sculpture où l’interprétation se fonde sur la méthode analytique étendue à d’autres domaines de la culture. On parlera aussi de métapsychologie.
En ce sens, pour procéder à cette étude, il nous faut d’abord contextualiser l’œuvre car la signification, l’interprétation analytique picturale ne peut être tenue à l’écart du fondement biblique de l’histoire, car le récit est à la fois biblique, légendaire et mythique, et ce, parce qu’il appartient au corpus des textes deutérocanonique qui fait déjà problème dans l’historiographie religieuse, car ils occupent une place particulière dans le classement des textes bibliques. Dans un premier temps, force est de constater que l’histoire elle-même est une réinterprétation. L’enjeu iconographique est dans l’interprétation picturale du mythe dans la mise en scène, l’imagerie, les couleurs, les symboles…
Aussi notre première remarque a été de supposer que la scène, la disposition, les couleurs, le rôle des protagonistes, la mécanique de l’acte n’ont pas été figés par le récit précis d’un héritage historique, mais permettent plutôt de reconstituer, de contextualiser l’acte. Puis nous verrons comment le tableau porte la symbolique de cet acte et son interprétation.
Ce mythe de Judith et Holopherne extrait du livre de Judith écrit au IIe siècle av. J.-C. relate l’histoire de la jeune veuve Judith, fille de Siméon, dont sa ville natale de Béthulie, située au cœur d’Israël, se retrouve assiégée par les Assyriens, armée de Nabuchodonosor II roi de Babylone, et par un certain général nommé Holopherne. Judith décide alors, pour se venger des supplices infligés à son peuple, de se rendre dans le camp ennemi avec sa servante pour séduire et enfin profiter de la faiblesse affective d’Holopherne pour le tuer et lui trancher la tête.
Quant à Artemisia Gentileschi, peintre italienne baroque, elle représente ce mythe dans plusieurs toiles nommées Judith décapitant Holopherne. La première version de la peinture est une huile sur toile, peinte entre 1612 et 1614, de 159x126 cm conservé au musée Capodimonte à Naples. Et la deuxième version plus détaillée que la précédente, mesurant 199x162,5 cm et peinte en 1620, conservée au musée des Offices à Florence est celle que nous allons étudier.Dans cette mise en scène picturale d’Holopherne, Judith et sa servante, qui se rapproche le plus de celle du Caravage dont l’influence fut grande, la décollation, terme religieux utilisé par les chrétiens dans leurs récits synonyme de décapitation, reste le point central de l’œuvre.Au premier plan, on observe donc la tête d’Holopherne ainsi que le glaive qui lui tranche la gorge. Dans le prolongement de la lame et de la tête et par rapport à la géométrie de l’œuvre, on retrouve les bras entremêlés des trois protagonistes qui semblent, au travers d’un jeu de lignes, former un triangle dont les trois têtes seraient les trois sommets, et dont les bras et l’épée formeraient les côtés et les médianes.
Quant aux regards, ceux de Judith et de sa servante convergent vers la tête d’Holopherne tandis que le sien semble chercher celui du spectateur. Le peintre construit la convergence des regards et des gestes sur la base d’un triangle fondateur de l’acte qui aurait d’ailleurs toute une signification psychanalytique. C’est également par le jeu des couleurs que le plan avant se détache de l’arrière-plan, comme si le premier plan affirmait la vérité sur ce mythe et que l’arrière-fond pouvait encore révéler une part d’ombre. Concernant à présent l’habillement, on notera que les manches de Judith et de sa servante sont relevées, ce qui montre leur préméditation et leur détermination. Le fait que Judith ait la poitrine dégagée et les cheveux détachés nous rappelle bien qu’elle était là pour séduire le général. Quant à lui, il est dévêtu, uniquement recouvert d’une toge et d’un drap rouge et blanc. On remarque d’ailleurs le travail et l’étude des plis et des drapés. Du point de vue de l’interprétation, il faut noter d’emblée que les éléments les bibliques, picturaux pour l’iconographie de l’époque et autobiographique se superposent. On pourrait même dire qu’il y une transposition entre l’œuvre et l’artiste et à ce titre ce tableau est une clef de ce rapport. Après avoir fait l’analyse iconographique, on peut légitimement s’interroger sur l’histoire de ce rapport d’Artemisia Gentilesch à son œuvre : comme si l’œuvre portait cette autobiographie. Comme si chaque tableau réalisé sur ce thème, car elle en réalise plusieurs s’inscrivait dans une recherche, une remémoration, une tentative pour représenter l’indicible. Confirmant pas là que les mythes fondateurs restent une articulation à la vie psychique. Ainsi donc, on pourrait supposer que le motif du tableau est l’écho du crime qu’elle a subi : le meurtre est l’écho du crime, un geste répond à un geste, un acte contre un acte. La scène se jouerait à deux niveaux, d’une part le mythe porteur de l’expression biblique de la femme séductrice et vengeresse qui assassine le héros après l’avoir séduit autour même de cette idée de rapport entre virginité et castration. En effet, au matin, Judith qui avait transgressé toutes les règles religieuses, transgresse le tabou alimentaire, transgresse la dissimulation de la chevelure, assassine Holopherne après une nuit dont on ne sait si un rapport eu lieu entre eux, il n’en reste APS moins que Judith se sacrifie pour sa cause dont la mise en acte doit être la réification de ce qu’elle est. La scène se joue entre la vengeance et la dette d’honneur, entre la virginité et la castration : Judith reprend ce qu’on lui a pris.
Que cherche Artémisia dans la mise en scène ?
L’histoire d’Artemisia nous éclaire quant à ce point et à notre interprétation.En effet, après la mort de sa mère, c’est son père Orazio Gentileschi, célèbre peintre italien sous l’influence lui aussi du Caravage, qui l’élèvera et qui lui présentera par la suite l’homme qui deviendra en quelque sorte son bourreau. Cet homme c’est Agostino Tassi, peintre italien du maniérisme, il est au départ employé avec Orazio à la réalisation des fresques des voûtes du « pavillon des Roses » dans le palais Pallavicini Rospigliosi de Rome, puis comme précepteur privé d’Artemisia. Seulement elle va être violée par celui-ci alors qu’elle est encore vierge. En dépit du fait, pour protéger sa réputation, Agostino Tassi promet d’épouser Artemisia, seulement celui-ci ne tient pas sa promesse et le père de celle-ci décide alors de porter plainte contre lui devant le tribunal papal. Cependant même durant son procès, la jeune Artemisia est soumise à des violences et des humiliations de la part des jurés. Cette scène de la décapitation d’Holopherne déjà représentée par le Caravage est cette fois-ci représentée par Artemisia Gentileschi de manière beaucoup plus violente et crue. Il est à noter qu’Artemisia se prend elle-même comme modèle pour représenter Judith, c’est bien sous les traits d’Agostino Tassi qu’elle semble représenter Holopherne. Le mythe devient le véhicule, le support de l’inconscient. L’œuvre devient une transposition non plus de la scène primitive au sens de totem et tabou, mais bien une reconstitution d’un trauma : un viol qui prend corps autour du tabou de la virginité, entre le pur et l’impur. Elle semble à travers la toile et une peinture plus allégorique vouloir se venger de son précepteur, comme Judith venge son peuple. Ainsi du point de vue psychanalytique, le fait que Holopherne soit représenté par Artemisia uniquement lors de sa décapitation, ou sur d’autres toiles où l’on aperçoit uniquement sa tête découpée, et qu’elle fait presque son autoportrait dans cette représentation de ce mythe, nous renvoi au thème du tabou de la virginité, mais aussi au rapport de l’angoisse de la castration. Cette décapitation de l’homme bourreau et puissant peut donc être assimilée à une castration. Par ce geste et cette allégorie, elle retire à l’homme toute sa virilité. Ce tableau, à l’interprétation autobiographique, semble être une expression cathartique de la rage et de la colère intérieure qui anime l’artiste. C’est-à-dire qu’elle cherche à se libérer du crime qu’elle a subi. Seulement, du point de vue archaïque, le tabou de la virginité, qui peut être lié à la folie de la défloration au sens où l’on souhaite garder en soi l’objet du délit, ici le pénis, ne veut pas forcément dire qu’il soit l’unique objet du délit de défloration. Ici sur cette représentation et par rapport à la modalité libidinale phallique, en tant qu’exemple d’interprétation, c’est Judith qui représente l’emblème phallique. Le glaive représenterait le phallus et la tête d’Holopherne la zone génitale féminine dont le sang qui en coule rappellerait le sang menstruel, un indice supplémentaire de féminité et de virginité. Judith sur la toile semble gouvernée par une identité sexuelle masculine tout en gardant ce symbole de la castration envers Holopherne. C’est toute l’expression de la transposition de la pulsion de mort en pulsion de vie, car l’œuvre est salvatrice puisqu’elle constitue non une vengeance, mais un jugement a posteriori. L’œuvre est réparatrice. Paradoxalement, on peut supposer dans la mesure où le thème a été largement repris, que c’est le sens même de l’interprétation qu’interroge le mythe originel, muthos, en grec, c’est se taire, c’est le secret comme si il manquait toujours quelque chose dans l’expression. L’œuvre à ce titre devient métaphore car elle joint la possibilité pour l’artiste de dire sa propre histoire au travers d’une histoire universelle portée par le mythe. C’est peut-être ce qui restera plus dans l’interprétation moderne de Freud comme le manque. L’expression du manque serait dans cette œuvre le compromis entre le réel, le symbolique et l’imaginaire. Judith est Holopherne et Holopherne devient Judith car elle reprend ce que on lui a volé, jusqu’à perdre la tête.</p>PROLEGOMENES A LA phénoménologie DE LA THÉORIE DES OBJETSurn:md5:e63e4725b9dc9648d1373c490ac9a1532022-09-29T08:51:00+01:002022-09-29T07:54:01+01:00André Médouni<p>PROLEGOMENES A</p>
<p>LA phénoménologie DE LA THÉORIE DES OBJETS</p> <p>Le monde tel qu’il se donne semble avoir peu de sens. La première tâche que nous devrions nous assigner pourrait être d’élucider ce mystère qui inaugure toutes les formes de la réflexion moderne, mais ce serait se fourvoyer. Par ailleurs, il y a une grande difficulté à supposer que l’on puisse reformuler la question des fondements d’un point de vue critique. On pourrait penser qu’il s’agit là d’une nouvelle tentative de la philosophie de penser au mieux un nouveau système ou au moins une approche critique de la philosophie de l’histoire. Or, il n’en est rien. Et les difficultés sont nombreuses pour expliquer ce fait, car cela revient en apparence à scier la branche sur laquelle on est assis ou à quitter un train en marche. Le premier obstacle vient donc de la peur ou de la difficulté à quitter des habitudes de pensées coutumiers que l’on est de tirer des conclusions consubstantielles à la nature même des objets que nous manipulons dans la théorie de la connaissance. Il y a là une nouveauté fondamentale que l’on peut esquisser et à laquelle nous consacrerons un moment important : la clôture de l’objet. La clôture de l’objet suppose que nous fabriquons des objets de la connaissance dont la nature tient à un repli de cet objet sur lui-même que l’on établit par une logique de relations qui ne suppose pas l’objet pensable autrement qu’à partir de lui-même. L’objet s’explique par les conditions de sa propre objectivité supposée qui ne suppose pas la connaissance de cet objet c’est-à-dire les conditions de son engendrement. Autrement dit les objets de la théorie de la connaissance sont autoréférents ce qui veut dire définis comme objet pensé à partir de ces relations qui constituent une forme illusoire de la pensée qui peut être véhiculé par le discours. Il en va ainsi d’une forme de la philosophie qui s’est appauvrie de la nécessité d’une théorie de la connaissance ce qui veut dire posséder une théorie des sciences inscriptible dans une pédagogie du savoir ce à quoi elle à renoncer pour des raisons de contingences historiques liées au commerce des idées simples. C’est un peu comme si la pensée s’était effondrée sur elle-même tant la logique des objets s’est repliée sur le sujet lui-même pour redéfinir un complexe sujet-objet qui serait le cœur de la pensée. Cette question au cœur de la philosophie kantienne ne devrait pas nous faire renoncer à trouver une architectonique de la raison, car bien que les sciences progressent dans la diversité, paradoxalement, elles s’éloignent de l’unité constitutive de la pensée en prenant l’ombre pour la proie. De ce point de vue, la trame kantienne reste la première mise à l’épreuve du système de la raison et nous reviendrons sur ce qui reste de la possibilité de décrire les objets et leurs conditions de possibilité qui peut être en apparence une pierre d’achoppement de la théorie kantienne, car on pourrait croire que les connaissances scientifiques de l’espace et du temps rendent aujourd’hui caduques la possibilité de représentation des objets. Or, c’est là la tâche la plus difficile de notre entreprise qui vise à trouver une voie critique dans une théorie de la connaissance de nos connaissances, ce que l’on appelait autrefois une science de la science, pour échapper à ce qui est aujourd’hui un axiome de la clôture de la théorie des objets qui sonne comme une trahison de l’ontologie. Les objets sont ce qu’ils sont parce que comme ils sont, ils existent. Ce qui sonne comme une forme d’aberration du rationalisme, car on suppose que l’interprétation n’a pas besoin de sens. Autrement dit, on pourrait passer en revue les travers de la pensée commune dans théorie de la connaissance, on verrait qu’y cohabite les confusions de plans, les contradictions et les abus de langage ce qui constitue une déclinaison de la perversion de la notion d’objet de la science. Qu’est-ce que cela signifie? Que nous dissolvons nos propres conditions d’existences dans la satisfaction que procure l’explication hâtive et rassurante qui nous amène à produire du réel contre la réalité, des objets contre des objets, du sens comme de l’insensé et des interprétions qui n’interprètent pas, mais se joue des objets.
A cela deux raisons ; la première, contrairement à ce que nous pensons tient au fait que le monde tel que nous le posons est loin des principes fondamentaux de la raison, la deuxième, conséquence de la première, est que ce monde n’est pas construit comme nous le supposons, car ce que nous supposons ne permet pas d’en construire une représentions acceptable ou pertinente sauf à croire que réfléchir est le produit intrinsèque inhérent ces objets que nous fabriquons, c’est un peu comme si un homme obèse, doté d’un gros ventre, supposait que la marche vienne de ce ventre dans l’impossibilité qu’il est de voir ses pieds. Ainsi, sommes-nous parvenus à ce point où il semblerait que ce que nous pensions et la manière dont nous le pensons ne soient plus à même de conduire notre marche comme si cela avait été le cas d’ailleurs. Il n’y a pas lieu de s’arrêter sur les critiques contemporaines qui n’ont aucune portée philosophique, car elles ont emprunté les chemins de traverse d’une forme pervertie de la raison. Or, l’essentiel de notre propos a été durant ces années d’enseignement de reformuler les enjeux d’une théorie de la connaissance, ce qui signifiait interroger les fondements de ce que nous considérons comme une forme de l’objectivité, entendu comme notre capacité à produire des objets. Il y a d’emblée une grande difficulté à supposer ici l’existence d’objets de la connaissance alors que l’esprit de ce texte visera à construire bien avant, une ouverture d’un autre type à leur interprétation. Pour autant, et c’est là un paradoxe de l’approche commune, il y a en apparence des objets de la connaissance qui semble mieux construite localement notamment dans certains domaines de la physique théorique ou des mathématiques. Pour autant, nous montrerons qu’il ne faut pas se méprendre si certains autres objets de la connaissance semblent parfois éloignés de la science, mais en prenne la forme, cela provient d’une nécessité aujourd’hui naturelle chez l’homme de justifier une vie de l’esprit qu’il ne possède pas nécessairement, car cette vie de l’esprit n’a rien de naturel dans la construction de nos objets, on pourrait même dire que certains font abstraction de la question du sens . Autrement dit, on peut procéder pour justifier un objet à une interprétation mécanique, contraire à la raison, dénuée de fondement dont la pertinence tiendra à un habillage rationnel par une juxtaposition fragile de raisonnements peu pertinents, mais qui a l‘avantage de donner une illusoire consistance, rassurante et efficace à cet objet. Problème qui lorsqu’il est mal posé, a pris le nom de problème d’interprétation. Car il nous faut reconnaitre que l’éloignement de principes fondamentaux nous amène à nous pencher le plus couramment sur des problèmes qui n’en sont pas. C’est là une chose rassurante qui ne serait être confondu avec une prétention toute philosophique, mais force est de constater que ce n’est pas le monde qui n’a pas de sens, mais l’interprétation que nous en donnons sur des objets construit par défaut. C’est là une chose inhérente à la construction même de ce que nous appelons l’histoire des idées qui bien que nécessaire, ne correspond à aucune idée et qui a pris corps dans un certain nombre d’objets de la théorie de la connaissance. Or, il y a une limite intellectuelle à l’histoire des idées : elle ne donne pas d’idée de l’idée, car elle est d’une autre nature Ce que nous pourrions dire autrement en supposant que le lecteur admette pour l’heure que peut-être il n’y a rien dans ce qui nous est proposé sous cette forme première de ce qui serait la nature des choses. Une forme d’absurdité qui mobilise notre attention et nous détourne du bon sens. Là encore c’est un problème pédagogique : on n’apprend pas à penser d’où cette idée moderne que l’empilement des connaissances produit des objets ce qui se mesure dans la science économique ou la science du droit où l‘on ne trouve pas trace de l‘usage de la raison, mais une clôture de l‘objet qui se tient à l‘écart de la question des fondements ; on peut en l‘occurrence supposer que les critères de détermination de ces sciences n‘ont pas encore gagné le terrain de ce que l‘on appelait autrefois l‘universalité de la raison. C’est certainement pour cela que l’on souscrit à ces objets simples qui évitent de poser le problème des fins comme capable de défaire l’économie ou le droit d’un réel qui n’en est pas un. Nous reviendrons sur cette question qui doit mettre sur le même plan les sciences dans la production des objets. Aussi, faut-il s’interroger afin d’éviter les faux problèmes, c’est-à-dire la plupart des objets qui nous sont proposés en première instance et n’accepter de faire porter sa réflexion que sur des objets fondés sur une connaissance et non sur un discours. Ce qui veut dire revenir pour le moins à la construction des concepts contre les usages du discours. Le lecteur trouvera en apparence une critique radicale dans ce projet de refondation, mais tel n’est pas le cas. En revanche, il est un moyen de cimenter la connaissance en redonnant place à cette idée qu’on appelait universalité de la raison qui correspond à notre sens à une forme de la vie de l’esprit. Cela revient au point de vue de la méthode à interroger les phénomènes dans une perspective que l’on appellerait phénoménologique : qui tient à l’étude des phénomènes. Ce qui veut dire tourner le dos à la seule question du vocabulaire dans laquelle serait contenue l’idée, mais bien poser les choses par nature, ce que Kant appelait le divers pur. L’idée ne peut se réduire au seul usage du jeu des mots ou du discours et contourne la question du silence ou de ce qui est avant le langage. Le problème semble s’obscurcir dans cette présentation qui tente de poser un point de rebroussement dans la théorie de la connaissance, mais ce n’est là encore une fois qu’une apparence issue de l’impression diffuse ou de la défiance liée à la dérobade du sol dur de la référence entendue, établie, coutumière. Le point que nous devons gagner passe par le renoncement des acquis des objets qui sont autant de leurres de la réflexion construits sur l’asservissement de ces objets aux contraintes de nos représentations erronées, car nous ne nous connaissons pas et avons renoncé à ce doute fondamentale qui au-delà de la science devait ouvrir la question ultime de l’en soi qui peut-être une forme de l’être laquelle pour éviter toute confusion ne contient pas l’idée d’homme. C’est l’une des ouvertures qui présentées sous cette forme prolonge un constat critique dans l’usage d’une vacuité propre au discours quant à définir les phénomènes. C’est aussi là, le paradoxe de l’usage de la langue qui ne définit rien d’autre que la première norme ontologique qui explique pour une large part une partie de nos constructions contemporaines qui a autorisé que l’on se dispense de cette question d’une connaissance pure a priori que nous appellerons matière de l’objet. Et ceci pour deux raisons la première est que la connaissance a priori porte toujours la marque de ce que nous savons pour comprendre ce que nous ne savons pas, principes, catégories, coutumes, habitudes or si l’on suppose que les choses sont ce quelles sont, elles nous obligent à orienter la pensée vers un mode d’appréhension du réel d’une autre nature que celle que nous supposons dans une forme d’unité qui serait donnée dans les objets que nous avons construits, la deuxième corrélative à la première vient du fait que l’on a construit des objets sur des objets comme par emboîtement qui hypostasient, c’est-à-dire donne une forme substantielle qui peut prendre corps dans la réalité comme étant du réel. Aussi, pour clarifier cette recherche sur les fondements de la théorie de la connaissance serons-nous conduits à préciser les différentes formes de raisonnement qui président à la construction de ces objets. C’est un premier moment de l’exposé de cette nouvelle doctrine qui doit nous conduire à formuler une nouvelle forme du matérialisme fondé sur une approche phénoménologique ce qui signifie qu’à partir d’une théorie critique de l’unification des objets de la connaissance, on se propose d’engager la vie de l’esprit sur une idée de l’unification de la matière ce qui veut dire conjointement mettre à distance méthodiquement les objets par leur déconstruction, mais aussi, poser, à côté et non pas sur cette déconstruction, les conditions de cette unification. Ce qui veut dire en définir la nature. Pour ce faire, il y a un certain nombre de difficultés à lever et d’explication préliminaire à donner afin de clarifier le propos. Nous allons esquisser un propos plus général pour préciser notre orientation. De façon commune, on a classiquement opposé ce qui est de l’ordre de la pensée à ce qui est de l’ordre de la vie comme si la considération philosophique relevait d’un principe unificateur après coup et par défaut. Or, il n’en est rien, car il se trouve que le premier obstacle à franchir tient au fait que l’on doive supposer tenir dans le même mouvement de la pensée, l’idée qu’elle peut se poser en un système qui n’est pas celui de l’objet que l’on expose. J’entends par système, non pas ce qui opère dans la philosophie hégélienne comme le point de rassemblement possible d’une philosophie, ce qui en constitue un point de rassemblement intelligible satisfaisant, car il a rendu possible la vie de l’esprit, mais il s’est replié sur lui-même en faisant de ce système une involution de la pensée comme une composition d’elle-même à elle-même. Autrement dit, la nature des choses fait bloc contre cette approche des systèmes classiques, car ils étaient dépourvus d’une part, d’une forme d’expérience et d’autre part, toujours en prise toujours avec cette idée que le sujet pensant acquis comme produit de la rationalité n’avait pas à être expliqué, il faudra attendre Husserl et les méditations cartésiennes ainsi que Searl pour voir interroger cette question du sujet. Mais cela n’aura que peu d’effet quant à supposer qu’on puisse douter que ce sujet qui n’est pas cartésien puisse produire des objets. Il ne s’agit pas de supposer, une conscience, un système ou un sujet comme préalable à cette approche, mais au contraire de les isoler comme autant d’objets justifiant une forme en soi de la matière des objets. Il s’agit là d’un raccourci communément employé pour simplifier la construction de certains systèmes contemporains qui ne trouvent pas de pertinence au point de vue phénoménologique et qui pour parier sur le seul objet et son non-sens analytique doivent lui aménager une rationalité de façade. C’est tout le problème de fond du structuralisme qui a orienté le monde vers ces objets. C’est depuis que le monde a été livré à sa propre impossibilité par ce phénomène curieux quasiment optique d’une relation de proximité intime à cet objet de fiction jusqu’à l’aveuglement. Déjà s’éloignait une forme de rationalité de la philosophie, conquise par la création de ces objets improbables et le cortège de leurs concepts dérivés. Mais les choses ne vont pas ainsi. Nous devons considérer que ce qui nous est donné à penser relève d’un libre jeu de déterminations. Ce qui veut dire que nous devons faire nos traces hors de l’empreinte de ces objets. Ce qui équivaut à dire que pas plus que de sujets, de conscience, de système ou d’objet, il n’y a de structure qui puisse expliquer notre monde et encore moins l’interprété. Ce que nous supposons être posé là devant n’a que peu de chance d’exister sous les conditions que nous imposons c’est l’une des raisons pour lesquels nous sommes aussi vides quant à mettre en forme le réel des structures, car nous savons dans notre for intérieur que nous nous accommodons d’une forme d’ignorance de notre nature. Nous sommes dans la situation d’un joueur d’échecs qui commencerait une partie d’échecs pour la continuer en une partie de dames pour finalement quitter la partie au motif qu’il n’a jamais su jouer à un jeu quelconque…c’est un peu le point auquel nous sommes rendus et peut-être ne l’avons-nous jamais quitté, une infinie reproduction du même objet démultiplié dans ses figures qui se jouent d‘elle-même, pour elle-même, en elle-même. C’est-à-dire rien. L’objet est rassurant, la matière brute des choses est inquiétante. Pour autant, c’est de cela qu’il a toujours été question. Comment cela s’exprime ? Par la considération première que nous avons évoquée qui est l’épuisement des objets sur eux-mêmes. Seuls quelques philosophes ont été à même de considérer puis consigner la forme même de cette pensée de la matière brute et le découpage des objets par la raison auquel nous sommes parvenus. Tout était du même bloc : ce qui veut dire que la théorie est une pratique parce que l’expérience est découpée par l’esprit dans la matière et ne tient pas l’extension des objets de la raison à l’écart de la nature de cette raison. Ce qui signifie que l’on ne devrait jamais trouver plus d’extension à un objet que celle qui est contenue dans sa construction, mais faute de construction raisonnable ont a abandonné des pans entiers de la réflexion au libre jeu des interprétations intempestives dont on ne devrait pas faire grand cas au point de vue de la réflexion et bien que les conséquences soient dommageables pour l‘humanité.</p>Psychanalyse et esthétique L3urn:md5:3abef7e50c705faf4e8de3d57289e76b2022-09-29T08:38:00+01:002022-09-29T07:40:03+01:00André Médouni<p>Séminaire sur l’esthétique semestre 2 : Psychanalyse et esthétique
lundi 03 10 2022</p>
<p>Au premier semestre, il a été question de lire les grands textes de la psychanalyse et plus précisément ceux consacrés à l'esthétique.Puis ensuite en lien avec la théorie de l'interprétation, nous avons vu en quoi l'oeuvre de Lacan s’inscrivait dans une continuation de l’entreprise freudienne. Le travail du second semestre portera plus précisément sur une articulation du point de vue herméneutique de la théorie des formes d'Ernst Cassirer avec la logique du signifiant. Vous aurez à traiter autant d’œuvres picturales que d’œuvres cinématographiques. Deux cours seront consacrés à des auteurs comme David Lynch, Bunuel...</p>
<p>Le cours sera mis en ligne prochainement...</p> <p>Séminaire sur l’esthétique semestre 1 : Psychanalyse et esthétique
lundi 03 10 2022</p>
<p>Au premier semestre, il a été question de lire les grands textes de la psychanalyse et plus précisément ceux consacrés à l'esthétique.Puis ensuite en lien avec la théorie de l'interprétation, nous avons vu en quoi l'oeuvre de Lacan s’inscrivait dans une continuation de l’entreprise freudienne. Le travail du second semestre portera plus précisément sur une articulation du point de vue herméneutique de la théorie des formes d'Ernst Cassirer avec la logique du signifiant. Vous aurez à traiter autant d’œuvres picturales que d’œuvres cinématographiques. Deux cours seront consacrés à des auteurs comme David Lynch, Bunuel...</p>
<p>Le cours sera mis en ligne prochainement...</p>Séminaire L3 : Introduction à la psychanalyse La logique de l'inconscienturn:md5:67aa6bc108a3f897352379d454eaa39d2022-09-29T08:35:00+01:002022-09-29T07:37:30+01:00André Médouni<p>Année 2022-2023 : Logique et Psychanalyse Le séminaire portera sur une introduction à la logique, afin d'étudier le rapport entre la logique du discours et la structure d'un énoncé. (premier semestre) Le second semestre portera sur une approche métapsychologique du rapport logique RSI. (Réel, symbolique, imaginaire)</p> <p>La logique de l'inconscient : Philosophie et psychanalyse
mercredi 19 juillet 2017 Séminaires</p>
<p>Année 2016-2017 : Logique et Psychanalyse Le séminaire portera sur une introduction à la logique, afin d'étudier le rapport entre la logique du discours et la structure d'un énoncé. (premier semestre) Le second semestre portera sur une approche métapsychologique du rapport logique RSI. (Réel, symbolique, imaginaire)</p>
<p>LA LOGIQUE (introduction rapide)</p>
<p>La logique dans la théorie de la connaissance s’inscrit dans le parcours d’une histoire raisonnée de la science. Historiquement, elle se constitue à l’aube de la philosophie grecque et prend un caractère formel chez Aristote au IVème siècle av. J.C. Distinguée du raisonnement, au sens d’une logique de la pensée, elle est d’abord un outil par lequel on pose des jugements. Elle ne peut, d’emblée, se situer dans le champ de la science. Elle sera d’abord perçue comme le moyen de rendre compte de l’univers et de ses objets par la pensée. C’est l’idée même d’une « machine à penser » expose par R. Lulle au XIIIème siècle. Comprendre la pensée, c’est comprendre le raisonnement. Dès lors, la connaissance scientifique au XVIIème siècle relève, soit d’une logique à la manière de Descartes (1596-1650), soit d’une logique à la manière de Leibnitz (…..), la logique s’élabore comme science quant s’y instaurent des règles de calcul : fondement de la logique symbolique, encore appelée logistique. S’est instauré depuis un débat profond entre philosophes, mathématiciens et logiciens, mettant en cause toute la théorie de la connaissance.</p>
<p>1 – LA LOGIQUE CLASSIQUE</p>
<p>Le terme logo, en grec, peut signifier à la fois, le discours, le langage, mais aussi la raison (proportion-mesure). Il peut aussi bien renvoyer aux formes du discours qu’aux constructions de la pensée. La logique chez les Grecs, en tant que discipline, se présente comme une des formes du jugement (ou proposition). Elle vise à établir des règles et à étudier les relations du discours. Celles-ci peuvent représenter soit un rapport entre des choses, soit un rapport entre deux rapports de choses. Il s’agit alors de l’énoncé d’une proportion qu’il ne faut pas entendre dans un sens numérique mais comme un rapport proprement logique : A/B = C/D se lit au sens des éléments d’Euclide : A est à B ce que C est à D. Raisonner consiste à établir des relations. On distinguera la nature des relations et l’objet des relations. Si l’on a deux propositions A et B, dire que A entraîne B nous amène autant à réfléchir sur la relation entre A et B, que sur la forme de cette relation indépendamment de A et de B. La logique s’intéresse non pas à la vérité de la pensée mais aux conditions de vérité (validité) du raisonnement. D’une manière générale, la logique est l’étude des lois qui régissent le raisonnement d’après une méthode qui tente de le décrire selon les règles déterminées.</p>
<p>A- La logique : un art du raisonnement :</p>
<p>La logique n’est pas d’emblée à situer dans le champ de la science. Elle a d’abord été pensée comme un art du raisonnement. On distingue dans la logique classique, la logique des propositions et la logique des prédicats (de premier ordre et second ordre). Il y aurait en quelque sorte une logique « élémentaire » et une logique « supérieure ». « On pourrait dire que la logique des propositions est la théorie la plus générale que l’on puisse concevoir : celle d’un univers dont les éléments tenus provisoirement pour ultimes parce que non analysées, sont des faits indiqués par des propositions. La logique des prédicats serait alors la théorie plus complexe d’un univers caractérisé par l’existence d’objets (désignés par des termes), supports de propriétés et de relations (signifiées par des prédicats) (Ruyer). La logique des prédicats est une extension de la logique des propositions. Elle introduit de nouveaux éléments dans l’écriture des relations (symboles et quantificateurs) mais les règles en sont les mêmes. Par son essence, dès l’origine, la logique vise donc à rendre compte des conditions mêmes de l’existence des objets pour la pensée.</p>
<p>a)- Les origines : Il s’agit ici de rappeler les éléments fondamentaux qui constituent les règles et les principes de la logique. Ces règles et ces principes seront autant de principes de raisonnement que des critères philosophiques de l’usage de la raison. C’est notamment l’usage qu’en fera Kant dans la « Critique de la raison pure » pour construire la déduction des catégories de l’entendement. C’est dans cet esprit que la logique moderne, par rapport à la logique classique, qui étudiait le langage, établira non plus des rapports construits à l’image des règles d’une grammaire entre les objets mais des ensembles de relations entre des propositions. A l’origine, la logique classique se divise en une logique des prédicats et la logique des propositions. La première est représentée par la tradition aristotélicienne et se déploie selon des règles et des lois dont la théorie a été donnée par Aristote (384-322), d’une part dans les « premiers analytiques » où il expose la théorie du syllogisme et, d’autre part, dans les « seconds analytiques » où il élabore la théorie de la démonstration. La seconde est représentée par la logique stoïcienne, fondée par Zénon de Citium (336-265) et Chrysippe (277-204), qui reprenant la théorie du syllogisme d’Aristote en dégagent une structure du raisonnement.</p>
<p>b- Les principes : La logique énonce les principes de construction des règles du raisonnement (règles d’inférence ou de déduction) ; ils sont au nombre de trois :</p>
<p>1 – Principe d’identité : « Ce qui est, est ». Ce premier principe est important car plus large qu’il n’y paraît dans l’histoire de la logique. On peut en étendre la réflexion à des expressions comme A = A. Une proposition du type A = A est toujours vraie quelque soit A : c’est une tautologie.</p>
<p>2 – Principe de non-contradiction : « deux propositions contradictoires (p et non p) ne peuvent être simultanément vraies »</p>
<p>3 – Principe du tiers exclu : « de deux propositions contradictoires, si l’une est vraie, l’autre est fausse ».</p>
<p>Sur ces principes fondamentaux, la logique se construit et fonde l’art du raisonnement dont l’une des constructions des plus élaborées se trouve dans la théorie du syllogisme d’Aristote. Quels sont les éléments de la logique d’Aristote ?</p>
<p>c – Le raisonnement chez Aristote : Aristote distingue le raisonnement de la démonstration, en effet, dans les premiers analytiques il établit : « que si le syllogisme est une sorte de démonstration, tout syllogisme n’est pas une démonstration ». La démonstration, pour sa part, se fait à partir de principes universels selon une induction de cas particuliers. On ne peut dès lors confondre le raisonnement et la démonstration.</p>
<p>d – La théorie aristotélicienne du syllogisme : Le syllogisme est un raisonnement qui porte sur des propositions constituées par des termes (sujets et prédicats), et par la copule « être » qui met ces termes en relations. Une proposition du type : « Les hommes sont mortels », qui est considérée comme un jugement, est composée d’un sujet (les hommes), d’un prédicat (mortels) et d’une copule (sont). Un syllogisme est composé de trois propositions (deux prémisses et une conclusion) ainsi construite : « tous les animaux sont mortels ». Il y a deux prémisses formant la majeure, la mineure et leur conclusion. La définition du syllogisme selon Aristote est donc la suivante : « un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données ». Parmi tous les syllogismes, Aristote distingue les concluants (respectant les règles de la démonstration), de ceux qui ne le sont pas, les sophismes. Le sophistique, chez les Grecs (Vème s. avant J.C.) représenta un courant de pensée des sophistes dont Platon, par l’intermédiaire de Socrate, réfuta les thèses dans certains de ses dialogues (Protagoras et Gorgias). A l’art du raisonnement trompeur sophistique, où l’homme de Protagoras « est mesure de toute chose », Platon opposait l’idée d’une vérité universelle dont Aristote se fera l’écho dans sa théorie du syllogisme.</p>
<p>B – LA LOGIQUE SCOLASTIQUE – La Logique médiévale : une nouvelle réflexion sur la logique La logique scolastique au XIIIème siècle introduit une nouvelle construction appelée « la logique moderne ». On constate alors que toute proposition du type « les hommes sont mortels » contient une implication (homme implique homme mortel). L’analyse de ces relations internes au contenu des propositions s’appellent : la théorie des conséquences. Une « conséquence » : est une proposition composée d’un « antécédent » et d’un « conséquent » liés par une « implication ». Les termes contenus dans les propositions supposent donc, selon G. d’Ockham, une réflexion sur le sens des noms et des concepts : « un mot tient lieu conventionnellement de la chose qu’il signifie ». Les conséquences se fondent sur une connaissance intuitive, laissant entendre qu’une chose est inhérente à une autre. Dès lors, si l’on dit « Socrate est réellement blanc », la blancheur et Socrate sont des connaissances intuitives et la relation « Socrate est blanc » est inhérente à la blancheur de Socrate. Elle est par conséquent considérée comme universelle. De la logique scolastique émerge l’idée d’un fondement logique de la connaissance universelle, c’est une didactique : elle sert à apprendre à apprendre. On établit avec la logique scolastique que les propositions sont complexes et possèdent un contenu, qui peut lui-même se définir en termes de proposition. C’est tout l’art du raisonnement qui est en cause pour définir une approche universelle du système de la connaissance au regard de celui de la raison.</p>
<p>2 – LA LOGIQUE MODERNE :</p>
<p>Le projet aristotélicien de l’étude formelle du raisonnement accomplit avec la logique moderne un pas décisif. Celle-ci se propose, d’une part d’établir un langage (symbolique) qui par son universalité doit rendre compte de la nature même de toutes propositions et, d’autre part, de s’édifier sur ce langage selon des règles qui doivent être elles-mêmes clairement définies (formalisme). C’est toute l’essence d’un système formel qui est contenu dans ce projet dont le premier moment est dans l’idée d’une « langue universelle des calculs ».</p>
<p>A – La logique ou l’art de penser : Le nominalisme et la scolastique médiévale avaient amené à distinguer les propositions et le contenu des propositions dans la théorie des conséquences. Ce fut la première recherche sur un « art de penser » construit à partir d’une logique des relations dans les propositions. Cette construction de la logique ouvrait une nouvelle approche de la connaissance : toute connaissance devrait pouvoir s’écrire en un système logique de propositions, selon un projet que l’on trouve déjà en œuvre chez R. Lulle (1235-1315). Ce projet médiéval fut repris dans un premier temps par « la Logique de Port Royal » au XVIIème siècle, connue sous le nom de « logique d’Arnault et Nicole». Celle-ci constitue un traité de « l’art de penser » dans lequel, reprenant la théorie du syllogisme d’Aristote, on tente de décrire les raisonnements qui figurent dans les thèses et les propositions constituant les différentes sciences de l’époque. Cette logique, encore en prise avec une théorie de la connaissance et du langage, interroge la possibilité d’un contenu universel des propositions qui donnerait le sens profond et unifié de l’ensemble des connaissances, selon le rapport entre les mots et les choses.</p>
<p>Leibnitz : un projet de langue Universelle C’est à Leibnitz que l’on doit le glissement du projet vers une symbolique de l’expression. Il reprend en effet, d’une part le projet d’une combinatoire universelle (logique des relations) mais aussi celui d’un langage des calculs. On doit pouvoir écrire des propositions uniquement avec des symboles, comme l’on peut décrire la vitesse d’un corps selon un rapport de type purement mathématique. En ce sens, Leibnitz (1646-1716) est le premier à introduire l’équivalence entre les écritures suivantes : A + B correspond à A ou B, A x B correspond à A et B, les premiers connecteurs logiques sont alors établis et l’on entre dans la logique symbolique de la logique moderne.</p>
<p>B – La Logique symbolique La logique moderne consiste à établir des relations formelles entre des objets pensés et leur expression logique : elle utilise la logique pour réfléchir la logique ouvrant par là même le champ d’une recherche autonome, dès lors elle devra aliéner par ses propres méthodes des concepts de la philosophie ou des mathématiques : c’est tout le sens de la métalogique, laquelle suppose par extension le recours à une théorie (métathéorie) et à un langage (métalangage). La logique moderne, se divise, elle devient plurielle, se divise en logique des propositions, logique des classes et logique des relations. Celles-ci supposent, pour spécifier leurs objets, un langage symbolique et un formalisme. Le langage symbolique est établi dans sa forme par Euler (1707-1783), Bolzano (1781-1854) et G. Boole (1815-1864). Ce dernier introduit la notion de classes afin de fonder un rapport formel entre les objets et la pensée, une classe correspondant à une collection d’objets : c’est un calcul sur des signes algébriques qui symbolise les classes et les opérations sur des classes. La logique des classes fut reprise par C.S. Pierce (1839-1914) et E. Schröder (1841-1902)</p>
<p>- Le sens d’un projet : Décrire un objet selon la logique, en terme symbolique, devait-il permettre d’expliquer formellement au sens de la raison, à la fois l’existence et la nature de l’objet ? Si c’était le cas, alors la logique permettrait de démontrer l’essence même des mathématiques, voire de tout raisonnement. C’est une adresse ouverte par les logiciens au champ des mathématiques et de la philosophie. La logique s’enrichira d’un nouveau débat lorsqu’il s’agira de avec G. Frege (1848-1925) d’introduire sous sa forme syllogistique le calcul des propositions et de poser le rapport entre l’axiomatique (déduction formelle à partir d’axiomes considérés comme vrais) et la sémantique (étude de la signification des propositions). Il tentera d’établir le rapport entre l’arithmétique et la logique pour construire les fondements logiques de l’arithmétique. Ce problème trouvera sa solution chez K. Gödel (1906-1978) grâce à son arithmétisation de la syntaxe, mais par là même sera engendré une ligne de fracture entre deux courants, l’un dit axiomatique, l’autre dit intuitionniste.</p>
<p>3 – LOGIQUE ET MATHEMATIQUES</p>
<p>Avec les travaux de G. Frege (1848-1925), c’est le fondement logique de l’arithmétique et des mathématiques en général qui est questionné. C’est aussi le sens d’une rupture épistémologique lorsqu’il introduit sous sa forme logistique le calcul des propositions et pose la question du rapport entre l’axiomatique et la sémantique. De là naîtront un certain nombre de paradoxes et plusieurs courants de pensées. A l’origine se trouve Bertrand Russell (1872-1970) : «Principia Mathématica » (1910-1913) qui établit que les mathématiques doivent considérés comme une branche de la logique : le logicisme et le formalisme peuvent être ramenés à un nombre minimum d’axiomes et de termes. C’est à lui que l’on doit la théorie des types. Cette axiomatisation trouve son développement avec E. Zermelo (1871-1953) dont l’histoire a retenu l’axiome du choix dit le « le choix de Zermelo » (affirmant qu’étant donné un ensemble d’ensembles il existe un ensemble) ayant pour élément un représenté par Brouwer et Heyting qui remettent en question le tiers exclus et proposent un système à plusieurs valeurs de vérités.</p>
<p>1 – LA NATURE DU CALCUL</p>
<p>- Principe du calcul propositionnel Le calcul des propositions au sens moderne, sera l’art d’établir des relations entre des expressions indépendamment de leur contenu et selon un système d’axiomes qui permettra de décider de leur validité. Les notions établies précédemment de classe, de relation et de proposition deviennent des cas particuliers de la notion de prédicat. Que devient alors un calcul logique ? Dans ce débat, le calcul logique est ramené à un calcul algébrique voire arithmétique selon K. Gödel (1906-1978), sur les objets pensés ou sur les mathématiques (métamathématiques) : c’est tout l’enjeu du débat entre mathématiques et logique. Ainsi la notion de métalangage est introduite par Hilbert (1862-1943) pour parler d’un langage « qui parle des mathématiques sans en être ». La métalogique donne à la logique un instrument d’analyse d’elle-même et lui permet d’accéder à la rigueur mathématique. Les propositions sont construites indépendamment de leur contenu selon le calcul formel.</p>
<p>- Le sens des règles entre philosophie et mathématiques : Les règles d’écriture des propositions correspondent à la formulation des expressions et règles d’inférences tout en permettant la transformation des expressions au cours d’une démonstration. On se forge un outil logique permettant d’écrire un raisonnement, d’expliquer ses transformations et de distinguer deux caractères essentiels dans la conduite de ce raisonnement, sa vérité et sa démontrabilité (validité). La vérité n’étant plus une garantie logique, seule la démonstration qui pourrait se démontrer elle-même par ses fondements serait la garantie formelle de l’unité d’une théorie ou d’une pensée, fût-elle d’ordre philosophique ou mathématique. Tel semble bien être le sens d’un système axiomatique.</p>
<p>- Qu’est ce qu’un système axiomatique ? L’axiomatique consiste à établir un certain nombre de propositions pour fonder une théorie. Ces axiomes doivent être consistants « l’on ne peut y démontrer en même temps une chose et son contraire », complets « si et seulement si, quelle que soit la proposition, l’on est toujours en mesure de décider si elle est vraie ou fausse », indépendants « non déductibles les uns des autres ».</p>
<p>II – VALIDITE ET VERITE</p>
<p>- Validité : le théorème de Gödel On peut, à partir des axiomes et des règles d’inférences construire des démonstrations dont la valeur de vérité est indépendante du calcul formel : la validité d’une proposition résidera en sa démontrabilité et son caractère de vérité sera ainsi nécessairement établi. L’essence même de la vérité glisse en quelque sorte dans l’explicite de la démontrabilité et n’est plus une affirmation extérieures ou implicite à la nature du raisonnement. Les travaux de K. Gödel en 1931 ont amené philosophes et mathématiciens à réfléchir ces notions notamment, lorsqu’il établit un nouveau résultat en exhibant une proposition vraie mais non démontrable. Tout un courant se développe alors pour réfléchir la dualité : validité et vérité.</p>
<p>- Science et vérité : Partant du fait qu’il n’y a pas de progrès scientifique si l’on n’admet pas que toute théorie est provisoire, comment peut-on avoir recours à l’idée d’une vérité absolue de la théorie dès lors qu’elle est provisoire ? Il nous faut introduire l’idée, selon K. Popper, qu’il y aurait des degrés de proximité à la vérité sans connaître la vérité absolue. Selon lui, une théorie serait plus proche de la vérité qu’une autre, d’une part, elle montrerait tous les phénomènes inexpliqués par la précédente et d’autre part, elle rendrait compte de ceux-ci selon différents degrés de vérité. Cette vérité se nomme la vérisimilitude.</p>
<p>- Vérisimilitude : Une théorie présente une vérisimilitude supérieure à une autre, quand elle rend compte de la totalité des phénomènes expliquée par l’autre théorie et que de surcroît explique les phénomènes que l’autre théorie ne parvient pas à faire. D’une manière générale, le faux ne peut-être pensé comme le contraire du vrai. Il renvoie, dans la théorie de la logique, soit à l’essence même de la fonction de vérité distinguée de la validité, soit dans l’essence même du faux dans la science, c’est l’une des conditions de sa progression au sens d’une erreur rectifiée. Réfutabilité et falsifiabilité ne peuvent être confondues chez K. Popper dans l’approche critique des théories. C’est toute la difficulté de l’interprétation du raisonnement moderne comme celui du probabilisme lié à la question du déterminisme dans la physique quantique.</p>
<p>DES AXIOMES AUX PARADOXES</p>
<p>- Différents systèmes : On trouvera différents choix d’axiomes mettant en cause autant les principes fondamentaux de la logique, notamment celui du tiers exclu, que ceux de critères comme celui de la valeur de vérité par la mise en évidence de propositions ni vraies, ni fausses, Heyting établit, en ce sens, une logique à partir des travaux mathématiques de Brouwer, lesquels supposent la recherche mathématique ouverte à de nouveaux concepts (intuitionnisme) et s’opposent à l’idéalisme platonicien pour lequel les mathématiques sont la reconstitution d’une connaissance déjà acquise (réminiscence), alors que les logiques dites modales vont introduire un nouveau type de calcul à partir de nouveaux opérateurs. On passera d’une logique bivalente (deux valeurs) à des logiques plurivalentes (n valeurs). Dans ces logiques, l’on peut avoir une proposition nécessairement vraie, une proposition nécessairement fausse et une proposition « ni vraie, ni fausse ». Lukasiewicz généralisera ce principe en introduisant n valeurs entre 0 et 1.</p>
<p>- Les limites du formalisme La méthode axiomatique issue des travaux de Hilbert sur les fondements de la géométrie d’ Euclide donne un système d’axiomes complet à cette géométrie et permet de formuler le problème de la non contradiction des mathématiques : « l’axiomatique permet d’embrasser d’un seul coup toute une théorie ». Par cette application et ces résultats, « comprendre une théorie sera considérer ses principes puisqu’ils sont entièrement définis ». Ce que Hilbert établit pour la géométrie de Péano (1858-1932) le fait pour l’arithmétique. Ainsi un rapprochement pouvait être entrepris entre le formalisme logique et l’axiomatique mathématique : pourrait-on rendre compte de l’existence d’un objet par lui-même ? Dès lors, on devrait pouvoir écrire rigoureusement la consistance et la complétude d’un système formel. Il faillait, à partir de ces éléments, essayer de formaliser des problèmes multiples qui persistaient autant en mathématiques qu’en logique.</p>
<p>- Une mathématique contradictoire C’est notamment le problème posé dans « la théorie des descriptions » et dans « la théorie des types » de B. Russell (1872-1970). Dans cette dernière, il est mis en évidence des paradoxes bien connus, tel « le paradoxe du bibliothécaire » : il existe dans une bibliothèque deux types de catalogues qui s’incluent eux-mêmes dans leur liste et ceux qui ne s’y incluent pas ; si l’on veut faire le catalogue de tous les catalogues, celui-ci doit-il se mentionner lui-même ? En termes d’ensembles cela signifie : existe-t-il un ensemble de tous les ensembles ? Telle était bien la question au cœur de l’axiomatique. Reprise par Hilbert utilisant les résultats de Peano, elle amène au « théorème de Gödel », déjà évoqué sur la consistance des systèmes axiomatiques, que l’on pourrait traduire par la recherche de la limite interne de la formalisation d’un problème. Ce théorème établit que la non contradiction mathématique ne pourra jamais être établie.</p>
<p>- Pensée formelle et pensée logique L’application des systèmes formels en informatique introduit de nouveaux rapports entre la logique et les mathématiques par des nouveaux rapports entre la logique et les mathématiques par l’intermédiaire de la notion de programme. Le programme est à la fois un langage et une théorie dont on doit rendre compte par la théorie de l’information. En ce domaine, les recherches formelles ont été introduites par A.M Türing (1912-1954), lequel a donné les règles des notions d’algorithmes et de calculabilité, reprenant les résultats de K. Gödel. Toute information peut-être considérée comme une proposition et sa calculabilité se définit comme sa démontrabilité par la machine. A la suite de ces travaux, le débat moderne connaît d’autres applications et recherches avec les travaux de Gentzen (1906-1945), conciliant d’une part, le formalisme de l’Ecole de Hilbert et d’autre part, l’intuitionnisme de l’Ecole de Brouwer. L’introduction des systèmes formels avait permis d’appréhender les démonstrations pour dépasser une causalité mécaniste à la manière de la mathématique universelle de Descartes et fonder une causalité logique vérifiable à l’aide de « machine à démontrer », c’est là tout le sens des applications de la logique à la programmation informatique. C’est dans cette même perspective que la « logique floue » (logique possédant un nombre infini, continu, de valeurs de vérité) fût élaborée. Ce résultat, parfois oublié, est remis à jour par les recherches sur l’intelligence artificielle où l’on tente de formaliser les calculs que l’on peut effectuer à l’aide d’une machine (ordinateur).
Par : André MEDOUNI Mots-clés : Lacan</p>Théorie de l'enquête : Évolution de la notion de responsabilitéurn:md5:273a565b663b364cfacb884e520cfcb02022-09-29T08:32:00+01:002022-09-29T07:34:30+01:00André Médouni<p>Séminaire master Herméneutique sur la théorie de l'enquête : évolution de la notion de responsabilité</p>
<p>A la lumière des récentes affaires qui ont défrayées la chronique fût-ce par le biais de la médiatisation des victimes mais aussi, et de plus en plus, des éléments juridiques des dossiers, livrés en pâture au grand public, force est de constater que la chose judiciaire semble souvent en passe d’être requalifiée voire redéfinie dans une sorte d’exercice immédiat d’interprétation sur le sens que l’on peut donner non pas aux faits, mais à l’acte. Comme si le fait juridique, ramené à l’aune de la conscience collective, conduisait chacun à refaire le trajet d’un acte porté par une intention souveraine et une volonté libre. L’opinion publique, paradoxalement, tranche le débat bien plus vite que l’expert ou le législateur et ce, souvent d’un point de vue moral.</p>
<p>L’opinion publique, paradoxalement, tranche le débat bien plus vite que l’expert ou le législateur et ce, souvent d’un point de vue moral. Elle rompt ainsi ce qui fait souvent l’essence même de la chose juridique voire de la chose jugée soit la distinction originelle profonde entre l’égalité et moralité. Or, en la matière et en l’occurrence, pour reprendre le titre de la thèse de Monsieur Husson , c’est bien sur l’inertie de cette trajectoire des transformations de la responsabilité qu’aujourd’hui nous sommes ramenés à discuter les enjeux modernes de ce que peut- être le sens à donner à l’acte dés lors que l’on considère que l’esprit contemporain soude le droit civil au droit pénal par le truchement des réquisits premier des sociétés modernes entrées dans une logique du risque et de la garantie, lesquelles sont dans l’essence du principe de précaution mais plus encore vise à promouvoir l’extension de ces garanties en demandant aux législateur d’encadrer le fait de manière qu’on puisse y déterminer l’exercice d’une volonté souveraine comme si la science du droit au travers de son objet devait être en charge de légiférer sur un sujet politique voire un sujet psychologique dont on peine aujourd’hui à cerner les contours tant le psychologisme a envahi autant les cours que les prétoires. Or, l’un des paradoxes et l’une des difficultés majeures aujourd’hui est certainement de voir que pour résoudre le dilemme entre « le mal commis et le mal subi », entre la dialectique du crime et du châtiment et celle de la faute et de la réparation, on doive s’interroger sur le sens premier de l’acte, c’est-à-dire qu’en dernière instance, c’est l’intention qui est interrogée comme critère d’évaluation de l’acte. Comme mise en perspective de l’action, l’intention serait alors la clef même de la commission non du point de vue de la chose jugée ou à juger, mais bien de ce qui promeut l’acte dans le corps des délits, et c’est bien ici que la question se démarque dés lors que nous sommes d’une part renvoyé à la typologie des crimes et délits qui en son sein contient la qualité et donc la qualification des actes pour dire que, et surtout rappeler que depuis le XVIIIème siècle, l’objet de la science juridique est bien le produit de la théorie de l’enquête , c’est-à-dire le produit de la raison. D’autre part, et cet élément est non des moindre, le sujet juridique tel qu’il se pose aujourd’hui, se voit ramener dans une sorte de renversement historique à être comptable de ses propres actions devant la justice encore autrement dit et c’est bien, la révolution copernicienne après l’heure du droit que d’interroger aujourd’hui la personne juridique sur les fondements de son acte, c’est-à-dire de demander à un sujet responsable s’il était porteur d’une intention ou pas, ce qui revient à chercher au cœur du droit les limites de l’agir pour reprendre Paul Ricoeur : « une herméneutique de l’action » . C’est là une grande difficulté à laquelle la justice et surtout le législateur se trouvent confronté aujourd’hui, dans la mesure où la question est inédite à plusieurs titres. En effet, si en matière de droit, l’objet s’objective dans la qualification des faits, c’est qu’il prend corps dans l’idée que s’il y a commission d’un acte délictueux, un coupable et une victime, la chose à juger existe. Or, un paradoxe et non des moindres, aujourd’hui semble signifier que l’acte ne contient pas la totalité de l’action et cela apparaît lorsque l’on réfléchit sur l’intention laquelle a repoussé les limites de la qualification des faits au-delà de la question de la responsabilité laquelle reste du côté de la chose juridique : par principe on est responsable de ses actes même si l’on prouve que l’auteur n’est pas responsable, notamment dans le cas de non imputabilité prévue par l’art. 122-1 du Code pénal. C’est là la rigueur que l’on peut trouver en matière de droit depuis que l’on peut objectivement imputer les conditions de l’acte à un auteur supposé libre et responsable ce qui supposait historiquement l’émergence de l’autonomie d’un sujet juridique. Pour autant, on comprend que l’imputabilité ne suffit à définir dans sa totalité l’acte mais qu’elle permet de savoir à qui l’on s’adresse ce qui n’est pas rien ! Car pour ce qui nous intéressera plus particulièrement dans notre propos, c’est du point de vue de l’imputabilité qui doit rester « la possibilité de considérer une personne, du point de vue matériel et du point de vue moral, comme l’auteur d’une infraction. » C’est à dire de pouvoir répondre pénalement des conséquences de son comportement, laquelle ouvre la détermination de la responsabilité. Or, apparaît ici une grande difficulté que nous aurons à évoquer car force est de constater que si nous restons dans le champ de l’imputabilité, l’infraction commise donc imputable, ne supprime pas le fait que cette imputabilité renvoie à la commission de l’acte en tant que tel : c’est-à-dire dans sa définition pénale stricto sensu comme le propre de la personne juridique, ce qui renvoie à cette sphère de la qualification mais plus encore l’imputabilité en distinguant par voie de conséquences l’agent de l’acte et repousse la recherches des fondements de cet acte dans la distinction entre le discernement et l’intention. En ce sens, le discernement comme l’intention occupe aujourd’hui une place importante en droit pénal et au travers des évolutions et réformes du Code pénal montre que ce sont les enjeux même de la morale de la responsabilité qui sont de nouveau interrogés en dernière instance. Aussi, a-t-il semblé judicieux de cerner autour des fondements du droit pénal comment la question de l’intention distinguée, semble occuper progressivement une place de plus en plus importante dans la détermination des fondements de l’acte dans la mesure où l’évolution du droit d’une manière générale mais aussi et plus particulièrement du droit pénal semble en dernière instance devoir trancher sur l’élément moral des délits et souvent en l’occurrence et parfois en l’espèce, devoir spécifier dans l’évolution des objets juridiques entre la faute caractérisée et la faute délibérée ce qui pourrait constituer le corps de l’intention. Aussi, pour clarifier notre propos avons-nous fait le choix didactique du rapport entre la pratique et la théorie dans le souci de rester au cœur du débat juridique.</p> <p>Séminaire master Herméneutique sur la theorie de l'enquête : évolution de la notion de responsabilité</p>
<p>A la lumière des récentes affaires qui ont défrayées la chronique fût-ce par le biais de la médiatisation des victimes mais aussi, et de plus en plus, des éléments juridiques des dossiers, livrés en pâture au grand public, force est de constater que la chose judiciaire semble souvent en passe d’être requalifiée voire redéfinie dans une sorte d’exercice immédiat d’interprétation sur le sens que l’on peut donner non pas aux faits, mais à l’acte. Comme si le fait juridique, ramené à l’aune de la conscience collective, conduisait chacun à refaire le trajet d’un acte porté par une intention souveraine et une volonté libre. L’opinion publique, paradoxalement, tranche le débat bien plus vite que l’expert ou le législateur et ce, souvent d’un point de vue moral.</p>
<p>L’opinion publique, paradoxalement, tranche le débat bien plus vite que l’expert ou le législateur et ce, souvent d’un point de vue moral. Elle rompt ainsi ce qui fait souvent l’essence même de la chose juridique voire de la chose jugée soit la distinction originelle profonde entre l’égalité et moralité. Or, en la matière et en l’occurrence, pour reprendre le titre de la thèse de Monsieur Husson , c’est bien sur l’inertie de cette trajectoire des transformations de la responsabilité qu’aujourd’hui nous sommes ramenés à discuter les enjeux modernes de ce que peut- être le sens à donner à l’acte dés lors que l’on considère que l’esprit contemporain soude le droit civil au droit pénal par le truchement des réquisits premier des sociétés modernes entrées dans une logique du risque et de la garantie, lesquelles sont dans l’essence du principe de précaution mais plus encore vise à promouvoir l’extension de ces garanties en demandant aux législateur d’encadrer le fait de manière qu’on puisse y déterminer l’exercice d’une volonté souveraine comme si la science du droit au travers de son objet devait être en charge de légiférer sur un sujet politique voire un sujet psychologique dont on peine aujourd’hui à cerner les contours tant le psychologisme a envahi autant les cours que les prétoires. Or, l’un des paradoxes et l’une des difficultés majeures aujourd’hui est certainement de voir que pour résoudre le dilemme entre « le mal commis et le mal subi », entre la dialectique du crime et du châtiment et celle de la faute et de la réparation, on doive s’interroger sur le sens premier de l’acte, c’est-à-dire qu’en dernière instance, c’est l’intention qui est interrogée comme critère d’évaluation de l’acte. Comme mise en perspective de l’action, l’intention serait alors la clef même de la commission non du point de vue de la chose jugée ou à juger, mais bien de ce qui promeut l’acte dans le corps des délits, et c’est bien ici que la question se démarque dés lors que nous sommes d’une part renvoyé à la typologie des crimes et délits qui en son sein contient la qualité et donc la qualification des actes pour dire que, et surtout rappeler que depuis le XVIIIème siècle, l’objet de la science juridique est bien le produit de la théorie de l’enquête , c’est-à-dire le produit de la raison. D’autre part, et cet élément est non des moindre, le sujet juridique tel qu’il se pose aujourd’hui, se voit ramener dans une sorte de renversement historique à être comptable de ses propres actions devant la justice encore autrement dit et c’est bien, la révolution copernicienne après l’heure du droit que d’interroger aujourd’hui la personne juridique sur les fondements de son acte, c’est-à-dire de demander à un sujet responsable s’il était porteur d’une intention ou pas, ce qui revient à chercher au cœur du droit les limites de l’agir pour reprendre Paul Ricoeur : « une herméneutique de l’action » . C’est là une grande difficulté à laquelle la justice et surtout le législateur se trouvent confronté aujourd’hui, dans la mesure où la question est inédite à plusieurs titres. En effet, si en matière de droit, l’objet s’objective dans la qualification des faits, c’est qu’il prend corps dans l’idée que s’il y a commission d’un acte délictueux, un coupable et une victime, la chose à juger existe. Or, un paradoxe et non des moindres, aujourd’hui semble signifier que l’acte ne contient pas la totalité de l’action et cela apparaît lorsque l’on réfléchit sur l’intention laquelle a repoussé les limites de la qualification des faits au-delà de la question de la responsabilité laquelle reste du côté de la chose juridique : par principe on est responsable de ses actes même si l’on prouve que l’auteur n’est pas responsable, notamment dans le cas de non imputabilité prévue par l’art. 122-1 du Code pénal. C’est là la rigueur que l’on peut trouver en matière de droit depuis que l’on peut objectivement imputer les conditions de l’acte à un auteur supposé libre et responsable ce qui supposait historiquement l’émergence de l’autonomie d’un sujet juridique. Pour autant, on comprend que l’imputabilité ne suffit à définir dans sa totalité l’acte mais qu’elle permet de savoir à qui l’on s’adresse ce qui n’est pas rien ! Car pour ce qui nous intéressera plus particulièrement dans notre propos, c’est du point de vue de l’imputabilité qui doit rester « la possibilité de considérer une personne, du point de vue matériel et du point de vue moral, comme l’auteur d’une infraction. » C’est à dire de pouvoir répondre pénalement des conséquences de son comportement, laquelle ouvre la détermination de la responsabilité. Or, apparaît ici une grande difficulté que nous aurons à évoquer car force est de constater que si nous restons dans le champ de l’imputabilité, l’infraction commise donc imputable, ne supprime pas le fait que cette imputabilité renvoie à la commission de l’acte en tant que tel : c’est-à-dire dans sa définition pénale stricto sensu comme le propre de la personne juridique, ce qui renvoie à cette sphère de la qualification mais plus encore l’imputabilité en distinguant par voie de conséquences l’agent de l’acte et repousse la recherches des fondements de cet acte dans la distinction entre le discernement et l’intention. En ce sens, le discernement comme l’intention occupe aujourd’hui une place importante en droit pénal et au travers des évolutions et réformes du Code pénal montre que ce sont les enjeux même de la morale de la responsabilité qui sont de nouveau interrogés en dernière instance. Aussi, a-t-il semblé judicieux de cerner autour des fondements du droit pénal comment la question de l’intention distinguée, semble occuper progressivement une place de plus en plus importante dans la détermination des fondements de l’acte dans la mesure où l’évolution du droit d’une manière générale mais aussi et plus particulièrement du droit pénal semble en dernière instance devoir trancher sur l’élément moral des délits et souvent en l’occurrence et parfois en l’espèce, devoir spécifier dans l’évolution des objets juridiques entre la faute caractérisée et la faute délibérée ce qui pourrait constituer le corps de l’intention. Aussi, pour clarifier notre propos avons-nous fait le choix didactique du rapport entre la pratique et la théorie dans le souci de rester au cœur du débat juridique.</p>PIERRE BAYLE (1647-1706) ENTRE FOI ET RAISONurn:md5:a5d2a44aeb3306b684cfc360d5c9088f2022-09-05T10:10:00+01:002022-09-29T08:10:36+01:00André Médouni<p>PIERRE BAYLE
(1647-1706)
ENTRE FOI ET RAISON
Croyances et superstitions dans les « Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion de la Comète »</p> <p>PIERRE BAYLE
(1647-1706)
ENTRE FOI ET RAISON</p>
<p>Croyances et superstitions dans les « Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion de la Comète »</p>
<p>S’il y avait un constat à faire sur l’œuvre de Pierre Bayle, philosophe et écrivain français, c’est certainement qu’elle mériterait une place beaucoup plus importante qu’elle n’a dans l’histoire de la pensée classique littéraire du XVIIe siècle, mais aussi que l’on souligne la portée et l’actualité philosophiques des thèses soutenues. En ce sens, avons-nous retenu d’interroger le rapport entre foi et raison, au travers de la critique des croyances et des superstitions telles que Bayle la présente dans le texte : Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion de la Comète (deuxième édition 1683). Cette œuvre intitulée à l’origine Lettres sur la comète, parue en 1680 et rééditée en 1682, reste certainement le texte inaugural de la pensée de Pierre Bayle.</p>
<p>A l’origine, le prétexte de cette œuvre semble être le passage d’une comète en 1680, dont on disait qu’il augurait de grands malheurs pour les populations ou que, pour le moins, il était le présage, le signe d’un grand péril à venir. Bayle s’empare donc à cette occasion du phénomène et de ses interprétations par les savants, les docteurs, les rois et les gens de cour, mais aussi les « gens impressionnés » pour en faire une critique raisonnée et dénoncer d’une part, les croyances et superstitions comme des dérives du bon sens, mais aussi d'autre part interroger d’un point de vue exégétique la pertinence de telle croyance en des phénomènes comme l’astrologie voire le recours aux miracles comme fondement de la foi. Le texte est ambitieux, courageux, pertinent, engagé et difficile, mais il bénéficie à sa publication d’un très bon accueil. C’est quelques années après sa publication, neuf années exactement après, que les mêmes voueront l’auteur et l’ouvrage aux gémonies dans un contexte de crises politiques et religieuses. Ce revirement de l’opinion s’explique d’une part, par l’enjeu théologique de l’œuvre et d’autre part, par le contexte politique du règne de Louis XIV, le plus long de l’histoire de France, et son rapport difficile au clergé. Aussi, cette oeuvre de réflexion et de tolérance prend véritablement corps au cœur du XVIIe siècle en proie aux plus terribles affrontements entre catholiques et protestants. Nous sommes au moment où, à partir de 1681, pour donner satisfaction au clergé et à ses alliés européens, Louis XIV durcit sa position à l’égard des protestants jusqu’à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Édit qui, promulgué sous Henri IV, avait jusqu’alors assuré une concorde religieuse entre catholiques et protestants en donnant la liberté de culte à l’Église réformée dont le représentant en France fut Jean Calvin. Bayle, élevé dans une famille protestante suit avec intérêt les enjeux de ce débat et prend parti. Ainsi, au moment de la Révocation, en 1669, il abjure et se convertit au catholicisme pour dix-huit mois après, pour à nouveau abjurer et revenir dans le giron de l’Église réformée. Il devient alors relaps (celui qui a renié sa foi) et comme tous les relaps, il sera condamné, privé de ses biens et contraint au bannissement, il devient « réfugié », s’installe à Rotterdam et enseigne à l’École Illustre. Condamné par ses propres pairs en la personne de Jurieu, son ancien professeur, il devra défendre ce texte face à l’opinion.</p>
<p>Alors, pourquoi présenter ce texte qui est l’œuvre d’un jeune professeur de philosophie s’interrogeant sur l’interprétation que l’on fit des évènements suite aux passage d’une comète ? Certainement parce que nous sommes en ces années 1680, à un moment charnière de l’histoire des idées philosophiques et religieuses du XVIIe siècle. Pierre Bayle sera l’un des esprits critiques les plus brillants de l’époque, car d’un côté, il est l’héritier de la tradition classique comme tous les humanistes et prend place dans le débat rationaliste avec Malebranche ou Descartes dont il a étudié les œuvres et, d’un autre, il apparaîtra comme un précurseur du « Siècle des Lumières » par la place qu’il donnera à la raison : une place dans une théologie rationnelle dont on retrouvera l’inspiration dans le fidéisme voltairien. Pour autant, on ne peut réduire Bayle à une tradition plutôt qu’à une autre, on l’a dit athée, pyrrhonien, sceptique… tant le propos est critique et nourri d’une tradition exégétique biblique qui ouvre sur une leçon de tolérance et de réflexion quant à l’essence de la religion. Au détour de cette longue lettre philosophique, représentative de l’humanisme par son érudition, Bayle nous confronte à la question de la croyance collective profane au regard du sacré des miracles, de la Révélation de la foi individuelle.</p>
<p>Aussi, est-ce dans ce contexte politique et religieux très complexe qu’il convient d’interpréter son texte, car jamais il ne renie sa foi bien qu’on l’ait accusé d’athéisme, mais, au contraire, il prend le parti d’interroger la foi selon la raison poursuivant une réflexion théologique sur un usage de la superstition dans le champ de la religion. Pour ce faire, dans la plus pure tradition rationaliste, Bayle prend appui sur le corpus des textes scientifiques de l’époque pour fonder une réfutation en règle sur le caractère déraisonnable de ces croyances profanes (astrologie, arts divinatoires) mais aussi de certaines connaissances sacrées (Eucharistie, mystère de la Trinité, miracles). Ce que combat Bayle d’abord et avant tout, est situé dans la première partie du texte, la piété populaire fondée sur ces rites et superstitions qui sont la source d’une crédulité aveugle et d’un dévoiement de la raison. Une sorte d’« abêtissement » au sens pascalien du terme vouant l’homme à l’obscurantisme. Il s’appuie sur le passage de cette comète pour montrer à quel point les gens ont recours à « la pensée magique » pour interpréter ce qu’il considère surnaturel comme le signe d’un présage terrestre. Aussi, Bayle invoque-t-il immédiatement un mésusage de la raison dans une telle interprétation des signes de la nature : « Que les présages des comètes ne sont appuyés d'aucunes bonne raison » (Paragraphe 3). Le ton est donné et l’ouvrage devient un exercice rhétorique argumentatif, exemples contre exemples, arguments contre arguments, faits contre faits, traditions contre traditions, il traque avec minutie, pourfend par l’érudition dans tous les domaines de la vie religieuse ces manquements au principe de raison dont il déclare qu’il constitue finalement les fondements de l’idolâtrie religieuse voire d’une forme d’obscurantisme jusqu’à écrire que si « les comètes étaient un présage de malheurs, Dieu auroit fait des miracles pour confirmer l’idolâtrie du monde » (Paragraphe 57, septième raison, tirée de la théologie). Sur quoi se fonde Bayle pour dénoncer la croyance au nom de la raison ?
Il y a là à notre sens deux arguments pour répondre à la question : l’un épistémologique et l’autre théologique. En effet, d’une part, il suit l’esprit du rationalisme scientifique cartésien (Mathésis Universalis) et prend appui sur les rapports que l’on peut établir par la science entre l’observation et l’interprétation des phénomènes, en se gardant de déroger aux règles logiques du raisonnement tout en se méfiant de « la tromperie de nos sens » dans l’étude des phénomènes. D’autre part, il n’exclut pas que la théologie naturelle puisse « cohabiter » avec une théologie rationnelle : ce qui signifie que Dieu est connaissable par la raison qui n’exclut pas l’idée d’une révélation de la foi. L’argument épistémologique, nous amène à considérer le grand bouleversement introduit par la Galilée lorsqu’initiateur de l’expérience dans les sciences de la nature (étude de la chute libre d’une bille d’acier depuis la tour de Pise), il montre qu’astronomiquement ce n’est pas le soleil qui tourne autour de la terre, mais la terre qui tourne autour du soleil : passage historique du géocentrisme à l’héliocentrisme. Par voie de conséquence on considère que l’homme n’occupe plus une place majeure dans l’univers et quelques années après, Descartes affirmera que le bon sens est la chose la mieux partagée du monde posant l’universalité d’un être doué de raison capable d’agir selon des principes et capable d’établir un ordre de la nature selon cette même raison. Aussi, si Bayle connaît parfaitement l’œuvre de Descartes, il prend aussi appui sur ses interlocuteurs et ne manque pas de citer Malebranche qui dans la doctrine de l’occasionnalisme interroge le fait que Dieu peut être cause de mouvement dans la nature mais aussi de celui des âmes : « c’est à l’occasion que les choses se produisent ». Mais si tel est le cas, l’homme doué de raison peut-il poser un ordre et une finalité de la nature au détriment d’un plan divin qui serait l’expression de la volonté de Dieu ? Cette Nature n’est-elle pas d’abord l’expression d’une libre volonté divine ? Ne devrions-nous pas considérer le problème des fins de l’homme et de la nature ? Or, tel est bien la question posée par Bayle : qu'est-ce qui peut être corrompu dans la raison pour que l’esprit souscrive à de telles croyances ? Si l’on s’était contenté d’une analyse qui relève d’un simple examen de conscience, on aurait pu conclure du point de vue théologique à une perversion de l’esprit par quelque démon, mais Bayle ne s’en tient pas là. Il suppose que ce sont les enseignements qui pourraient être corrompus et donc source de la corruption des esprits ce qui rendrait « les personnes crédules » et dévotes. Pour Bayle, c’est le culte et donc certains contenus des enseignements religieux catholiques qui ne sont pas conformes au principe de raison et il s’engage dans une démonstration où étape par étape, il pose et réfute un à un les arguments en comparant les croyances profanes des athées polythéistes aux croyances sacrées de l’église (mystère, Immaculée Conception, rites, culte des images…).
Notons au passage que du point de vue littéraire la méthode argumentative de la Lettre ne peut que retenir l’attention. Le raisonnement est dans la tradition aristotélicienne dont la figure est le syllogisme que l’on retrouvera dans La Logique ou l'art de penser , publié pour la première fois en 1662 de Nicole et Arnaud, texte qui marquera la théorie de la connaissance du XVIIe siècle, mais aussi du XVIIIe siècle quant à l’étude des signes linguistiques, mais aussi des signes religieux (Eucharisties, Trinité). Ce qui confère aux « Pensées sur la comète » de forme épistolaire, une trame argumentative efficace avec des prémisses et une conclusion. On peut aussi noter que les dialogues du texte semblent emprunt des éléments de la logique médiévale où l’on trouve une tradition de l’argumentation connue sous le nom de disputationnes et refutationnes, qui permirent au auteur comme Guillaume d’Occam d’établir les prémices logiques de l’argumentation dont la méthode est retenue dans la tradition philosophique sous le nom trivial de « rasoir d’Occam ». C’est certainement là quelques éléments de structuration du texte qui permirent à Bayle de cheminer selon ce principe de rationalité pour poursuivre son analyse au plus proche de l’exégèse biblique. Car l’idolâtrie n’est pas le simple fait du commun des mortels, mais elle s’est glissée tout autant dans l’athéisme que dans la tradition du culte chrétien. On comprend alors que si l’argument est à des fins didactiques, la comparaison à des fins théologiques ne pouvait aller de soi et ne pouvait que susciter de vives polémiques. S’il cite les rites profanes ou les oracles invoqués par Horace et Cicéron, s’il décrit toutes les mancies, chiromancie, géomancie, auxquelles pouvait croire Eusébe, Plotin (par 80), c’est pour mieux démontrer leurs similitudes avec les rites religieux catholiques, prouver qu’ils sont dans l’erreur et fonder sur une perception fausse de l’essence de la nature des choses. Il montre également que les hommes doctes ou hommes de savoirs ne sont pas épargnés par ces superstitions qui ouvrent sur les arts divinatoires emplissant, selon Bayle, le monde de superstitions. C’est alors qu’il change de plan d’analyse pour se consacrer à la nature exégétique des doctrines du point de vue de la raison et montrer comment la corruption de la raison semble utile aux hommes de pouvoirs. La superstition tient ses fondements dans des conceptions erronées de la matière, dans une confusion des causes et des effets, des causes avec les effets, mais plus encore la doctrine est trop éloignée d’une forme naturelle de la raison. La raison reste l’art du raisonnement, de la déduction pertinente et non la possibilité d’une interprétation au motif de l’action obscure de signes cachés sur les hommes et la nature qui permettrait à quelques puissants de les tenir en dévotion. C’est en ce sens que les comètes ne peuvent être produites par des miracles et les miracles ne devraient pas infléchir les comportements des hommes au même motif qu’il y aurait des commandements secrets divins qui pourraient amener, parfois, à faire des choses condamnables, mais qui dispenserait l’homme du moindre remords, car elles seraient dans l’ordre de ces choses divines secrètes et mystérieuses. Allant plus loin dans cette recherche de l’essence de l’interprétation de ces signes, volonté de Dieu, il en dénonce, par exemple, l’utilisation politique dans la volonté de conquête de la France en Europe (Paragraphe 246), mais aussi, la possibilité donnée à chaque homme de justifier ses erreurs par des causes externes, une sorte de fatum (destin) inexorable. Progressant dans sa démonstration, il convoque l’argument théologique au regard de la raison démontrant que l’une et l’autre n’en sont pas contradictoires excepté pour les obscurantistes, les devins et les magiciens. La théologie n’est-elle pas un logos (discours, raison) sur theos (Dieu) ? Pour Bayle, il s’agit de retrouver le chemin d’une théologie naturelle en proposant cette théorie de l’interprétation critique de l’idolâtrie. Sur ce point, au-delà de la construction difficile du texte au point de vue littéraire, il tente de clarifier le rapport entre ce qu’il nomme « la lumière naturelle » (l’homme éclairé par nature) et les fondements de la religion naturelle (un ordre divin de la nature) dans lesquels allant beaucoup plus loin, il tente de fonder les conditions d’une morale rationnelle débarrassée de toute croyance profane. Chaque terme de la lettre fait intervenir une multiplicité d’interlocuteurs, de doctrines théologiques, d’écoles de philosophie qu’il soumet à la question pour les amener au point de leur propre contradiction, car il conserve un horizon rationnel et pose la question de la finalité de l’interprétation des présages. A quoi servent ces interprétations ? A qui servent ces interprétations ? Le débat s’est infléchi, il pose la question des fins tant du point de vue téléologique (les fins du point de vue de la nature) et du point de vue eschatologique (les fins du point de vue religieux). Rappelons au passage que la lettre est précisément une réponse à un docteur de la Sorbonne, afin de clarifier le sens que l’on peut donner à l’interprétation de ces présages qu’il entend comme autant de superstition au cœur même des fondements de la religion : c’est donc aussi les hommes de savoirs qu’il vise. Ces erreurs ne seraient-elles pas la source de ce que Kant appellera plus tard le mal radical ? Or, pour Bayle la question est de savoir si en invoquant les causes extérieures à notre nature, une forme d’irresponsabilité théologique ne naît pas, car alors l’homme serait indéfiniment conduit au mal par ces mêmes causes. Il n’est que de voir comment les hommes s’entretuent au nom de la religion nous dit Bayle. : (Paragraphe 132 Que les idolâtres ont surpassé les athées dans les crimes de lèse-majesté divines).
Ce qui est donc visé par ce texte est finalement la nature de l’homme et son « éclairement naturel » qui seraient contrariés par ces fausses sciences et ce recours aux miracles. Mais ne nous y trompons pas, Bayle posera les mêmes questions à l’endroit des protestants, car catholiques romains et protestants, de la même façon, récusent la raison au motif qu’il y a des choses inconnaissables dans la nature divine, mais aussi, il les renvoie dos à dos quant à l’usage et la justification théologique de la violence armée pour les conversions. On retrouve sur ce point précis l’affrontement manichéen entre le Prince des ténèbres et le Prince des lumières cher aux augustiniens ainsi que cette question du mal sur Terre, incarné par les « deux cités » dans la Cité de Dieu, selon St Augustin.</p>
<p>Entre foi et raison, Bayle ne reprend-il pas le débat ouvert par ces augustiniens pour lesquels « croire, c’est savoir et savoir c’est croire ». Si l’on évoque St Augustin, évêque d’Hippone, c’est certainement parce que dans ce que l’on appelle la doctrine de l’Illumination, il est le premier à avoir posé le fait que l’usage de la raison était essentiel pour asseoir le dogme catholique, mais aussi convaincre les gentils (en latin Gentiles, de l’hébreu Gohim).E.Gilson, commentateur français de Descartes le considère d’ailleurs comme un précurseur de Descartes. Bayle voulait accorder les lumières de la philosophie avec les lumières de la conscience, de la même façon St Augustin introduit l’idée que la raison reste le moyen de guider la conscience individuelle. Car c’est bien la préoccupation de Bayle dans le dernier tiers de ces pensées où il s’interroge sur les vicissitudes de l’âme humaine, en terme moderne nous dirions une forme de la conscience humaine. C’est à cette conscience individuelle que l’un et l’autre s’adressent pour déterminer la foi. Cette conscience individuelle s’enracine dans cette théologie naturelle qui fournit la matrice de toutes interprétations des Ecritures et permet à l’homme de choisir entre le Bien et le Mal. Le rapprochement sur des éléments doctrinaux avec St Augustin ne peut se faire sans mentionner la pierre d’achoppement de la conversion des infidèles et des athées, car Bayle ne se reconnaît pas dans l’interprétation augustinienne du « Fais les entrer » qui pour Augustin supposait la possibilité de la conversion par la force. Pour autant, Bayle reste en prise avec cette idée de la lumière naturelle qui est d’essence divine et seul capable de construire une compréhension des Ecritures et donc des signes sur l’idée d’une volonté libre.</p>
<p>Bayle reste au terme de l’œuvre un auteur complexe, car pétrit de doute. Certains l’on dit pyrrhonien, car il pratiquait la suspension du jugement pour mieux poser les principes… Ainsi, conclut-il dans ces pensées sur la comète, le 11 octobre 1668, au docteur de la Sorbonne que « les comètes sont des corps aussi anciens que le monde… sont déterminé à passer de temps en temps… sur quoi l’on peut consulter messieurs l’Académie royale des Sciences. Qu’au reste, leur passage dans notre monde n’est d'aucune conséquence ni en bien, ni en mal, non plus que le passage d’un indien en Europe. » (Page 513, conclusion). Cette conclusion pleine de bon sens, emprunte de rationalisme, ne sera pas démentie par la suite de l’œuvre.</p>
<pre>Il poursuivra un effort de réflexion publiant , durant ses différentes périodes d’exil, parfois sous des noms d’emprunt où anonymement pour critiquer la Réforme depuis Londres par exemple, et l’on s’interroge encore aujourd’hui sur le sens de certains textes. Pour autant, ceci ne fait qu’ajouter à notre sens, dans cette période trouble, la difficulté qu’il y avait à vouloir concilier la foi et la raison contre toutes les formes de croyances qui pourraient «déposer » les peuples dans les mains de magiciens ou de devins utilisant la religion comme le moyen d’affaiblir la raison et l’esprit de discernement. C’était là autant une critique de l’usage des pouvoirs dans la politique comme dans la religion qui pouvait préparer en quelque sorte les esprits à une interprétation magique de la nature et ses manifestations. Le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ont toujours été partis liés ; a fortiori pour le XVIIe siècle français quand Louis XIV devint monarque de droit divin. L’œuvre de Bayle, fut saluée pour partie au XVIIIe siècle notamment par Voltaire, mais peu d’auteurs eurent le courage de poursuivre une telle réflexion critique, attaquée de toutes parts qu’il fut. C’est une œuvre dont la leçon reste d’actualité quant au retour des croyances de toutes sortes, sacrées ou profanes, mais aussi qui pourraient tout autant nous amener à conserver du discernement dans ce qui devient « une religion de la science » sans que l’on sache trop réellement de quoi l’on parle. Si l’on pouvait conclure par cette anecdote…Il y a quelques mois à la faculté de la Sorbonne, une astrologue française a soutenu une thèse de Doctorat, pour défendre les fondements rationalistes de l’astrologie…elle fut admise et devint Docteur !</pre>