Le XIX eme siècle est le siècle des grandes idées tant du point de vue politique que de celui du progrès des sciences et des techniques. Dominé par les idées d’ordre et de progrès dont le représentant est le philosophe Auguste Comte et son cours de philosophie positive, l’impressionisme va s’inscrire dans le contexte de ces transformations sociale, technique et politique qui vise à remettre en question les formes du passé pour promouvoir une nouvelle vision du monde et un nouveau rapport à l’ordre établi. L’impressionisme se situe comme un point de rupture avec un certain ordre académique de 1874 à 1886 : une volonté d’émancipation née du scandale provoqué par le Déjeuner sur l’herbe de Manet, représentant une femme nu dans un paysage bucolique. Le tableau est refusé au Salon de Paris ce qui entraîne une réaction vives des peintres qui décident de créer leur propre salon : le salon des refusés. Avec ce tableau commence l’histoire d’un mouvement dont le premier salon des refusés se tiendra chez Nadar, un photographe venu de la peinture, où Monet présentera « impression soleil couchant » tableau qui est en quelque sorte l’acte fondateur, d’une nouvelle technique, d’un nouvel esprit, d’une nouvelle ouverture et ce n’est pas le fruit du hasard si l’exposition se tient chez Nadar, car parallèlement la photographie est née, largement promu depuis 1839 par le scientifique et député Arago qui en permis le développement. L’œuvre des impressionnistes est marquée par le fait que les peintres quittent l’atelier et leurs activités sont dévolues à rendre compte de la nature, des scènes champêtres, mais aussi des scènes de la vie courante. Le paysage est au cœur de ces œuvres. Certes le paysage existe dans l’art européen depuis le XVIème siècle, mais il va trouver une autre interprétation avec les impressionnistes. Aussi, nous verrons dans un premier temps comment les impressionnistes purent proposer une autre vision du monde et de la nature tant du point de vue technique qu’esthétique, ensuite nous verrons comment les impressionismes utilisèrent un autre progrès technique la photographie pour mieux peindre les paysages. Enfin, nous verrons en quoi l’impressionisme a ouvert la voie à une autre forme de rapport au paysage et à la nature. Si l’on devait trouver un acte constitutif de l’impressionnisme il faudrait prendre un tableau de Monet ou de Renoir qui furent les premières à utiliser cette nouvelle technique, refusés au salon de Paris en 1867 et 1872, ils fondent avec Degas, Renoir, Pissaro, Sisley, Cézanne,... la « société anonymes des artistes peintres et des sculpteurs en 1874 » : le journal le Gaulois titre en 1874 : « vingt et un peintres ont conçu l’idée de former une société ». Aussi, revenonsnous sur le tableau emblématique « Impression soleil levant » , huile sur toile de 43x63, Musée Marmottant représentant le port du Havre. Monet s’est installé à l’extérieur de l’atelier, dans ce paysage de son enfance. C’est un tableau de paysage représentant pour une part le soleil et le port , surplombé par un ciel azur. Les teintes sont claires, techniquement Il procède par petites touches et s’évertuera à reproduire maintes et maintes fois le même paysage pour trouver cette impression. Il en peindra jusqu’en 1890. Le but est de fixer un paysage, un moment comme un instantané, comme une photographie. Tous, les impressionnistes procéderont de la sorte pour les paysages, un regard extérieur, proche de la nature, une utilisation différente des couleurs, une attention à la vie, mais comment cela a-t-il été possible ?

Il faut avant tout noter le progrès technique .Deux éléments importants techniques vont jouer

à l’époque et permettent aux artistes de quitter l’atelier, la révolution en 1850 du tube souple en etain de peinture, le chevalet portable et de plus le chemin de fer va permettre au peintre de se déplacer. Il faut également noter le progrès scientifique et théorique sur la nature de la lumière. Certes si le paysage est une tradition picturale, qui se traduisait pas une mise en scène de thème hellénistique ou biblique, mais aussi au XVIème siècle dans la peinture hollandaise ou au XVIIIème où l’on trouve des tableaux restituant la nature, mais aussi la lumière car la connaissance de la lumière progresse en science. Ainsi, les impressionnistes vont utiliser la connaissance sur la lumière et tentent d’obtenir un rendu qui va animer ce qui parait comme une impression. Ils vont travailler la surface et les couleurs. Ce qui permet de rendre une lumière variable. C’est le travail de Monet quand il tente de saisir les reflets dans l’eau dans différentes œuvres comme le « le Rocher de Belle Ile » 1886 huile sur toile( inv 907.19.191) en utilisant de manière différente le principe de résolution des couleurs ce qui fera dire de lui à Manet « c’est le Michel ange du reflet des eaux ». Rouge/vert, Jaune violet, bleu orange, sont la base des couleurs complémentaires qui se fondent sur les lois physiques pour que les touches soient pures et non produit de contraste. : Un vert : une touche de jaune déposée sur une touche de bleu ». L’impression est un effet qui compose le tableau, l’observateur est partie prenante de la composition. Cette découverte permet d’exclure, le noir et le brun. « Certains comme Monet préparait leur support à base de colle de peaux et de plâtre…alors que d’autre comme Sisley ne préparait pas leur support » Technique de peinture. Les paysages prennent corps dans ces supports.

C’est aussi ce que l’on trouve par exemple dans le tableau de Georges Seurat Seine à la

grande Jatte vers 1887, huile sur toile 1887 Musée Royaux des beaux arts de Belgique. Au premeir plan la rive et un arbre, un plan d’eau avec un baigneur et un petit voilier et en fond l’autre rive avec une maison. Les teintes sont claires, la composition est douces et l’on perçoit comme des reflets dans l’eau. On voit que l’impression qui fut un terme péjoratif de Louis Leroy, un critique de l’époque, est la clef de ces œuvres qui semblent animer le paysage, là est la nouveauté. C’est peut être encore plus flagrant dans le tableau d’Alfred Sisley, la seine à Bougival (1876 huile sur toile), toile de vert, bleu, jaunes, tout en finesse avec toujours un équilibre des tons où l’on saisit la lumière à partir des ombres des arbres. Une douceur de vivre, un enfant assis prés d’une femme sûrement sa maman. Il faut noter que cette impression dans chaque toile de profondeur est indépendante de toute géométrie, les impressionnistes se sont inspirés des estampes japonaises de Utagawa Hiroshige. C’est tout le paysage qui se compose dans le regard du spectateur qui devient le point de résolution du tableau. Ils décrivent ainsi des paysages riches mais dépouillées, on doit sentir le vent, herbe se coucher, le soleil ou la rosée. C’est « gelée blanche, ancienne route d’Ennery , Pontoise 1873 » de Camille Pissaro. Des paysans travaillant dans un champ, ils portent des fagaux, paysage blanc, la campagne est couverte de givre. Pour arriver à une telle précisons du détail des paysages, des scènes, il faut noter que lorsque le premier salon des refusés est organisé par Nadar photographe, ce n’est pas un hasard. Nadar fut peintre et fut l’un des premiers artistes à entrevoir l’importance de la photographie. Son expansion ne fut pas le fait des artistes à l ‘origine , mais d’Arago en 1839 et des milieux scientifiques qui y virent une opportunité industrielle et commerciale ; ainsi la découverte de Niepce et Daguerre avec le daguerréotype puis le progrès de la diminution du temps de pause de trente minutes à quelques minutes, mais aussi l’appareil portable photographique permit aux impressionnistes de changer leur méthode non de travail, mais d’avoir un support fidèle : une photographie. On dispose de photographie ayant servesi à des peintres impressionnistes pour effecteur leur tableau. La plupart des impressionnistes possédaient des appareils photos selon Catherine Giulli photographe, « Monet en avait quatre et Degas a pu manipuler l’un des premiers appareils Kodak. On le voit avec un tableau comme celui de Caillebote 1877 « les périssoires » Un couple où chacun est dans une barque sur un plan d’eau ombragé. On voit la photo qui servit de base à ce travail. La photographie a changé le regard sur la nature et le cadrage. On comprend que tout tient à la lumière et les plaques des appareils s’impressionnent sur un support. Il ne s’agit pas d’un paysage mais pour étayer la thèse du cadrage on peut prendre l’exemple du tableau de Degas « Après le bain » peint en 1896 et la photographie même motif, même cadrage intitulée le bain datent de 1895. Ainsi le regard des peintres à changer, le paysage impressionniste est sortie de l’illusion de la copie de la nature pour travailler la matière même de la toile. La couleur est devenue par ce pointillisme qui n’en est pas encore un, une sorte de reconstituions de la nature par l’œil du spectateur, on n’est plus dans une copie mais dans un mouvement du tableau. Ce qui ressort de ces œuvres, de ces paysages, c’est une sensation. Ce n’est plus une nature qui accueille une scène biblique, antique ou grecque selon les canons classiques, mais la nouveauté si l’on peut dire trivialement tient à une sorte de retour à la nature, mais un naturalisme bienveillant loin des tableaux réalistes de l’époque en littérature . Peut-être était ce déjà une réponse à l’industrie naissante et au début de l’urbanisme et des usines ? Une réponse à la révolution